Nous venons d'entrer dans une nouvelle année. Tous les chemins qui vont la traverser, de l'Orient à l'Occident, seront autant d'invitations à prendre la route, ce qui inévitablement suppose une ouverture à l'inattendu et la soif d'aller toujours plus loin quelque soit le chemin à parcourir. Pour nous croyants n'est-ce pas être de ces bienheureux pèlerins qui marchent vers une étoile qui luit, avec pour bagages : l'or, l'encens et la myrrhe ? Dans les Églises orientales, cette fête a une signification bien plus importante que dans notre Église romaine, on l'appelle la Théophanie, manifestation de Dieu au monde. Fête encore plus importante que Noël dans les traditions orientales ; Fête de la Lumière qui vient briser les ténèbres pour reconnaître dans l'imperceptible et l'infiniment petit, les signes du Dieu qui vient… mais où est Dieu aujourd'hui dans cette désolation, cet abîme vécu par les populations de Palestine, ton pays Jésus ?
Ce texte me laisse entrevoir déjà 3 chemins à emprunter :
1) Sortir, prendre la route, se déplacer
2) Rencontrer, accueillir, découvrir, être présent.
3) Repartir par un autre chemin pour aller vers les autres donner et recevoir
Sortir, prendre la route, se déplacer malgré les tragédies, la haine, la violence, les guerres, les prisons, les catastrophes naturelles... car une lumière d'espérance se lève sur notre terre, et pour nous cette lumière a un non : JESUS. En cette Épiphanie Il nous dit peut-être que « l'impossible devient possible », que des gestes d'ouverture peuvent redonner espoir et confiance à tous ceux qui souffrent d'injustice !!
Comme ces hommes, les mages dont on ne sait pas grand chose, ont-ils même exister?, ne craignons pas de nous laisser déplacer dans nos certitudes. L'acceptons-nous ou ne sommes-nous pas, certaines fois, comme Hérode, prisonnier de nos propres représentations ? Lui a peur de la lumière, il a peur de cette naissance qui met au jour un autre monde auquel il ne comprend rien. Les mages, eux nous invitent à sortir, à partir, à quitter nos petites habitudes, à nous laisser bousculer, déranger dans nos projets, notre confort et train train quotidien mais aussi à trouver d'autres chemins...
Rencontrer, accueillir, être présent , sommes-nous prêts à prendre le risque de la rencontre, à accueillir comme les mages, Celui qui a choisi de s'enfouir dans notre humanité (c'est le symbole fort de la petite goutte d'eau versée par le diacre dans le calice à l'offertoire)
Oui nous sommes appelés à partager la divinité de Celui qui a pris notre humanité, dans la fragilité d'un nouveau né, et qui peut changer nos vies ; nous conduire au don de nous-mêmes, au partage, à la solidarité, dans tout ce que nous avons de meilleur. C'est ce que nous allons certainement faire en partageant la galette des rois en famille, entre amis et il y en aura sans doute plusieurs... de bons moments de rencontre, de convivialité mais ne faut-il pas y voir la dimension universelle de Noël, l'ouverture au monde entier de cette joyeuse nouvelle sans frontières. Tous les hommes, toutes les nations... les païens y sont associés (2ème lecture) . A travers cet enfant, ce n'est pas la domination d'un peuple sur les autres qui est manifesté, c'est l'avènement d'un règne de justice et de paix. Et il s'agit d'associer à la joie de Noël tous ceux qui pourraient s'en sentir exclus. Être présent à l'autre, même différent, n'est-ce pas lever les yeux vers une étoile qui brille toujours dans la nuit et illumine le monde et nous pourrions en citer bien des exemples d'engagement dans ce qui se passe dans nos quartiers, nos villes, notre paroisse...
Et pour cela il nous faut Repartir par un autre chemin, aller vers les autres...
Quand l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de grandir jusqu’à la colère, l’Évangile de justice et de partage est attendu
Quand se multiplient les humiliations, les haines et les conflits d’intérêts…l’Évangile de la tolérance, de la réconciliation et du pardon est attendu.
Mais on ne se rapproche pas de l’Enfant de Bethléem sans rencontrer les bergers et les mages, c’est à dire les humbles, les petits, les étrangers. Ils sont l’humanité de Dieu.
Tous ceux qui cherchent et rencontrent le Christ sont voués à un autre chemin, arrachés à leur passé, aux chemins habituels, à la routine. L’autre chemin ouvert par Jésus est toujours nouveau… même s’il ne se comprend pas immédiatement ; Il est bien là comme le sont les étoiles que nous ne voyons pas !!
Puissions-nous repartir en cette année 2025 par un autre chemin !! « le chemin des chercheurs de Dieu dans nos vies », c’est le vœu que nous pouvons nous souhaiter.
« Plus important encore que d'ajouter une année à notre vie, c'est d'ajouter de la vie à notre année »
[Comme pour les mages, cette étoile nous dit que Dieu nous donne des signes qui nous appellent et nous guident vers LUI à travers les événements, les rencontres, les activités… Allons-nous reconnaître les étoiles que Dieu fait apparaître… ces points de lumière sur fond d’obscurité ?]
Qu’allons-nous lui offrir ? Saurons-nous lui offrir le meilleur des présents : ÊTRE PRÉSENT aux événements, aux autres et au monde... ?
Avec le pain et le vin que nous allons offrir, apportons à « Celui qui prend notre humanité » : l’or de nos cœurs, l’encens de notre prière, la myrrhe de nos vies.
Seigneur fais que je te voie, fais que je te cherche, fais que je te suive ; Tu es là présent parmi nous, Tu demeures à mes côtés.
François CORBINEAU, diacre permanent
5 janvier 2025