Ap 11, .19a; 12, 1-6a.10ab ; Psaume 44 (45) ; 1 Co 15, 20-27a ; Lc 1, 39-56
Aujourd’hui, fête de l’Assomption, la liturgie de l’Église catholique est centrée sur Marie, sur sa foi qui est l’accueil inconditionnel de Dieu dans sa vie, sur sa maternité miraculeuse et sur son entrée dans la gloire éternelle de Dieu. Comme Jésus son fils, Marie a traversé la mort et vit désormais pour toujours dans la résurrection. Nous sommes invités à entrer dans sa foi... à la suivre dans son passage de cette terre à la vie de Dieu en son Fils Jésus. Pour exprimer la profondeur de ce mystère, la Parole que Dieu nous adresse prend trois formes littéraires bien différentes : la vision grandiose d’une femme surprenante, une catéchèse théologique sur la mission de Jésus et le récit d’une rencontre entre deux cousines enceintes.
La première lecture, choisie dans l’Apocalypse de Jean, offre un spectacle fantastique qui oppose une femme enceinte à un dragon féroce. Symboliquement, ce scénario oppose les forces de vie aux forces du mal. On peut y retrouver ce que vit notre humanité depuis son origine et le conflit qui existe en chacun de nous depuis notre naissance. Ensemble, nous sommes tous appelés à donner vie au monde nouveau conçu par Dieu. Mais cet enfantement se heurte à l’égoïsme collectif des pays développés qui nous pousse à exploiter les ressources de notre planète et menace son avenir. Il se heurte aux combats meurtriers commandés dans le monde par les idoles du pouvoir et de l’argent. Il se heurte au terrorisme qui, un peu partout, tue la liberté, la confiance et la paix. Il se heurte à la culture de haine et de rejet face aux migrants, aux minorités ethniques, sociales ou religieuses, En chacun de nous, il se heurte à l’individualisme, à la recherche du bien-être personnel au détriment de la fraternité et de la solidarité... Pourtant, au cœur de ces menaces, surgit une espérance sans limite : la femme met au monde un enfant qui - je cite : sera le berger de toutes les nations... Dans le ciel, une voix forte annonce le salut, la puissance et le règne de notre Dieu. - Fin de citation.
Dans l’extrait de lettre que nous avons entendu, Paul explique aux Corinthiens qui est ce berger venu annoncer le salut, la puissance et le règne de Dieu. On retrouve ici la mission que le Christ a reçue de son Père : combattre le mal et anéantir tous les ennemis symbolisés par le dragon de l’Apocalypse. Né d’une femme, le Christ s’est fait homme et il a partagé notre condition humaine jusqu’à la mort. Mais aujourd’hui sa résurrection est le fondement de notre espérance. Si nous entrons dans le combat du Christ, nous entrerons définitivement dans la vie de Dieu... La fête de l’Assomption signifie que, pour Marie, cette espérance est déjà accomplie.
La scène décrite dans l’évangile de Luc est beaucoup plus concrète et réaliste que la vision apocalyptique de Jean ou la catéchèse de Paul. Pourtant, elle a quelque chose de fantastique, d’invraisemblable, de difficile à croire... Ni la virginité de Marie, ni l’âge avancé d’Élisabeth ne les empêchent, contre toute attente, d’être enceintes l’une et l’autre. Luc nous raconte qu’à cette double annonce, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers une région montagneuse... Son premier souci, c’est probablement de rendre service à sa cousine. Mais sans doute aussi de lui partager la promesse de salut qui se réalise en elle par l’action de l’Esprit. Sans trop savoir quoi lui dire et comment le lui dire... Elle n’a pas eu besoin de chercher longtemps ! En entendant la salutation de Marie, Élisabeth a compris instantanément le secret que Marie portait en elle. Elle a perçu le bonheur de celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Sans en tirer gloire ou honneur, Marie s’est aussitôt retournée vers le Seigneur en reprenant à son compte les paroles d’Anne, la mère de Samuel : « Mon cœur exulte à cause du Seigneur ; mon front s’est relevé grâce à mon Dieu ! Face à mes ennemis, s’ouvre ma bouche : oui, je me réjouis de ton salut ! (1 Samuel 2, 1)
En cette période de vacances où se multiplient les occasions de rencontrer nos familles, de retrouver des amis ou de tisser de nouvelles relations, nous pouvons nous inspirer de ce qui s’est passé entre Marie et sa cousine Élisabeth... A l’écoute les uns des autres, nous pouvons prendre des nouvelles de chacun, être attentifs à celles et ceux qui ont besoin de notre bienveillance, partager leurs espoirs ou leurs inquiétudes, rester disponible pour un éventuel service. Marie et Élisabeth portent en elles une promesse de vie et leur espérance se traduit dans un chant de louange spontané.
Nous aussi, depuis notre baptême, nous sommes porteurs d’un message d’amour à destination de toutes les personnes que nous côtoyons. Notre mission n’est-elle pas finalement d’exprimer notre reconnaissance au Christ qui, par sa mort, nous a ouvert la vie ? Notre mission n’est-elle pas d’attirer à sa suite tous ceux qui cherchent à entrer dans la gloire de Dieu par le salut du monde ?
Aujourd’hui, dans le mystère de son Assomption, Marie est déjà dans ce règne sans fin qui nous attend. Sa foi a rejoint l’attente de Jésus lui-même qui ne cesse d’attirer à lui tous les hommes, par des voies que lui seul connaît. Oui, le Seigneur fait pour nous des merveilles, saint est son nom. Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent… Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais.
Hubert PLOQUIN, diacre permanent
Camoël et Pénestin (44)
15 août 2024