Année C
Sommaire année C
retour vers l'accueil
Saint Sacrement
du Corps et du Sang du Christ

       
Gn14, 18-20 ; Ps 109 ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17

   

« Donnez-leur vous-même à manger ! » Avant de compter ce que nous pourrions avoir, peut-être faut-il savoir quelle est la faim ? Dans l'Évangile, la réponse semble évidente : une telle foule venue écouter Jésus, restée là toute une journée, dois avoir faim, physiquement faim… de pain et de poisson comme à l’accoutumée mais aussi de toutes autres victuailles capable de les rassasier. C'est ce que va combler, Jésus, par ce signe manifeste qu'il pose dans une confiance infinie en son Père. Dieu qui, en retour, exauce son Bien-Aimé pour qu’il puisse nourrir tous ceux-là. Mais si l'on approfondit, cet évangile : force est de constater, que cette faim du corps ne vient qu’après une longue journée d'enseignement et de guérisons de Jésus pour ceux venus le rencontrer. Un peu plus tôt il aura dit à ses disciples « ils sont comme des brebis sans berger. » Livrés à eux-mêmes, sans repère, sans guide pour les amener à choisir, en conscience et en vérité, le chemin de la vie, le chemin de l'amour filial et fraternel, le chemin de Dieu, celui de « La Terre Promise » … un chemin éloigné de ce que prône le grand prêtre à l'époque

Les voici donc les faims cachées des milliers de personnes venues écouter ce prophète : faim d’une parole de vérité, faim de justice, de miséricorde, d’un guide vers la Terre Promise, lieu idyllique où le loup et l'agneau vivent en frères, lieu de douceur et de paix éclairé par l'amour d'un Père miséricordieux, le Paradis, avec, bien sûr, la Vie Éternelle, la Vie en Dieu. 

Si cette vie est « Éternelle », aujourd'hui déjà nous avons à la vivre, à la faire advenir en la faisant connaître. Vous avez entendu « Donnez-leur vous-même à manger ! » cet évangile n'est pas pour hier mais bien pour aujourd'hui et pour demain. À chacun de nous, vous, moi, de faire connaître cette nourriture : la connaissance, la Parole et l’Amour d’un Père, qui comblent les faims profondes de ses enfants. Chaque chrétien est envoyé évangéliser le monde pour que le monde sache que Dieu est un Père aimant, que Jésus est son fils uni à lui dans l'Esprit d'Amour répondu par toute la terre.

Il faut, sans doute encore, s’imprégner de l'énoncé de notre foi et des sacrements que nous recevons. Mais rassurons-nous, nous ne sommes pas envoyés convaincre mais évangéliser, faire savoir, prophétiser, dévoiler… à la suite de Jésus, chacun avec ses talents et ses faiblesses. L'évangélisation commence toujours par un témoignage. Nul besoin de savoir parler, d’avoir de l'éloquence, une répartie rapide… notre témoignage est d'abord celui de notre façon de vivre, vivre notre foi et notre vie, notre vie ensemble. Quand on parle de l'amour que Dieu nous donne de partager il faut agir en vérité en en témoignant dans nos actes, nos paroles et nos prières. Mais il faut, aussi savoir reconnaître en l'autre, qu'il soit chrétien ou non, l'action de l’Esprit de Pentecôte, à l'œuvre dans ce monde. Reconnaître l'action de l'Esprit au cœur du monde, voilà un témoignage de foi en cet Esprit qui fait vivre en guidant nos choix et donc notre vie.

Il est vrai que nous sommes parfois timorés, nous nous sentons désarmés, incapables... Mais Jésus n'appelle pas des personnes capables, puissantes ou savantes, mais des femmes, des hommes et des enfants qu'il va rendre, par l’Esprit qu’il leur envoie, capables tant que ceux-ci osent lui faire pleinement confiance en confessant le besoin de son Esprit, dans une cocréation de tout temps. Le fils demande à son Père de l’exaucer pour répondre aux besoins de milliers de personnes et Jésus va déléguer la distribution des denrées à ses disciples pour que ce soit eux, qui partagent à l'infini le pain et les poissons pour rassasier la foule.

Jésus va nous laisser deux atouts pour la mission. En premier lieu, et nous l'avons fêté il y a peu, l'Esprit Saint, promis, descendu à la Pentecôte, toujours présent, aujourd'hui encore, au cœur de cette église comme il l’est depuis le commencement et dans chaque sacrement reçu, à commencer par le baptême jusqu'à cette Eucharistie que nous allons partager.

En second, l’Eucharistie, le Saint Sacrement : ce moment où Dieu se donne en nourriture pour combler nos faims, faim de Lui, de son amour, de sa vie. Là où nous pouvons contempler et adorer l'humilité de ce Dieu qui s’offre dans un petit bout de pain qu’Il va lui-même consacrer, pour tous ceux qui viennent s'y nourrir et y communier. Un signe d’unité, rappelant aussi la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Lui qui prend corps dans cette hostie offerte pour nous régénérer, nous renforcer, nous sauver, et nous dire « je suis avec vous jusqu'à la fin du monde ». Sa façon de nous montrer que l'amour et le don sont les seuls moteurs pour sauver l'humanité. Eucharistie à vivre ensemble, jusqu'à ce qu'il revienne pour nous emmener avec lui dans la promesse de Dieu, but ultime de son Alliance avec l'humanité, avec chacun de ses enfants, avec chacun de nous.


Patrick DOUEZ, diacre permanent
Saint Matthieu sur Loire, 

22 juin 2025


Sommaire année C
retour vers l'accueil