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retour vers l'accueil5° dimanche de Carême
L’avez-vous
remarqué ? Tous les textes d’aujourd’hui nous disent la même
chose : Oublie le passé, ne reste pas sur des souvenirs qui
t’empêchent d’avancer. Va plus loin !
La première lecture, du
livre d’Isaïe : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne
songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau ». Dans
le psaume 125, ensuite, nous avons chanté le retour du peuple juif au
pays, après les longues années d’exil à Babylone : « Qui sème
dans les larmes moissonne dans la joie » : le passé
douloureux fait place à un avenir joyeux. Puis St Paul à son tour, dans
sa lettre aux Philippiens : « oubliant ce qui est en arrière,
et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le
prix ». Et enfin, Jésus, à cette femme : « va, et
désormais, ne pèche plus ».
Va ! Ce simple mot porte en
lui toute une espérance. Va, c’est-à-dire avance, ne reste pas englué
dans ton problème, dans tes actions passées que tu regrettes.
Bouge-toi, dirait-on aujourd’hui. Les regrets ne servent à rien, il
faut aller de l’avant. Va, et désormais, ne pèche plus.
Le message
est clair. Vivre en chrétien, en disciple de Jésus, c’est se tourner
résolument vers l’avenir. Et ce mouvement vers l’avant nous est
possible, parce que notre moteur, c’est l’espérance. Mais
attention : laisser le passé et se tourner vers l’avenir, ce n’est
pas consulter notre horoscope pour essayer de savoir ce qui va nous
arriver. C’est même exactement le contraire ! L’espérance qui nous
anime nous pousse à la confiance, même dans l’ignorance de ce que sera
demain. L’espérance chrétienne n’a pas besoin de cette sorte de
curiosité où l’on voudrait savoir à l’avance ce qui va arriver, comme
si on pouvait l’empêcher par notre propre volonté. D’autant plus que
nous savons bien que ce qui est dit dans ces horoscopes est bien
évidemment faux, parce que fondé sur du vent. Notre espérance, au
contraire, s’appuie sur le roc de la confiance. Confiance en la Parole
de Dieu, confiance en ceux qui l’ont annoncée, confiance en ceux qui
l’ont transmise jusqu’à nous, confiance en ces témoins d’aujourd’hui et
de tout temps qui nous montrent, par leur vie, combien Dieu est
attentif au bonheur de chaque homme, au point de l’inviter à la
sainteté, c’est-à-dire à partager la vie même de Dieu. Voilà quel est
notre avenir ! Pas besoin de consulter un voyant ! Nous
sommes appelés, et toute l’humanité avec nous, à vivre de la vie de
Dieu. Cette confiance, c’est ce que nous appelons la foi. La foi, la
confiance, ces deux mots ont la même racine. L’espérance s’appuie sur
la confiance, donc sur la foi.
Et alors ? Qu’est-ce que ça
change pour ma vie et celle des autres ? à vrai dire, pas
grand-chose, si on en reste là. Lorsqu’on cite la foi et l’espérance,
il manque le troisième pilier de notre vie chrétienne : la
charité. La foi, l’espérance et la charité, que l’on a appelées d’un
terme savant « les trois vertus théologale », c’est à dire
littéralement, « les trois vertus qui parlent de Dieu ». La
foi et l’espérance n’auraient pas de sens sans la charité. La charité,
que l’on traduit plus souvent aujourd’hui par l’amour pour les autres.
Alors, le passage d’évangile qui vient de nous être lu éclaire les
textes précédents. Cet épisode de la femme adultère met en scène
justement la charité, l’amour infini de Dieu, qui est manifesté par
Jésus dans cette phrase : « moi non-plus, je ne te condamne
pas. » Non pas « tu es innocente », car elle ne l’est
pas, mais je ne TE condamne pas. C’est l’amour pour la personne dont il
est question, pas de son péché. La charité, c’est ce qui nous fait
connaître que le mal existe, que le péché existe, mais qu’il est
possible d’aimer une personne par-delà le mal qu’elle a pu faire,
par-delà son péché. Même si le mal, c’est à moi-même qu’elle l’a fait.
La charité nous aide à croire qu’un pardon est toujours possible. La
charité, tout comme l’espérance, est indissociable de la foi.
Parce que j’ai confiance en Dieu, je mets en lui ma foi et mon
espérance. Parce que je crois en lui, je deviens capable d’aimer
chacune de ses créatures. Je deviens capable d’aimer au-delà de ce qui
est raisonnable humainement. Et parce que j’aime, je suis capable
d’agir. De participer au salut du monde en l’aimant et en pratiquant la
charité, à la mesure qui est la mienne, avec les moyens que Dieu me
donne.
C’est aujourd’hui, nous l’avons entendu, la journée nationale
du CCFD. Ce peut être l’occasion pour nous de réfléchir à la façon dont
nous pratiquons la charité. Il ne s’agit pas de s’apitoyer sur le sort
de ceux qui sont moins bien lotis que nous. La charité, ce n’est pas la
pitié. Jésus n’a pas pitié de la femme adultère : il l’aime,
simplement. Il ne s’agit pas non-plus de libérer notre conscience.
Jésus ne dit pas à cette femme « moi non-plus, je ne te condamne
pas » pour avoir la paix et s’en tirer par une pirouette.
Pratiquer la charité, c’est recevoir l’amour que Dieu nous donne,
reconnaître ce don et le partager autour de nous. Ce partage peut
prendre toute sorte de formes différentes et variées. Donner un peu de
son argent, ou un peu de son temps au CCFD en est une. Mais il en
existe bien d’autres, chacun peut en discerner pour soi-même. Quoiqu’il
en soit, il est certain que la charité, ainsi vécue, n’est pas
facultative. Ce n’est pas une option que l’Eglise propose, c’est le
cœur même de son message, qui s’enracine dans les paroles mêmes de
Jésus : « Aimez-vous les uns les autres, COMME je vous ai
aimés ». À la manière dont Dieu nous aime. Sans calcul, sans
arrière-pensée.
« Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne
songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau ».
« Oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours
vers le but pour remporter le prix ». « Va, et désormais, ne
pèche plus ». À l’approche de Pâques, terme de notre chemin de
carême, entrons avec joie dans cette dynamique de l’espérance, qui nous
tourne vers la vie. Soyons les acteurs de notre vie, éclairés par la
foi, guidés par l’espérance, portés par la charité.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
20 mars 2010
Clisson et Boussay.
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