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Baptême du Seigneur

Is 40, 1-5. 9-11 ; Tite 2, 11-14. 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16. 21-22

Contexte : messe des familles et accueil des fiancés

Sœurs & Frères, les enfants,

Quelle brusque accélération du temps : dimanche dernier, nous étions encore à la crèche, avec les mages qui adoraient un enfant. Et aujourd'hui, 30 années ont passé, et c'est Jésus adulte qui nous est présenté, au bord du Jourdain. Pourtant, ce sont les personnages qui nous ont accompagnés pendant le temps de l'Avent que nous retrouvons : Jean, le précurseur, et Jésus. Depuis la visite de Marie à Elisabeth, les évangiles ne nous disent rien sur les rencontres éventuelles des cousins, durant leur enfance ou leur adolescence ; les évangélistes centrent leur récit sur l’annonce et la venue du Royaume.

La venue du Royaume…, « le peuple était en attente » nous dit Luc. Les paroles de Jean-Baptiste au bord du Jourdain les appelant à la conversion, ces paroles ravivaient en eux les prophéties qui parlaient de la venue d’un envoyé de Dieu. Isaïe n’avait-il pas proclamé : « dans le désert, préparez le chemin du Seigneur. » Et si c’était lui, l’envoyé de Dieu ? Mais la parole de Jean est sans ambiguïté : « moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient celui qui est plus fort que moi. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Dans sa simplicité, la scène qui est décrite est capitale. Nous assistons à un passage de témoins décisif : avec Jean Baptiste, c’est la première alliance qui s’achève et avec Jésus, c’est la nouvelle alliance qui commence.

Les enfants, qui parmi vous a été baptisé ?              Qui se rappelle ce que le célébrant a fait pour vous baptiser ce jour là ?       … il a versé de l’eau sur votre tête… et pourquoi de l’eau ? A quoi sert l’eau dans votre vie de tous les jours ?

… à boire, parce que si l’on ne boit pas on meurt (cf. les plantes) donc l’eau c’est le symbole de la vie…
… à se laver, parce que l’eau nous aide à nous rendre plus propre, à nous purifier… à l’intérieur comme à l’extérieur de notre corps…

Et bien c’est justement ce que Saint Luc nous raconte dans l’histoire de Jésus et de Jean que je viens de lire…                Jean baptisait dans l’eau : une eau purificatrice. Ce rite était significatif : en baptisant dans le Jourdain (la rivière qui coule au pays de Jésus), Jean appelait à la conversion, à se purifier, à partager, à pratiquer la justice ; il faut se libérer du mal, du péché qui entrave la marche vers Dieu. Cela avait été le message des prophètes ; et bien, il est toujours valable pour nous aussi !

Jean donnait un baptême de repentance, pour le pardon des péchés, et appelait à la conversion ; Jésus, Fils de Dieu, n'avait pas vraiment besoin de se faire pardonner ses péchés, ni de se convertir. Pourtant, Jésus se soumet à ce rite, lui qui était sans péché : il épouse la condition humaine, il accepte ainsi de se charger de nos péchés, entraînant les hommes dans la réconciliation avec Dieu. En ressortant de l'eau, en traversant ensuite les eaux de la mort dans le mystère pascal, il nous entraîne à sa suite, de la mort à la vie... Il y a donc un lien direct entre la plongée (=’baptême’) dans le Jourdain et la mort sur la Croix ; entre la remontée des eaux et la sortie du tombeau au matin de Pâques...

Dans le baptême chrétien, il y a aussi cette dimension de purification : l’eau du baptême lave de tout péché, car il faut être apte et digne d’accueillir celui qui vient, celui que l’on reçoit. Notre parcours chrétien est très marqué par ce rite : nous avons fait mémoire de notre baptême par le rite d’aspersion du temps de Pâques en ce début de célébration ; c’est aussi le cas de la bénédiction à l’adieu lors des obsèques : se purifier, pour se présenter devant Dieu.

Mais Jean annonce que celui qui vient « baptisera dans l’Esprit et dans le feu ».

Ce n’est donc plus seulement un rite de purification, c’est aussi un rite de vivification, de renaissance. Paul écrit ceci à son ami Tite : « Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur… » Toute la vie de Jésus traduira cette renaissance à travers des paroles et à travers des signes que nous appelons miracles et cela, jusqu’à sa passion, sa mort et sa résurrection. Être baptisé dans l’Esprit Saint, c’est donc
re-naître, c’est naître de la vie de Dieu.
                
A ce propos, parmi vous les adultes qui avez reçu ce premier sacrement de l’initiation chrétienne, qui se rappelle de la date de son baptême ? Fêtez-vous chaque année cet anniversaire, puisqu’il s’agit d’une nouvelle naissance ?

A notre baptême, nous avons, nous aussi, été baptisés dans l’Esprit Saint et nous sommes devenus enfants de Dieu. D’ailleurs, lors des baptêmes, on aime chanter « tu es devenu enfant de Dieu, et frère de Jésus, alléluia » ; un prêtre que j’ai connu adressait aussi cette formule aux parents lorsqu’il baptisait « vous m’avez confié votre fils, je vous le rends comme votre frère… » : ce ne sont pas que des paroles… Le baptême chrétien nous introduit dans l’intimité de Dieu ; cette vie de Dieu se développe en nous jusqu’à son épanouissement au-delà de notre mort terrestre. Alors, il nous appartient de l’accueillir, de la protéger, de vivre en enfant de Dieu. Où en sommes-nous… ?  

D’entrée, je faisais remarquer qu’avec Jean Baptiste, c’est la première alliance qui s’achève et qu’avec Jésus c’est la nouvelle alliance qui commence. « Après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus », nous dit l’évangéliste Luc. Une façon de dire que l’Alliance de Dieu et des hommes se réalisait, l’histoire de l’humanité en était transformée.          
(De même pour vous les fiancés qui vous préparez au mariage : la nouvelle alliance qui se réalisera entre vous et que Dieu lui-même bénira ce jour-là, transformera t’elle l’humanité de votre histoire ?)

Par notre baptême, avec le Christ, nous entrons en alliance avec Dieu. En sommes-nous conscients ? Notre vie est-elle en harmonie avec ce que nous signifions ? Si nous pouvions laisser résonner en nous cette parole : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi, je trouve ma joie ». Avez-vous bien entendu les enfants : vous n’êtes pas seulement les fils et filles bien aimé(e)s de vos parents, mais aussi les fils et filles bien aimé(e)s de Dieu lui-même, et en chacune et chacun de vous il trouve sa joie…              
(Et vous les futurs marié(e)s, puissiez-vous aussi laisser raisonner en vous cette parole : « Tu es mon bien-aimé / ma bien-aimée, en toi, je trouve ma joie »).

L’eucharistie que nous célébrons chaque dimanche ravive en nous cette alliance. A la consécration, le prêtre reprend liturgiquement les paroles du Christ : « ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle … » Nous prenons place à la table du Seigneur ; nous communions au corps du Christ ; nous entrons en Alliance avec Dieu.

Oui, soeurs et frères, les enfants : nous sommes le peuple de Dieu, purifié, revivifié ! Prenons en conscience, vivons en enfants de Dieu, en sœurs et en frères de Jésus et comme des sœurs et des frères entre nous.

Amen.

Patrick JAVANAUD

12 janvier 2025

 


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