Contexte :
messe
des familles et accueil des fiancés
Sœurs
&
Frères, les enfants,
Quelle
brusque
accélération du temps : dimanche dernier, nous étions encore à la
crèche, avec
les mages qui adoraient un enfant. Et aujourd'hui, 30 années ont passé,
et
c'est Jésus adulte qui nous est présenté, au bord du Jourdain. Pourtant,
ce
sont les personnages qui nous ont accompagnés pendant le temps de
l'Avent que
nous retrouvons : Jean, le précurseur, et Jésus. Depuis la visite
de Marie
à Elisabeth, les évangiles ne nous disent rien sur les rencontres
éventuelles
des cousins, durant leur enfance ou leur adolescence ; les
évangélistes centrent leur récit sur
l’annonce et la venue du Royaume.
La
venue du
Royaume…, « le peuple était en
attente
» nous dit Luc. Les paroles de Jean-Baptiste au bord du Jourdain les
appelant à
la conversion, ces paroles ravivaient en eux les prophéties qui
parlaient de la venue d’un
envoyé de Dieu. Isaïe
n’avait-il pas proclamé : « dans
le
désert, préparez le chemin du Seigneur. » Et si c’était lui,
l’envoyé de
Dieu ? Mais la parole de Jean est sans ambiguïté : « moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient celui qui est plus
fort que moi. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Dans
sa
simplicité, la scène qui est décrite est capitale. Nous assistons à un
passage de
témoins décisif : avec Jean Baptiste, c’est la première alliance
qui
s’achève et avec Jésus, c’est la
nouvelle alliance qui commence.
Les
enfants,
qui parmi vous a été baptisé ? Qui
se rappelle ce que le
célébrant a fait pour vous baptiser ce jour là ? … il a versé de l’eau sur votre
tête… et pourquoi de
l’eau ? A quoi sert l’eau dans votre vie de tous les jours ?
…
à boire,
parce que si l’on ne boit pas on meurt (cf. les plantes) donc l’eau
c’est le
symbole de la vie…
… à se laver, parce que l’eau nous aide à nous rendre plus propre, à
nous
purifier… à l’intérieur comme à l’extérieur de notre corps…
Et
bien c’est
justement ce que Saint Luc nous raconte dans l’histoire de Jésus et de
Jean que
je viens de lire…
Jean
baptisait dans l’eau : une eau purificatrice. Ce rite était
significatif :
en baptisant dans le Jourdain (la rivière qui coule au pays de Jésus), Jean
appelait à la conversion, à se
purifier, à partager, à pratiquer la justice ; il faut se
libérer du mal, du péché qui entrave la
marche vers Dieu. Cela avait été le message des prophètes ;
et bien,
il est toujours valable pour nous aussi !
Jean
donnait un
baptême de repentance, pour le pardon des péchés, et appelait à la
conversion ;
Jésus, Fils de Dieu, n'avait pas vraiment besoin de se faire pardonner
ses
péchés, ni de se convertir. Pourtant, Jésus se soumet à ce
rite, lui qui
était sans péché : il épouse la condition humaine, il accepte ainsi de se charger de nos péchés, entraînant les hommes
dans la réconciliation avec Dieu. En ressortant de l'eau, en
traversant
ensuite les eaux de la mort dans le mystère pascal, il nous entraîne à sa suite, de la mort à la vie... Il y a donc un
lien direct entre la plongée (=’baptême’) dans le Jourdain et la mort
sur la
Croix ; entre la remontée des eaux et la sortie du tombeau au matin
de
Pâques...
Dans
le baptême
chrétien, il y a aussi cette dimension de purification : l’eau du
baptême
lave de tout péché, car il faut
être
apte et digne d’accueillir celui qui vient, celui que l’on reçoit.
Notre
parcours chrétien est très marqué par ce rite : nous avons fait mémoire
de
notre baptême par le rite d’aspersion du temps de Pâques en ce début de
célébration ; c’est aussi le cas de la bénédiction à l’adieu lors
des
obsèques : se purifier, pour se présenter devant Dieu.
Mais
Jean
annonce que celui qui vient « baptisera
dans
l’Esprit et dans le feu ».
Ce
n’est donc plus
seulement un rite de purification, c’est
aussi
un rite de vivification, de renaissance. Paul écrit ceci à son ami
Tite : « Par le bain du
baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit
Saint.
Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ
notre
Sauveur… » Toute la vie de Jésus traduira cette renaissance à
travers des
paroles et à travers des signes que nous appelons miracles et cela,
jusqu’à sa
passion, sa mort et sa résurrection. Être
baptisé
dans l’Esprit Saint, c’est donc
re-naître, c’est naître de la vie de Dieu.
A ce propos, parmi vous les adultes qui avez reçu ce premier sacrement
de
l’initiation chrétienne, qui se rappelle de la date de son
baptême ?
Fêtez-vous chaque année cet anniversaire, puisqu’il s’agit d’une
nouvelle
naissance ?
A
notre
baptême, nous avons, nous aussi, été baptisés dans l’Esprit
Saint et nous
sommes devenus enfants de Dieu. D’ailleurs, lors des baptêmes, on aime
chanter
« tu es devenu enfant de Dieu, et
frère
de Jésus, alléluia » ; un prêtre que j’ai connu adressait
aussi cette
formule aux parents lorsqu’il baptisait « vous m’avez confié votre fils, je vous le rends comme votre
frère… » : ce ne sont pas que des paroles… Le baptême chrétien nous introduit dans l’intimité de Dieu ;
cette
vie de Dieu se développe en nous jusqu’à son épanouissement au-delà de
notre
mort terrestre. Alors, il nous appartient de l’accueillir, de la
protéger, de
vivre en enfant de Dieu. Où en sommes-nous… ?
D’entrée,
je
faisais remarquer qu’avec Jean Baptiste, c’est la première alliance qui s’achève et qu’avec Jésus c’est la
nouvelle alliance qui commence. « Après
avoir été baptisé lui aussi, Jésus
priait, le ciel s’ouvrit L’Esprit
Saint,
sous une apparence corporelle, comme
une
colombe, descendit sur Jésus », nous dit l’évangéliste Luc. Une façon de dire que l’Alliance
de Dieu et des hommes se réalisait, l’histoire de l’humanité en était
transformée.
(De même pour vous les fiancés qui vous préparez au mariage : la
nouvelle
alliance qui se réalisera entre vous et que Dieu lui-même bénira ce
jour-là,
transformera t’elle l’humanité de votre histoire ?)
Par
notre baptême, avec le Christ, nous entrons
en alliance avec Dieu. En sommes-nous conscients ? Notre vie est-elle en harmonie avec
ce que nous signifions ? Si nous pouvions laisser résonner en nous cette
parole
: « Tu es mon fils bien-aimé, en
toi, je
trouve ma joie ». Avez-vous bien entendu les enfants : vous
n’êtes pas
seulement les fils et filles bien aimé(e)s de vos parents, mais aussi
les fils
et filles bien aimé(e)s de Dieu lui-même, et en chacune et chacun de
vous il
trouve sa joie…
(Et vous les futurs marié(e)s, puissiez-vous aussi laisser raisonner en
vous
cette parole : « Tu es mon
bien-aimé / ma
bien-aimée, en toi, je trouve ma joie »).
L’eucharistie
que nous célébrons chaque dimanche
ravive en nous cette alliance. A la consécration, le prêtre reprend liturgiquement les paroles
du Christ : « ceci est la coupe
de mon
sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle … » Nous
prenons place à
la table du Seigneur ; nous communions au corps du Christ ;
nous
entrons en Alliance avec Dieu.
Oui,
soeurs et frères,
les enfants : nous sommes
le peuple
de Dieu, purifié, revivifié ! Prenons en conscience, vivons
en enfants de Dieu, en sœurs et en frères
de Jésus et comme des sœurs et des frères entre nous.
Amen.
Patrick JAVANAUD
12 janvier 2025