« Frères,
soyez
dans la joie ! »
Comme si la joie se décidait ! Facile à dire… Difficile à
vivre !
« Soyez toujours dans la joie ! » Cette invitation résume
la Parole
que Dieu nous adresse aujourd’hui 15 décembre 2024. Pourtant, dans le
contexte
que nous vivons, cet appel résonne comme une provocation, un défi
insurmontable. Est-il vraiment possible d’échapper à la peur et à
l’inquiétude
qui envahissent le monde ? Suffit-il de le décider pour être toujours
dans la
joie ? Comment passer de la peur à la confiance ? Comment
passer de
la confiance à l’espérance ? Comment vivre l’attente de la Bonne
Nouvelle
annoncée par Jean-Baptiste ?
Passer
de la peur à la
confiance.
« Ne
crains pas,
Sion ! » Du temps de Sophonie, les habitants de Jérusalem vivaient une
situation dramatique sous le régime des Assyriens. De plus, ils étaient
victimes d’attaques terroristes répétées. A deux reprises dans le
passage que
nous avons entendu, Sophonie demande à la population de ne plus craindre
le
malheur. A deux reprises, il en appelle à faire confiance à Dieu qui est
présent
au milieu de tous, au cœur de la ville : « Le Seigneur est
en toi ».
« Ne
soyez inquiets de
rien ! »
Quand
Paul écrit aux Ephésiens, il est en prison et la communauté des croyants
s’inquiète. Paul les invite à garder confiance. Lui aussi se répète. Il
dit et
il redit ! Mais il sait que décréter la joie ne suffit pas. Il
propose une démarche pour retrouver la paix : rester bienveillants,
rendre
grâce à Dieu, le prier et le supplier, lui transmettre nos demandes.
Dans
l’évangile, nous
découvrons qu’à deux reprises, Luc évoque les foules qui viennent se
faire
baptiser par Jean. Dans ce pays occupé par les Romains, la confiance
renait dans
la population à ʺla voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le
chemin du Seigneur.ʺ
Aujourd’hui,
partout dans
le monde, la peur et l’inquiétude se développent. La société s’enfonce
dans un pessimisme
qui se généralise, y compris chez les jeunes. A la suite de
Jean-Baptiste, demandons-nous
quels signes transmettre pour redonner confiance autour de nous. Si nous
y
sommes attentifs, nous verrons qu’ils sont nombreux : la
reconnaissance
des personnes handicapées aux Jeux paralympiques de 2024, les espoirs de
trêves
dans les conflits internationaux, la lutte contre les féminicides et les
discriminations, les actions solidaires au secours des victimes de la
guerre ou
du dérèglement climatique… à Mayotte aujourd’hui…
Et
maintenant, comment
passer de la confiance à l’espérance ?
Sophonie
invite
à l’espérance en
annonçant un ʺhéros qui apporte le salutʺ à la ville.
De son côté, Paul annonce ʺla
paix
de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut imaginerʺ
Dimanche
dernier, nous
avons entendu Jean-Baptiste appeler les gens à la conversion,
c’est-à-dire à se tourner vers Dieu. Aujourd’hui, il devine la pensée de
ceux
qui voient en lui le Christ attendu. Il se démarque clairement de celui
qui
vient. Il en trace ce qu’on pourrait appeler un portrait chinois,
c’est-à-dire
une description un peu floue à base d’images. Qu’en dit-il ? ʺIl
est
plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses
sandales.
Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. ʺ Avec l’image de
la pelle
à vanner, il lui attribue le geste du moissonneur… capable de séparer la
paille
qui s’envole avant d’être brûlée au feu… et le grain qui sera conservé
au
grenier. Cette annonce de Jean-Baptiste renouvelle l’espérance du peuple
juif qui
attendait depuis longtemps ʺla Bonne Nouvelle.ʺ C’est le dernier
de
l’évangile de ce jour !
Et
nous maintenant, sommes-nous
attentifs aux signes d’espérance qui naissent dans l’Eglise.
Prenons
quelques exemples : La réception de la synodalité comme mode de
gouvernance, les encycliques et les exhortations apostoliques du Pape
François,
sa visite en Corse aujourd’hui même, l’ouverture du Jubilé de
l’espérance en
2025, l’incroyable augmentation des demandes de sacrements par des
jeunes et
des adultes, la réouverture des cathédrales de Paris et de Nantes, la
diffusion
d’un calendrier diocésain de l’Avent pour nous préparer à
accueillir chez
nous l’enfant de Noël…
Oui,
partout où la
confiance renaît on peut voir se multiplier les raisons d’espérer.
Comment
vivre l’attente
de la Bonne Nouvelle ?
La
question
posée à Jean Baptiste revient trois fois : ʺQue devons-nous
faire ? ʺ
Les
réponses
s’adressent à la foule, aux percepteurs d’impôts, aux militaires… donc à
chacun
de nous, quelle que soit notre situation : Sortir du chacun pour soi,
respecter le droit et la justice pour tous, partager nos ressources avec
les
personnes dans le besoin. Il y a trois fois la même question, mais les
trois réponses
sont différentes. Chacune est ciblée sur celui qui la pose. Pour nous,
cela
signifie que nous avons différentes réponses possibles ajustées à notre
situation, à nos moyens ou à nos compétences. A nous de les identifier
et de
les vivre. On peut partager un repas ou un toit, donner une parole ou un
sourire… On peut être appelé à respecter la loi, le code de la route ou
celui
des impôts. On peut veiller à ne blesser personne par les gestes ou la
parole.
A nous de poursuivre…
Quand
la confiance est
rétablie, quand l’espérance renaît, quand avancent les préparatifs de la
fête, notre
plus beau cadeau - un cadeau c’est ce qui nous est offert gratuitement –
notre
plus beau cadeau, c’est la joie du salut annoncé. Comme l’écrit notre
évêque
Laurent dans l’édito du journal diocésain : « La vraie
joie de
Noël n’est pas superficielle, elle est profonde et durable, à la
condition que
soit reçu chez nous l’Enfant-Dieu […] La joie n’est pas que rire et
chanson,
elle est grave et douloureuse, cri et révolte, mais elle est joie
parce qu’elle
est espérance, espérance en ce Dieu qui s’invite chez nous pour ouvrir
notre
vie à l’horizon de la résurrection. »
Hubert
PLOQUIN, diacre
permanent
15
décembre 2024
St
Philippe et St Jacques –
St Léger – Ste Bernadette