Ce temps de l’Avent se répète chaque année et il nous invite à revivre
les grands évènements de la vie du Christ, de sa naissance – c’est ce
que nous fêterons à Noël – jusqu’à sa Résurrection que nous célébrerons
à Pâques.
Le temps de l’Avent est celui de l’attente, un temps qui pour nous
chrétiens nous propose de nous préparer à la venue de Dieu avec les
hommes – Emmanuel comme nous le chantons parfois à Noël.
Depuis 2000 ans et jusqu’à la fin des temps, notre Dieu est donc Celui
qui se fait attendre, nous l’attendons car il reviendra pour nous
sauver.
Or, notre
société est devenue celle de l’immédiateté et de la vitesse, et nous
voyons combien il est difficile pour l’homme d’attendre, Aujourd’hui,
attendre paraît souvent inutile et est même considéré comme une perte de
temps ! Car oui aujourd’hui, pour faire bien il faut faire vite ;
on veut tout, tout de suite ! par exemple on prend de moins en
moins le temps d’entrer dans un magasin pour faire notre plein de
courses ! on achète à distance c’est paraît-il plus rapide :
on veut aussi savoir dans l’instant ce qui se passe à l’autre bout du
monde. . . Alors on passe de longues heures sur internet ou sur des
réseaux. . . On veut tout, tout de suite, on veut tout avoir et tout
savoir, et ce dans n’importe quel domaine, y compris les plus futiles !
Mais alors, à ne plus savoir attendre on pourrait dire qu’on ne sait
plus vivre ni même espérer. Nous vivons ainsi avec l’angoisse de
l’avenir, proche ou plus lointain ; nous ne supportons plus
l’inconnu ou le délai.
« Alors on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec
puissance et grande gloire. »
L’évangile de ce 1er dimanche de l’Avent pourrait ainsi nous
faire penser à un texte rédigé par temps de crise ; en effet, dans
les versets qui précèdent ce passage de l’évangile de Luc, nous pouvons
lire l’annonce de la ruine de Jérusalem :
« Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, sachez que
sa dévastation est toute proche. . . »
En notre temps les crises sont nombreuses et répétées, des guerres et
des conflits se propagent en différents endroits de la planète et les
médias n’ont cesse de nous annoncer diverses crises : crise
industrielle, crise agricole, crise dans le monde de la santé ou de
l’éducation, crise gouvernementale et d’autres encore. Ces crises
seraient-elles les prémices d’un amoncellement de ruines, des ruines
précédant la dévastation de notre cité humaine ?
A la différence des médias, l’évangile nous laisse entrevoir une
espérance, la Parole nous invite à vivre différemment ; elle nous
aide à parvenir à la connaissance de Dieu et de son Fils unique Jésus le
Christ ; C’est cela qui signifie recevoir l’Espérance.
Je citerai ici
le Pape Benoît XVI dans sa deuxième encyclique intitulée « SPE
SALVI » (Sauvés dans l’Espérance), et plus
particulièrement ce qu’il écrit au début de cet encyclique dans un
chapitre intitulé justement « La foi est Espérance ».
Dans ce chapitre, le pape évoque la vie de Joséphine Bakhita qui a été
canonisée par son prédécesseur le Pape Jean-Paul II. En partant de la
vie de cette sainte, il explique que pour parvenir à la connaissance de
Dieu, le vrai Dieu, il faut avoir reçu l’espérance.
Je ne vais pas ici vous détailler la vie de Joséphine Bakhita , mais on
retiendra qu’après avoir longtemps vécu une vie de mépris et de
maltraitances, une vie d’esclave au service de maîtres, elle a appris
l’existence d’un maître au-dessus de tout maître, un Seigneur des
Seigneurs, un Seigneur qui était bon, qui l’avait créée et plus encore
qui l’aimait ! Désormais, après des années de violence, Bakhita
avait une espérance, pas seulement l’espérance de trouver des maîtres
moins cruels, mais une espérance plus grande encore, celle de se savoir
attendue et aimée. A la suite de cette rencontre, elle fût baptisée et
confirmée et fit sa première communion avant d’entrer dans une
congrégation.
L’Espérance qu’elle venait de découvrir, elle ne voulut pas la garder
pour elle seule, mais elle devait rejoindre beaucoup d’autres personnes
! C’est ainsi que Sainte Véronique Bakhita, après une vie faite de
violences et d’abandons, s’est faite signe d’espérance, signe d’une vie
renouvelée dans les pas du Christ Sauveur.
Ainsi Frères et sœurs, amis paroissiens, dans les difficultés de nos
vies, au-delà de nos imperfections et de nos égarements, peut-être
pourrions-nous nous-mêmes devenir signes et veilleurs. Acceptons donc de
témoigner qu’après la nuit, la lumière vient. Oui la lumière vient et
elle peut illuminer nos vies à défaut de les rendre imparfaites et
tristes !
Être veilleur c’est témoigner du temps qui passe, être veilleur c’est
aussi oser proclamer notre Espérance en la venue de Celui qui vient et
qui fait tout chose nouvelle.
« En
ce
temps, Jésus parlait à ses disciples de sa venue »
Il y a 2000 ans, Jésus est donc venu creuser l’attente ; et
aujourd’hui il est présent, il est encore à venir. Il nous invite à
transformer son attente en promesse, il nous invite à l’Espérance.
L’Avent devient ainsi un temps où nous pouvons lier le
passé à notre présent et à notre avenir.
Le temps n’est donc pas à se lamenter, mais il est davantage à relever
la tête et à témoigner par nos vies des signes de la venue du Règne de
Dieu.
« Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne
s’alourdissent par l’orgie, l’ivrognerie, et les soucis de la
vie »
En ce temps de l'Avent, la Parole de Dieu nous interpelle ;
L'Evangile nous appelle à vivre chaque jour davantage dans l'amour du
prochain. Pour cela, unissons-nous au cœur de Jésus, lui qui est rempli
d'un amour universel. C'est ainsi qu’il nous faudrait pouvoir vivre
Noël, loin du tumulte commercial et des lumières artificielles. La vraie
lumière n’est pas dans les guirlandes ou les néons, elle est dans le
cœur de chacun et elle se veut rayonnante d’un message d’amour et de
paix, un message à offrir sur les chemins de nos vies, et tout
particulièrement en ce temps de l’Avent.
Alors bien-sûr,
Noël reste une fête, une fête familiale faite de joies et de partages.
Et en ces temps tourmentés, la période des fêtes de Noël inter agit
comme une bouffée d’oxygène, elle est une pause qui viserait à resserrer
ou à renouveler les liens familiaux et sociaux. L’échange de cadeaux,
s’il se fait mesurément, peut traduire la volonté de dire : « tu
comptes pour moi, je ne t’oublie pas ». Ainsi,
n’oublions pas la solidarité et le souci du partage envers ceux qui en
ont besoin.
Sur le chemin
de l'Avent, le Seigneur est là. Il se fait notre compagnon de route et
notre nourriture. Il est Celui qui annonce notre délivrance. C'est pour
cette raison qu'il nous recommande de rester éveillés et de prier ;
Car oui, le Christ va venir, mais en attendant il s’agit de veiller
jusqu’à vouloir manifester la venue d’un monde nouveau, un monde
meilleur et plus solidaire.
Alors veillons
frères et sœurs, veillons et soyons les disciples qui préparent la venue
de ce monde nouveau, un monde à venir et à reconstruire.
AMEN
Joël MACARIO,
diacre permanent
1er
décembre 2024