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6° dimanche du Temps Ordinaire


Jr 17,5-8  /  Ps  1 /  1 Co 15, 12.16-20  / Lc 6, 17.20-26

Il y a quelques semaines, nous avons présenté à nos proches, à nos amis nos vœux de bonheur pour la Nouvelle année : santé, amour, réussite...

Mais nous ne leur avons pas souhaité : la pauvreté, la famine, le chagrin, ni la détestation !

Et cependant, Jésus annonce : heureux les pauvres, les affamés, ceux qui pleurent, et tous ceux qui sont exclus de la société !

Alors, on peut se poser les questions suivantes :

1)   Jésus était-il fou de proclamer de telles paroles ?

2)   Si la réponse est NON : en quoi ce texte de Béatitudes est-il une Bonne Nouvelle ?

3)   Et si c’est une Bonne Nouvelle - un Evangile - comment le mettre en œuvre ?

1ère Question : Jésus était-il fou, ou totalement « hors sol » ?

La réponse est Non ! puisque l’Évangile nous dit qu’il s’adresse à ses disciples sur un terrain plat ; c’est peut-être un détail pour vous…mais pour moi, ça veut dire beaucoup ! ça veut dire que Jésus se rend accessible à tous, au milieu du monde et d’une foule variée. Il est descendu de la montagne avec les 12 Apôtres qu’il vient de choisir ; il est à hauteur d’homme et il annonce, en quelque sorte, le discours programme du Royaume de Dieu qui va marquer toute sa mission, et celle de ses apôtres.

Sa mission, c’est d’annoncer la miséricorde de Dieu son Père, le pardon des péchés, et la préférence pour les exclus…. Il a été rejeté à cause de ses paroles, au prix de sa vie.

Et peut-être que notre réaction aujourd’hui est la même que ceux qui ont refusé de l’écouter, nous avons du mal à entendre ces paroles pour nous-même ; c’est le contraire de ce que nous aimerions entendre : Heureux les pauvres !

On a envie de dire : « Jésus, tu exagères ! On aime bien t’entendre quand tu nous promets la Vie éternelle, on veut bien essayer de t’écouter quand tu nous dis que l’amour de Dieu passe par l’amour des frères, par des gestes de solidarité ; en tout cas, on veut bien essayer…

Mais quand tu dis : Heureux les pauvres, les affamés, heureux ceux qui pleurent…

D’une part, Tu « casses la baraque » de toutes les associations qui luttent contre la pauvreté, la faim dans le monde, la solitude… toutes nos initiatives de solidarité, puisque tu dis :  Heureux les pauvres, les affamés, heureux ceux qui pleurent… ça ressemble à une leçon de résignation.

Et surtout : c’est contraire au bon sens, ce n’est pas audible,

Comment veux-tu que nous annoncions cette page d’Évangile aux pauvres de notre temps, aux personnes de notre entourage qui sont dans le deuil, ou qui sont accablés par des problèmes de couple, de famille, de travail, ou de santé ? »

Je me fais maintenant l’avocat de Jésus : si Jésus peut se permettre de proclamer ces béatitudes qui détonnent, qui nous dérangent, c’est qu’il a vécu lui-même ce renversement des valeurs dans sa vie d’homme : lui, le Fils unique de Dieu, il s’est fait pauvre, il a eu faim et soif, il a pleuré la mort d’un ami.

J’en viens donc à ma 2ème Question : Si ces Béatitudes ont été vécues par Jésus, j’ai tout de même du mal à comprendre que ce soit une vraie « bonne nouvelle » pour nous.

Heureux êtes-vous / Mais quel malheur pour vous : c’est une opposition radicale.

 

Mais c’est peut-être aussi la clé de compréhension des Béatitudes comme une vraie « bonne nouvelle ». Car si j’écoute bien les paroles de Jésus, je crois qu’il nous montre les deux voies possibles pour notre vie, pour qu’on ne se trompe pas de bonheur.

Les pauvres que Jésus déclare HEUREUX sont ceux qui ne sont pas remplis d’eux même, et qui mettent leur confiance en Dieu.

 

Déjà dans l’Ancien Testament, le Seigneur dit par la bouche des prophètes : voilà que je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie ! (Dt 30, 19)

 

Ce thème des deux voies nous dit aussi que nous sommes libres, nous avons toujours le choix. Nous pouvons choisir notre chemin et notre attitude chaque jour et à chaque instant : dans nos rencontres, dans nos décisions, dans nos actes, et dans nos paroles.

C’est aussi ce que proclame le refrain du Psaume que nous avons chanté : Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur !

C’est le premier de tous les psaumes. Le 1er mot du psautier tout entier est : « heureux » ! L’auteur des psaumes a compris que Dieu veut notre bonheur : c’est la chose la plus importante qu’il a voulu dire pour commencer !  Et ça, c’est une très bonne nouvelle !

Alors, 3ème question : concrètement, comment mettre ça en œuvre dans notre vie ?

 

Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur. Ça veut dire, à mon avis : heureux celui qui écoute la loi du Seigneur, c’est-à-dire sa Voix, …  Et qui s’efforce de la mettre en pratique.

Je crois que tous nos efforts pour écouter la Parole de Dieu, et pour la mettre en pratique dans notre vie, sont autant de petits pas sur le chemin du vrai bonheur : « Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur ! »

André Chouraqui (exégète, qui a traduit les Évangiles sous forme poétique) traduit le mot heureux par : « en marche ».  C’est à chacun de nous que le Christ dit « en marche … ! »

Il nous invite à le suivre, à marcher sur son chemin, même si ça passe parfois par des choix difficiles, par des renoncements, par le refus de l’air du temps, et de la pensée unique...

Il nous invite à ne pas nous tromper de chemin dans la recherche du bonheur : il nous invite à être BIEN-HEUREUX, et non pas MAL-HEUREUX.

Ce n’est pas une série de directives à observer, mais une direction à suivre.

Chacun de nous peut se demander pour cette semaine : suis-je assez pauvre de moi-même pour devenir riche de Dieu ? Suis-je repu de mes certitudes, ou ai-je faim et soif de Dieu et de sa Parole ?

Est-ce que je peux refléter le visage de Jésus pour les personnes que je vais rencontrer, et qui sont en attente d’une parole, d’un geste ?

Et Jésus nous encourage et nous dit, comme à ses disciples : « En marche ! vous serez comblés de joie ! »

Amen

 

Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent

16 février 2025

Paroisse St Louis de Montfort



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