Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1Co 15, 1-11 ; Lc 5, 1-11
Contexte : Dimanche de la Santé
Ce 5e
dimanche du temps ordinaire coïncide aussi avec le dimanche de la santé
dédié
aux soignants, médecins, infirmières, aide-soignant, kinés,
aux visiteurs de malades, aux équipes
d’aumôneries, aux auxiliaires de vie. Au calendrier, le dimanche de la
santé, instauré
à la fin des années 80 précède
la
journée mondiale des malades le 11 février, fête de Notre Dame de
Lourdes.
La
vocation du prophète Isaïe on peut la situer chronologiquement
en l’an 740 avant J.-C.
année de la mort du roi Ozias. Isaïe se sent indigne de répondre
à l’appel du Seigneur qui veut
l’envoyer en mission : « …
je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple
aux lèvres
impures… ». Il se sent faible, fragile, imparfait, incapable
devant la
grandeur et la sainteté du Très Haut, proclamée par les séraphins «
Saint ! saint ! saint, le Seigneur de
l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire », cette
sainteté
que nous proclamons dans le « Sanctus » à chaque
messe ! C’est grâce au
Seigneur qui purifie ses
lèvres, qui efface ses péchés qu’il peut répondre à son appel :
«Me
voici : envoie-moi ». Nous aussi, au-delà de nos
fragilités,
insuffisances, faiblesses, grâce
à la
force que donne le Seigneur nous
pouvons
devenir les messagers de sa Bonne Nouvelle.
Paul,
lui, a passé une partie de sa vie à
persécuter les membres de l’Eglise de Dieu. Lui aussi se sent indigne de
partager la mission des Apôtres. En s’appliquant le terme d’avorton,
il
reconnaît son infériorité face aux autres apôtres. Mais la grâce de Dieu
qui
l’a investi lui a donné courage et force pour professer sa foi dans le
Christ
et annoncer la Bonne Nouvelle du salut ! Dieu
n’appelle pas que des saints pour
l’annonce de l’évangile, il appelle des pécheurs, invités à la
conversion et à
grandir en sainteté !
C’est
au bord du lac de Génésareth que le pêcheur Simon Pierre et ses associés
Jacques et Jean, fils de Zébédée écoutent avec la foule les
enseignements de
Jésus. C’est dans une barque sur ce même lac que se situe l’épisode
appelé
« pêche miraculeuse ». Après une nuit désastreuse
passée sans
prendre de poissons, Pierre et ses associés sont découragés. Mais à
l’injonction de Jésus : « Avance au large, et jetez vos
filets
pour la pêche », ils capturent une telle quantité de
poissons que leur
barque manque de chavirer ! Suite à ce miracle, Simon-Pierre tombe
à
genoux devant Jésus, le Tout Autre, le saint de Dieu, qui dès à présent
va
l’envoyer vers une toute autre occupation. Pierre, Jacques et Jean vont
laisser
leurs occupations habituelles pour suivre Jésus, même s’ils se sentent
pécheurs
et incapables face à leur désormais maître. « Dieu
n’appelle pas seulement
ceux qui sont capables, mais il rend capables ceux qu’il appelle »
comme
aime à le rappeler notre évêque auxiliaire.
Sœurs
et frères, nous bénéficions tous à
certains moments de notre vie de l’aide précieuse des médecins, des
infirmières, des kinés, des auxiliaires de vie, mais aussi de la
présence réconfortante
des visiteurs de malades. Toutes et tous nous sommes appelés à offrir,
même
occasionnellement, de notre temps, de notre joie de vivre pour être
présents
auprès des blessés de la vie, malades, personnes âgées ou isolées,
personnes
fragilisées par la survenue d’un deuil ou d’une séparation. Pour être
vraiment
disponibles, à l’écoute des autres, nous pouvons compter sur la force et
l’énergie que Dieu seul peut nous offrir.
Parmi les vœux que nous présentons à
celles et ceux que nous aimons, lors d’une année nouvelle ou lors d’un
anniversaire, les vœux de santé prennent en général la première
place ! Car
nous estimons que la santé est le bien le plus précieux ! Malades
et
souffrants, nous sommes reconnaissants aux soignants de nous soulager.
Reconnaissants
aussi à celles et ceux qui nous réconfortent par leur présence amicale.
Les spécialistes de la santé préconisent
de faire au moins 6000 pas par jour (au delà de 65 ans) pour contribuer
à nous
garder en bonne santé ! Combien de pas sommes-nous prêts à
effectuer (à
tout âge) pour aller voir une personne fragilisée par la maladie ou
exclue pour
toute autre raison ? Combien de kilomètres sommes-nous prêts à
parcourir
pour visiter une sœur, un frère hospitalisé ou en maison de
retraite ?
Combien de temps sommes-nous prêts à consacrer à quelqu’un qui est dans
la
détresse ? Même si l’amour du prochain n’est pas mesurable ni
quantifiable, pratiquons, jour après jour, les pas de la charité.
Dieu nous envoie car nous sommes tous
appelés à avancer au large, comme Simon-Pierre, même si nous avons du
mal à
quitter la sécurité de nos rives et la terre ferme de nos habitudes
! Nous
sommes toutes et tous appelés à quitter nos conforts, nos certitudes,
nos
égoïsmes pour de fructueuses rencontres, au service de nos sœurs et
frères en
humanité, particulièrement les plus fragiles. Si nos propres forces n’y
suffisent pas, c’est en mettant notre confiance dans le Christ que nous
pourrons dépasser nos échecs, car c’est Lui qui fera porter du fruit à
nos
engagements, car « éternel est son amour » !
Conscients de nos faiblesses et de nos manquements, parfois découragés, osons, malgré tout, continuer à servir dans nos divers engagements ! Confiants en la grâce du Très-Haut, avec humilité, osons répondre avec Isaïe à l’appel de Dieu : « Me voici : envoie-moi » !
Arsène
BUCHHOLZER,
diacre permanent
Heiligenberg – Oberhaslach
9
février 2025