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2° dimanche ordinaire

Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; 1Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

Les noces de Cana. C’est cet épisode hyper connu qui nous est proposé aujourd’hui, au tout début du temps ordinaire, juste après le baptême de Jésus qui inaugure chaque année liturgique.

Épisode hyper connu ? Pas sûr. Un texte que sans doute tous les chrétiens connaissent, mais, faites le test autour de vous, ou même un micro-trottoir : « les noces de Cana, ça vous parle ? » À moins de tomber sur un chrétien, il y a peu de chances que la personne interrogée soit capable de vous raconter le récit que nous venons d’entendre.

Ce texte figure parmi les dix passages d’évangiles que l’Église propose aux fiancés pour leur mariage. Or, depuis 18 ans que j’ai le bonheur de présider des mariages, jamais les fiancés que j’ai accompagnés n’ont choisi ce texte. Pourquoi jamais ?

Il faut dire qu’en fait, ce texte est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. Ce n’est pas simplement un récit, une anecdote, un miracle de plus parmi tous les miracles de Jésus. Si Saint Jean nous raconte cet épisode, et qu’il est le seul des quatre évangélistes à nous le raconter, c’est qu’il faut le lire comme tous les autres récits de Saint Jean : non-pas un récit factuel, journalistique, mais plutôt un message codé, un enseignement symbolique, pratiquement une parabole. 

En effet, le contexte des noces et son banquet  indique aux lecteurs avertis de St Jean l’évocation du « festin des noces de l’Agneau » ; et les noces de l’Agneau, c’est le symbole biblique de l’alliance du Christ et de son Église. Déjà, bien longtemps avant l’évangéliste Jean, le prophète Isaïe, dans la première lecture, évoque l’avènement du Salut avec l’image du mariage : « Le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

On entendra tout à l’heure le prêtre dire, en élevant l’hostie et la coupe consacrés : « heureux  les invités au repas des Noces de l’agneau ». Les invités, c’est nous ; le repas, c’est celui qui est préparé par Dieu à notre intention, pour nous accueillir dans son royaume quand l’heure sera venue.

Saint Jean veut donc nous parler de cette alliance-là, qui scelle l’amour infini de Dieu pour l’humanité. Pas de l’amour des deux mariés, qui sont d’ailleurs complètement absents du récit, mais de l’amour de Dieu pour son Église, et tout particulièrement du moment où on le célèbre, c’est-à-dire les noces, le banquet, le festin. L’heure de célébrer cet amour. Quand Jésus dit à sa mère « Mon heure n’est pas encore venue », c’est bien de cette heure-là qu’il parle. Il vient tout juste d’être baptisé, il n’a pas encore commencé sa mission. L’heure du repas des noces de l’Agneau n’est donc pas encore venue, mais elle est déjà présente en espérance, et l’évangéliste nous met déjà l’eau à la bouche, si on peut dire. 

Si donc on considère ce récit de Saint Jean comme une parabole, il faut essayer de voir chacun de ces éléments comme des signes. Voyons rapidement quelques pistes, que chacun pourra suivre s’il souhaite approfondir personnellement.

Voilà donc quelques éléments qui confirment que l’évangile de Saint Jean peut toujours se lire au premier degré, bien sûr, mais que c’est au deuxième degré qu’il a été écrit. Et c’est au deuxième degré qu’il révèle toute sa puissance, toute la force de sa révélation. L’intention évidente de l’auteur est de nous révéler que la venue dans notre humanité de ce Jésus n’est pas simplement un fait historique. D’ailleurs, sur ce point, tout le monde était d’accord à l’époque. Ce que nous révèle Saint Jean, c’est que Jésus, c’est bien Dieu qui s’incarne pour nous annoncer le Salut.

Finalement, on comprend pourquoi la plupart des fiancés ne sont pas plus attirés que ça pour choisir « les noces de Cana » comme évangile pour leur célébration de mariage. Il n’apparaît pas de manière évidente que ce texte parle du mariage d’un homme et d’une femme. 

Pour nous en tout cas, c’est clair : le festin des noces est servi, le vin du Royaume est tiré, alors laissons Jésus redire à chacun d’entre-nous comme aux serviteurs : « puisez maintenant » !

Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent

Maisdon sur Sèvre, Boussay et Clisson

19 janvier 2025




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