Ha 1, 2-3; 2, 2-4 - Ps 94 - 2Tm 1, 6-8.13-14 - Lc 17, 5-10
Avant le concile Vatican II, la proclamation des lectures bibliques à la messe était réduite : souvent une seule lecture (épître) et un évangile.
Le concile, dans la constitution Sacrosanctum Concilium (1963), a demandé une plus grande « ouverture des trésors de la Bible » afin que nous entendions davantage de passages de l’Écriture. Chaque dimanche, on lit désormais : Une lecture de l’Ancien Testament, Un psaume, Une lecture du Nouveau Testament (épîtres ou Actes) et Un passage d’Évangile.
Cela permet une meilleure mise en relation de l’Ancien et du Nouveau Testament. La première lecture est choisie pour être en vis-à-vis de l’Evangile et la seconde lecture est une lecture suivie d’un texte (sauf exception : en ce moment nous entendons les épitres de Paul à son ami Timothée.)
Aujourd’hui, et je trouve que ce n’est pas toujours le cas aussi clairement, nous avons une harmonie de ces 4 textes pour baliser un chemin de Foi.
Le mot latin fides signifie à l’origine « foi, confiance, loyauté».
De ce radical sont issus plusieurs mots français.
• foi (religieuse ou au sens de « confiance »)
• fidèle (et ses dérivés : fidélité, infidélité)
• confier et sa famille : confiance, confident, confidentiel, méfiance, etc.
• fiancé (anciennement « celui à qui l’on a donné sa foi »).
Foi, Fidélité, confiance.
Alors regardons comment se chemin de Foi nous apparait dans les textes, aujourd’hui.
Le petit prophète Habacuc lance un cri, un appel au secours, devant le déchaînement de la violence ; mais c’est le cri de la révolte suprême, celle du silence apparent de Dieu. « Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? »
La violence dont parle le prophète c’est celle des ennemis, de Babylone. Mais aujourd’hui nous pouvons penser que la violence est partout, à Gaza, en Ukraine, au Congo, mais aussi dans les rues de Nantes, dans les relations sociales, dans la politique, dans le voisinage.
Or, Habacuc ne se fait pas rappeler à l’ordre. La réponse que Dieu lui fait n’est pas un reproche ; il l’invite seulement à la patience et à la confiance.
« Le juste vivra par sa fidélité » ou, pour le dire autrement, c’est la confiance en Dieu qui nous fait vivre. La foi, c’est tenir bon, même quand tout semble obscur. C’est croire que Dieu agit, même si ses chemins dépassent notre regard.
Mais pour faire confiance il faut le mériter, disons-nous souvent.
Alors le psalmiste compare Dieu à un rocher. Malgré l’infidélité du peuple (« vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit. »), malgré cette inconstance du peuple, Dieu est fidèle et reste présent. Dieu a bien inspiré la confiance, mais parfois nous l’oublions.
Dans sa lettre, Paul rappelle à Timothée que la foi est un don reçu – « le don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains » – mais aussi une responsabilité : « ravive le don gratuit de Dieu » La Formule est étonnante : « Ravive le don gratuit de Dieu » ; c’est donc que les dons de Dieu peuvent s’éteindre en nous !
Nous tous, baptisés, nous l’avons reçu cette grâce de la foi. Le feu de l’Esprit saint !
Comment l’entretenons-nous ? Nous l’avons reçu une fois pour toutes, ou bien nous essayons d’en vivre et de la faire fructifier ? Car la foi n’est pas statique. Elle se nourrit : de prières, de la Parole de Dieu, des sacrements, notre service des plus petits, et aussi de notre volonté au quotidien.
Dans l’Evangile les apôtres demandent à Jésus d’augmenter leur foi. Mais Jésus répond un peu à côté : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, … » L’air de dire : la question n’est pas la quantité, mais la qualité de notre confiance. Croire, ce n’est pas une chose acquise, définitivement. C’est plutôt se laisser habiter par Dieu, avec humilité, comme le serviteur qui ne cherche pas d’abord sa récompense, mais seulement de faire la volonté du Père.
Rappelez-vous Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. »
Nous sommes libres et autonomes, car Dieu l’a voulu ainsi. Mais vouloir tout régler tout seul, avec un Dieu qui ne serait là que pour évacuer ce qui serait un obstacle, une contrariété, une souffrance, ce n’est pas le chemin de Jésus : le Christ a accepté de servir malgré la couronne d’épines et les clous par amour de son Père et par amour pour nous.
La foi, comme pour Habacuc, c’est de savoir que Dieu nous aime, qu’il fait tout pour nous mais que le chemin qu’il nous propose passe par des endroits difficiles.
La Foi pour Timothée c’est de raviver l’Esprit que nous avons reçu à notre Baptême. Et ainsi notre foi grandira et pourra déplacer des montagnes.
Mais ce ne sera pas par nos propres forces, mais parce que nous avons été des serviteurs confiants et Fidèles.
Amen.
En toi, j'ai mis ma confiance, ô Dieu très Saint,
toi seul est mon espérance et mon soutien ;
c'est pourquoi je ne crains rien, j'ai foi en toi, ô Dieu très Saint,
c'est pourquoi je ne crains rien, j'ai foi en toi, ô Dieu très Saint.
Philippe ARRIVÉ, diacre permanent
Paroisse St François des Coteaux
Le 5 Octobre2025