Un second dimanche où Jésus nous parle de repas, de banquet et du royaume… ça doit être important pour Lui parce que ça l’est pour nous, car c’est pour notre bonheur qu’il ne nous enseigne pas pour son plaisir ni par devoir mais par amour pour nous !
En revanche, je vais peut-être décevoir peut-être même contrarier certaines personnes mais Jésus ne se formalise pas de la place que j'occupe dans cette église ou ailleurs d'ailleurs… que ce soit au premier ou au dernier rang peut lui importe. Vous allez me dire « Mais c'est ce qu'il dit dans l'Évangile ! » En effet, mais l'Évangile n'a jamais été et ne sera jamais une leçon de morale, ni de bienséance : savoir quelle fourchette ou quelle place ? Ici ce sont des paraboles ! L'Évangile c'est la Bonne Nouvelle du Salut offert à tous, celle de l'amour infini d'un Père offert à tous… pour être vécu et partagé par tous.
Vous le savez, je suis diacre, et souvent je porte une petite croix bien visible.... Elle n'est pas là pour dire « regardez-moi je suis diacre, j'ai reçu l’ordination ! » Non elle est là pour vous rappeler, et surtout, pour ME rappeler, que je suis ordonné, configuré au Christ serviteur, que je suis, dans la simplicité, appelé, entre autres, à aimer mon frère ou ma sœur, à les aider dans le service, à l'image du Christ qui s’est fait Serviteur avec le secours de l’Esprit Saint !
Petite digression aider-aimer bien peu de différence, n’est-ce pas ? Alors peut-on bien aider sans aimer ? …..
À un moment Jésus dit « quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé… » Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me fait penser immédiatement au lavement des pieds. Vous savez, quand Jésus sort de table, prend un linge et lave les pieds de ses apôtres, la mission de l'esclave dit-on à l'époque, et leur dit... et NOUS dit ! « C'est un exemple que je vous donne… » et il complètera par « vous aussi aimez-vous comme je vous ai aimés » sous-entendu jusqu'à donner sa vie.
Eh bien, on peut se mettre au premier ou au dernier rang de l'église, peu importe, tant que notre position et notre disposition s'ajuste au plus près à celle du Christ, lui qui vit sa vie dans l'humilité, lui notre Dieu. Regardez aujourd'hui, il est totalement présent dans ce tout petit bout de pain, celui de l'Eucharistie, que nous allons partager. N'est-ce pas être humble pour un Dieu tout puissant d’amour, que de se présenter dans un minuscule bout de pain ? De se faire manger pour partager sa vie, pour donner son Esprit d’amour ?
Déjà du temps de Ben Sira l'humilité était reconnue comme une qualité pas comme une servitude, ni comme une soumission, mais la capacité de se mettre simplement au service dans l'humilité. Cette humilité refuse l'orgueil, la racine de bien des maux. Cette humilité qui oblige à l'écoute de l'autre dans ce qu'il est, pas dans ce que je voudrais qu'il soit, ou qu’il devienne !
Oui notre Dieu s’est fait humble parmi les humbles pour que nous puissions, nous aussi, vivre l'humilité sans peur, sans rejet. Lui se fait humble pour montrer que l'amour gratuit, l’amour fraternel n'a pas de limite, sauf celles que l’on s’imposerait personnellement ! Serait-ce encore de l’amour si j’impose mes propres limites ?
Pas de limite car nous sommes tous invités à son Banquet. Le banquet ça nous fait penser tout de suite à un repas avec beaucoup de victuailles, du bon vin, de la musique et des invités… Mais les personnes qui n'ont pas de quoi se nourrir aujourd'hui sont certainement encore plus sensibles que nous à cette image et c'est juste ! Un banquet… un banquet n'est pas seulement un repas ! Avant de s’asseoir il faut se rassembler autour de celui qui nous invite, faire assemblée comme nous tous aujourd’hui. Cette semaine, Jésus nous parle des personnes qui invitent du monde ! Avant de festoyer, nous nous reconnaissons une assemblée de personnes qui se retrouvent pour partager la joie d'être ensemble, la joie d'être invité, la joie de voir ceux qui me sont donnés, mon voisin, ma voisine, que je ne connais peut-être pas, avec qui je partage ce repas et passer du temps ensemble. Car je n’ai pas à me cacher ou rester dans mon coin. je vis ce repas avec ceux qui m'entourent ! Je suis appelé à vivre avec eux à les aimer dans leur simplicité dans l'humilité mais surtout dans la vérité par l'Esprit du Christ qui nous est donné.
L'humilité ce n'est pas se cacher ou servir en s'épuisant ou être soumis à quiconque sans être reconnu ! le service dans l'humilité c'est servir, aider, accompagner, échanger, rejoindre, pardonner et sans doute bien plus, vous le savez aussi bien que moi, servir par amour non par devoir, dans la simplicité de la rencontre, celle de mon frère ou de ma sœur dans leur dimension propre et bien sûr d'abord dans leurs besoins, pas selon mes envies.
En
vous parlant d'humilité, je pense aujourd'hui aux aidants dans les
familles, les bénévoles ou salariés en EHPAD, dans les hôpitaux, dans
les rues, aux maraudes, aux associations de secours… enfin…toutes ces
personnes qui simplement se mettent au service pour que l'autre soit
reconnu dans sa dignité, que l'autre soit aidé dans son besoin, que
l'autre soit servi par amour et que cet amour soit partagé pour que
chacun connaisse la joie, la joie d’être aimé.
Amen
!
Patrick DOUEZ, diacre permanent
Paroisse Saint Matthieu sur Loire
31 août 2025