Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueilLa Sainte Trinité
Nous fêtons donc aujourd’hui la Sainte Trinité, c’est-à-dire ce Dieu
que nous proclamons en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit
Saint. Pour ceux parmi nous qui sont croyants depuis toujours,
c’est une évidence. Ça l’est moins pour les personnes plus récemment
converties, ou pour les plus jeunes. Le sujet est en tout cas
incontournable lors de l’accompagnement d’adultes qui cheminent vers le
baptême ou la confirmation. Et pour ceux qui ne partagent pas notre
foi, le concept de trinité est même carrément incompréhensible, pour ne
pas dire plus. Les musulmans nous interpellent fortement sur la Trinité
: ils y voient une preuve de notre hérésie vis-à-vis du monothéisme.
En effet, comment comprendre cela ? Nous proclamons un Dieu unique, et
en même temps nous disons qu’il est en trois personnes, et que chacune
de ces trois personnes est Dieu. Ça ferait donc trois dieux ?! ou même
quatre ?! Le Mystère de la Trinité mérite bien son nom !
Pour faire comprendre ce mystère, de nombreux pasteurs se sont essayés
à comparer la Trinité avec des réalités concrètes. St Patrick, le plus
connu, a évangélisé l’Irlande en proposant le trèfle pour modèle de la
Trinité : une seule plante, trois feuilles. D’autres ont évoqué la
stabilité du trépied. D’autres encore prennent l’image d’un triangle
équilatéral, avec des flèches à double sens qui partent et aboutissent
à chacun de ses angles. On a même vu ici, dans notre paroisse, il y a
quelques années le père Sébastien exhiber une éolienne miniature, avec
ses trois pales qui ensemble, par leur mouvement, produisent une
énergie nouvelle ! Chacun pourra trouver dans ces comparaisons des
éléments qui l’aident à concevoir l’un ou l’autre des aspects de la
Trinité. J’avoue que l’image qui me parle le mieux, personnellement,
c’est celle qui apparaît dans cette petite histoire :
Un prédicateur, lors d’un pèlerinage avec ses paroissiens, leur propose
de contempler la petite rivière qu’ils longent depuis un certain temps.
« Ce ruisseau, dit-il, cette eau qui traverse notre paysage, qui
irrigue et qui donne la vie, dans la Trinité, c’est l’image du Fils.
C’est Jésus qui est venu parmi nous, traverser nos existences, et nous
donner la vie, en étanchant notre soif. » Et la marche reprend, en
silence, chacun méditant sur cette belle image. Un peu plus loin, le
petit groupe arrive à la source. « Nous y voilà, reprend le prêtre : la
source, c’est l’image de Dieu le Père. C’est lui qui est la
source, l’origine de tout ce qui vit. Comme de cette source vient
ce ruisseau, du Père vient Jésus, le Fils qu’il nous a donné. » L’un
des paroissiens intervient alors : « nous avons bien compris l’image du
Fils, et celle du Père. Mais l’Esprit Saint, où est-il ? »
Réponse du prêtre : « Observez cette feuille qui file le long du
ruisseau. D’où lui vient son mouvement ? Du courant. Eh bien l’Esprit
Saint, c’est le courant de ce ruisseau. C’est le mouvement qui vient de
la source et qui fait exister la rivière ; c’est cette dynamique qui
permet au Père d’engendrer le Fils, pour nous donner l’eau vive. C’est
lui qui nous porte et nous fait avancer, comme cette feuille est portée
par le courant. Comme le courant de cette rivière, l’Esprit Saint, on
ne le voit pas, on ne voit que les effets de son action. »
Peut-être que cette histoire peut nous aider à saisir une réalité de la
Trinité. Mais certains la trouveront encore un peu abstraite, malgré
tout. Alors je vous propose encore une piste, plus accessible
peut-être, plus incarnée en tout cas.
Cette personne unique en trois personnes distinctes, qu’elle ne nous
étonne pas trop ! Parce que, finalement, nous connaissons tout plein de
personnes qui rentrent dans ce schéma !
Si vous le permettez, une fois n’est pas coutume, je prendrai un exemple que je connais bien : moi-même, en toute modestie.
Un de mes élèves m’aperçoit dans la rue. Il dit à sa maman : « tiens !
voilà mon prof de techno ! » et de fait, il a raison, pour lui je ne
suis que son professeur de technologie. Un peu plus loin, je
croise deux d’entre-vous, qui se disent l’un à l’autre, « voici un
diacre de notre paroisse ». Et ils ont raison. C’est ainsi qu’ils me
connaissent. C’est même peut-être tout ce qu’ils savent de moi.
J’arrive chez moi, une de mes filles m’accueille : « bonjour papa ! »
Pour elle en effet, je ne suis pas autre chose que son père.
Ne suis-je pas, pourtant, qu’une seule et même personne ? Les
personnages de cette histoire ont bien tous rencontré une seule
personne : l’un a rencontré son prof, l’autre un diacre, et la
troisième, son père. Trois personnes différentes, mais c’est bien la
même personne. Rien de plus banal. Vous pouvez certainement aussi vous
appliquer cette parabole à vous-mêmes, ou à des personnes que vous
connaissez.
Cette analogie un peu forcée a bien évidemment ses limites. Mais si
elle nous aide à faciliter notre approche de la Trinité, alors tant
mieux.
Quoi qu’il en soit, la Trinité n’a pas fini de révéler son mystère.
D’ailleurs, c’est le sens du mot mystère : « Vérité inaccessible à
l’intelligence humaine, mais dont le contenu ne peut être saisi que par
la révélation divine » nous dit le Larousse. Il ne s’agit donc pas de
tenter de comprendre, intellectuellement, la Trinité. De toutes façons,
nous en sommes bien incapables, humainement. Mais il s’agit plutôt,
intuitivement, d’en saisir le sens. En nous appuyant bien-sûr sur ce
qui nous est révélé par Dieu, à travers sa Parole, mais aussi en
écoutant ce que nous en disent ceux qui la connaissent bien.
La Trinité, finalement, nous l’invoquons souvent, ne serait-ce que
lorsque nous faisons notre signe de croix : nous disons « au nom du
Père, du Fils et du St Esprit ». Le geste qui consiste à tracer
sur nous-mêmes une croix nous rappelle d’abord le Fils, Jésus, qui
s’est donné pour nous jusqu’à mourir sur la croix. Mais il nous parle
aussi du Père, qui nous a donné son fils. Ce geste vertical au début du
signe de croix, évoque ce don que nous fait notre Père, depuis le ciel,
jusqu’à nous, sur la terre. Le don de l’Esprit Saint, que Jésus a
promis à ses disciples, et qui s’est accompli à la Pentecôte, et chaque
jour depuis.
Et puis nous terminons notre signe de croix par ce geste horizontal,
qui nous rappelle notre relation aux autres. Ce signe de croix nous
rappelle donc, à chaque fois que nous le faisons, notre relation
verticale à Dieu, Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, pour que nous
soyons capables de transmettre ce don de Dieu horizontalement, à tous
nos frères humains. C’est d’ailleurs ce que nous commande Jésus
ressuscité dans l’Evangile d’aujourd’hui : « Allez ! De toutes les
nations, faites de disciples ! Baptisez-les au nom du Père, du Fils et
du St Esprit ! »
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson, église de la Trinité ; St lumine de Clisson.
31 mai 2015
Sommaire année B
retour vers l'accueil