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Dimanche de la Sainte Famille

 

         Alors que nous sommes encore dans les expressions de la joie de la naissance du Christ parmi nous, l’Eglise nous propose de fêter la Sainte-Famille. Elle le fait à travers des textes qui évoquent pour les uns Abraham et pour l’Evangile, l’accueil de Jésus par Siméon et Anne. Le fondement de ces récits est la foi, une foi indéfectible pour ces grandes figures de la Bible.

         C’est d’abord à travers la belle figure d’Abraham que nous pouvons méditer.

         Dans le livre de la Genèse Abram, reçoit une promesse de récompense parce qu’il a entendu et exécuté l’appel de Seigneur “quitte ton pays ta parenté et la maison de ton père, et va  vers le pays que je te montrerai“(Gen 12.1).

         La récompense passe par la venue d’un héritier. Il fait remarquer qu’il est sans descendance directe ce que le Seigneur va contester en lui promettant une descendance de son sang qu’il obtiendra et celle-ci sera nombreuse (“regarde le ciel et compte les étoiles si tu peux. “)

         Abram eut foi dans le Seigneur et son épouse Sara malgré son grand âge, enfanta un fils, Isaac.

         Celui qui était Abram, et qui avait alors 99 ans, va devenir Abraham “car je fais de toi le père d’une multitude de nations (Gen 17,1-8). Changeant de nom car Abram signifie  “père des hauteurs “ et va devenir Abraham “père des multitudes “. Il est invité par le Seigneur à “marcher en sa présence et ainsi tu seras parfait“.

         Il vécut donc dans la foi au Seigneur et sans doute le meilleur exemple de cette attitude en la volonté de Dieu est l’épisode où le Seigneur lui demande de sacrifier son fils Isaac, le fils de la Promesse. Nous savons que le Seigneur arrêtera le bras d’Abraham au dernier moment et lui donnera un bouc pour rendre le sacrifice.

          Dans sa deuxième prédication de l’Avent au Vatican cette année, le cardinal Cantalamessa compare cet événement avec celui vécu par la Vierge Marie à la Croix : “ Avec Abraham, Dieu s’arrête au dernier moment mais pas avec elle. Elle accepte que son fils soit sacrifié, elle le remet au Père, le cœur brisé, mais debout, forte d’une foi inébranlable“ Ce que l’Apôtre Paul dit d’Abraham doit se dire à plus forte raison de Marie : “Espérant contre toute espérance, Marie a cru, ainsi est-elle devenue la mère d’un grand nombre de nations (cf. Rm 4,18) ajoute le cardinal franciscain.

         Abraham pensait en effet que Dieu était capable de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu nous dit l’auteur de la lettre aux Hébreux.

         Nous retrouvons beaucoup de démarches de foi dans le récit de l’Evangile sur la présentation de Jésus au Temple. “ Trois événements sont liés en ce quarantième jour (suivant la naissance de Jésus) la “ purification “de Marie, le rachat du fils premier né Jésus par le sacrifice prescrit par la Loi et la “présentation “de Jésus au Temple“ nous explique le Pape Benoit XVI.

         Le premier événement est lié a ce que prescrit le livre du Lévitique (12,1-4) qui énonce qu’une femme après l’enfantement doit selon la Loi, faire une démarche dite de “purification“. Pourtant Marie n’a pas besoin d’être purifiée après l’enfantement de Jésus ; cette naissance apporte la purification du monde. Mais Marie obéit à la Loi et contribue ainsi à l’accomplissement des Promesses.

         Luc, qui n’était pas Juif et sans doute moins sensible au récit des rites, ne s’attarde pas sur le deuxième  mais présente une scène prophétique de grande foi.

         Le vieux prophète Siméon et la prophétesse Anne, tous deux poussés par l’Esprit de Dieu, sont là dans le Temple et saluent, en tant que représentants de l’Israël croyant, “le Christ du Seigneur, le Messie“

         Siméon est présenté comme Juste, pieux et attendant la consolation d’Israël. Cette expression évoque l’accueil du  Paraclet, le Dieu consolateur. Il prend l’enfant dans ses bras et prononce une grande prière de bénédiction remettant à Dieu sa vie car il a vu “le salut que tu préparais à la face des peuples“

         Il met en évidence que Jésus est “lumière des nations“ et qu’il est là pour la “gloire de ton peuple Israël“.

         Il va aussi annoncer une sorte de prophétie de la Croix, chute et relèvement pour beaucoup en Israël. Il annonce alors à Marie que son cœur  sera transpercé par le glaive de la mort de son fils sur la Croix.

         Anne est une de ces anawims, ces pauvres d’Israël et qui après son veuvage s’est réfugiée au Temple pour servir, car la vie des veuves dans cette société est très difficile .Elle aussi reconnaît en Jésus le Messie attendu et le proclame autour d’elle avec force et dans les louanges.

         Ce qui est aussi très marquant dans cette liturgie c’est que les intervenants sont tous très âgés.

         Dans une société comme la nôtre où l’on s’interroge sur la fin de vie, où l’on réfléchit sur le suicide assisté et autres recherches pour abréger ou éviter la vie, il est bon de constater que dans les tous premiers jours de Jésus sur notre terre ce sont des personnes âgées qui vont l’accueillir lors de son entrée au Temple.

         Cela peut susciter une réflexion sur l’importance de la présence des personnes âgées dans les familles.

         Ces membres âgés sont souvent des ilots de stabilité dans un monde en perpétuel mouvement. Ils sont aussi fréquemment des piliers de foi. Je ne peux m’empêcher d’évoquer que certains de nos catéchumènes actuels cheminent avec nous parce qu’une grand’mère, le plus souvent, leurs  a apporté des rudiments de la foi alors que leurs parents ne les faisaient pas baptiser pour des raisons que je me garderais bien de juger.Je retrouve là une expérience vécue dans une prison pour enfants aux Philippines où prés de la moitié des jeunes rencontrés disaient  devoir leur foi à leur grand’mère.

         Que Dieu soit loué pour ces évangélisatrices qui, je le pense, sont toujours à l’œuvre dans nos familles.

         Nos familles doivent être des centres où la foi s’efforce de vivre et de prospérer. Que ces petites Eglises domestiques, selon l’expression de St Jean Chrysostome souvent reprise, soient des foyers où l’on s’aime et partage la joie d’être aimés de Dieu.

         Que cela soit parfois difficile, ne l’ignorons pas, mais rappelons-nous que sans but à atteindre c’est souvent la piste descendante qui se propose.

         Alors, chers Frères et Sœurs, en ce dimanche de la Sainte Famille, dont nous connaissons les difficultés qu’elle a rencontrées, présentons au Seigneur, présentons à Marie, présentons à Joseph et à nos ancêtres qui sont près de Dieu, oui présentons nos couples, nos enfants, nos petit-enfants, leur avenir et notre volonté d’en faire des enfants de Dieu, ce à quoi nous nous sommes engagés à les faire devenir quand nous les avons présentés au Baptême.

Bonne et Sainte Année 2024 à tous !

 

Georges RENOUX, diacre Permanent

Basilique du Sacré-Cœur, Marseille

Le 31 Décembre 2023


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