Jb 7,1-4.6-7 ; 1Co 9,16-19.22-22 ;
Mc1,29-39
La
plainte de Job c’est celle de l’homme en souffrance qui n’en peut plus
de vivre
épreuve sur épreuve. Le cri de Job c’est le cri
de
l’homme des douleurs. Le cri de Job c’est le cri de celui ou de celle
que nous avons
pu rencontrer sur notre route, ou peut-être notre propre cri à un moment
éprouvant de notre vie.
Le cri
de Job c’est aussi le cri de l’humanité aux prises avec le malheur, la
guerre,
la violence extrême des armes qui tuent, détruisent et mettent sur les
routes
de l’exil des cohortes d’hommes, de femmes et d’enfants… Il suffit
d’ouvrir les
yeux sur le monde actuel…
Je vous
propose de regarder l’homme souffrant à partir du livre de Job et de
regarder
Jésus au contact des souffrants de toutes sortes.
Job, c’est
la figure, l’archétype de l’homme : l’homme dans le bonheur comme
l’homme
en souffrance. Job a connu le bonheur, la réussite, aussi bien sociale
que
familiale : une belle femme, de beaux enfants intelligents, une
situation confortable
avec de nombreux troupeaux, Il était considéré et respecté… Et
patatras ! tout
s’écroule. Catastrophe sur tous les plans : perte des troupeaux,
famille
détruite, mort de ses fils sous la maison qui s’écroule, et après la
richesse,
c’est la santé qui s’en va… il se retrouve sur la paille, sur son
fumier, comme
nombre de SDF sur leur carton ou leur couverture ! On passe à côté
de lui
sans le voir ; et pire, sa femme et ses amis lui font des reproches
et
l’enfoncent. Les gamins se moquent de lui.
Dans
cette détresse physique, psychologique, spirituelle, il tient bon et
réfute les
mauvais arguments de ses interlocuteurs. Il leur demande de se taire, de
faire
silence. Au fond du trou, il se révolte, il s’obstine, il s’adresse à
Dieu ainsi
: « souviens-toi Seigneur, ma vie n’est plus qu’un souffle, mes
yeux ne
verront plus le bonheur ». Au cœur même de sa détresse et de son
malheur,
Job se tourne vers Dieu dont il continue à espérer le salut.
Oui,
dans la souffrance, dans le deuil, dans la violence extrême, nous
pouvons dire
notre souffrance, pleurer, nous révolter. Et ces cris de détresse
peuvent
devenir prière, cri d’espérance vers un Dieu qui sauve. Le Dieu des
chrétiens
n’est pas un Dieu impassible qui surplombe le monde, un Dieu insensible
à nos
souffrances. Dans nos épreuves, nous pouvons connaître le noir, la nuit
absolue, la nuit spirituelle comme beaucoup de saints l’ont expérimenté.
Mais
au bout du bout, comme pour Job, la ténacité dans l’Espérance restaure
l’homme
dans sa dignité et le conduit à la rencontre avec Dieu.
Après
avoir regardé Job, partons à la rencontre de
Jésus. Après son baptême par Jean dans le Jourdain, Jésus pose 3
actes fondamentaux : il appelle ses premiers disciples, il prie et
enseigne dans la synagogue, et il guérit les malades. Sorti de la
synagogue,
Jésus se rend chez Simon. Il se trouve que la belle-mère de Simon est au
lit, malade
avec de la fièvre. Il s’approche d’elle, lui prend la main et la relève.
Tout
l’évangile est parsemé des rencontres de Jésus avec les personnes
souffrantes.
Il se fait proche des malades, est attentif à leurs demandes, écoute
leur
détresse. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » dit-il
à
l’aveugle Bartimée que ses disciples veulent faire taire. Et, il lui
rend la
vue. Par un signe et une parole, Jésus délivre les malades de leur mal,
et les
remet sur le chemin de la vie.
La
souffrance est un mal destructeur qui se met en
travers du projet de Dieu. Il nous faut la combattre. Les lamentations
de Job
ont été entendues par Dieu, parce que sa souffrance atteint
Dieu. Selon François
Varillon « Il n’y a pas à séparer la souffrance du Christ de la
souffrance
des hommes parce que la souffrance du Christ est faite de la souffrance
des
hommes. »
Dans
nos souffrances, avec la grâce de Dieu, nous
pouvons trouver un chemin qui nous fait grandir. Après une maladie
grave, des
personnes disent :« j’ai remis les choses à leur place. Je ne
vois
plus ma vie de la même manière ». L’important c’est toujours de se
tourner
vers la vie. Et, même si le mal nous conduit à la mort, garder la
conviction
que le Christ nous accompagne jusqu’au bout. Lui aussi a subi sa passion
et
connu la mort. Mais en définitive, il a vaincu la mort ; il nous
conduit à
la vie éternelle.
La
religion chrétienne est une religion de la vie, vie à respecter de bout
en
bout. Vie à vivre intensément. A la suite de Jésus, nos efforts pour
lutter
contre la souffrance et le mal, nos actes pour nous faire proches des
souffrants de toutes sortes, sont notre collaboration au projet de Dieu
sur le
monde.
Des
lectures
d’aujourd’hui, nous pouvons retenir 3 enseignements :
-
Pour
Jésus, prière et action sont intimement
liées. Jésus sort de la synagogue et le jour même guérit la belle-mère
de Pierre
et les malades qu’on vient lui présenter. Le lendemain matin, « il
se
leva… et alla dans un endroit désert, et là il priait ».
-
Jésus
se fait
proche des hommes et des femmes en souffrance. Il n’entend pas que la
douce
musique de nos louanges, mais aussi le cri des hommes. Les psaumes en
sont une
belle illustration.
-
Les
guérisons
et miracles de Jésus vont de pair avec l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Selon la
promesse du livre de l’Apocalypse : « Il essuiera toute larme
de
leurs yeux…Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le
monde
ancien a disparu… Voici, je fais toute chose nouvelle. »
Amen
Yves
MICHONNEAU,
diacre permanent
Paroisse Bienheureux Célestin et Michel en Val de Cens (44)
Le
4 février 2024