Année B
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retour vers l'accueil5° dimanche de carême
Jr 31, 31 – 34 ; Ps 50, 3-4, 12-15 ; He 5, 7 - 9 ; Jn 12, 20-33
Contexte : Scrutins
Ce cinquième dimanche de
carême n’est pas un jour comme les autres dans notre paroisse. D’abord,
c’est le dimanche où il nous est proposé de nous investir aux côtés du
CCFD Terre Solidaire, de nous souvenir que notre foi est vaine si elle
ne nous tourne pas d’abord vers les plus pauvres. Et puis, nous avons
eu la joie, hier, de vivre la journée du pardon, à la Trinité. Les
couples de fiancés qui vont ce marier cette année étaient
particulièrement invités à vivre ce temps béni, et à participer à la
messe qui a conclu la journée. Mais aussi, ce matin, nous avons la joie
d’accueillir trois jeunes adultes et deux collégiens de notre paroisse,
qui approchent du terme de leur cheminement de catéchumènes. Dans deux
semaines, ils seront baptisés lors de la veillée pascale, en l’église
de la Trinité. Et ce cinquième dimanche de carême est très particulier
pour eux, puisqu’ils vont participer au rite des scrutins.
Les scrutins ? Mais qu’est-ce que
c’est ? Eh bien, il s’agit pour les catéchumènes, peu avant leur
baptême, de prendre un peu de hauteur et d’observer, de scruter leur
vie, pour apprécier le chemin parcouru, particulièrement depuis le
début de leur parcours catéchuménal, mais plus largement le parcours de
toute leur vie. Scruter non pas pour se juger ni pour être jugé, mais
pour faire le point, paisiblement.
Mais c’est aussi – et surtout –
l’occasion pour eux de mettre en pratique une demande du psaume 25 : «
scrute-moi, Seigneur, et tu sauras que je suis un homme droit ». Se
laisser scruter par Dieu.
Nous-mêmes, nous pouvons aussi
faire avec eux, ce matin, cette petite démarche. Se laisser scruter par
Dieu, avec confiance, laisser Dieu scruter notre cœur, le laisser nous
envahir, afin que nous puissions chaque jour nous convertir davantage.
Lui donner les clés, en quelque sorte. Belle marque de confiance !
« Scrute-moi, Seigneur, je n’ai rien à craindre de ton regard, parce
que je sais que tu m’aimes. Tu sais mon désir, tu sais que je te
cherche. Dans la foi, c’est à dire dans la confiance, je sais que tu
veux pour moi ce qu’il a de meilleur. Dans l’espérance, je sais que tu
me le donnes. Et dans la charité, je réponds par mes actes à ton amour
donné sans limite. »
Cette démarche d’aujourd’hui, en
réalité, c’est la démarche de tout le carême. Il s’agit pour chacun de
nous de nous convertir, de devenir de plus en plus chrétiens. Etre
chrétien, ce n’est pas la conversion d’un jour, mais de toute une vie.
Et qui peut convertir notre cœur sinon Dieu lui-même ?
C’est pourquoi le rituel
des scrutins comporte un rite d’exorcisme, c’est à dire un temps où on
demande à Dieu de nous délivrer du Mal. Dans ce combat contre le mal,
nous sommes bien faibles, et nous le reconnaissons. C’est pourtant un
combat de chaque jour, et nous avons besoin du secours de Dieu pour
l’affronter. C’est pourquoi nous le lui demandons régulièrement, dans
la prière du Notre Père qui se termine par « délivre-nous du mal ».
C’est aussi ce que demande
l’auteur du psaume 50 que nous venons de chanter : « Pitié pour moi,
mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché
». Se savoir pardonné peut nous remplir de joie, car être pardonné est
le signe que l’on est aimé. « Rends-moi la joie d’être sauvé » insiste
le psalmiste. La joie d’être pardonné, la joie d’être aimé malgré nos
fautes, nos erreurs, nos mauvais choix...
A cet égard, la première lecture
de ce jour doit nous remplir d’espérance et de joie, puisqu’elle nous
dit que Dieu vient justement habiter nos cœurs : « Je mettrai ma loi au
plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur » C’est ainsi
que Dieu fait alliance avec nous. Et ce n’est pas une alliance
matérielle. C’est une alliance de cœur à cœur. Lors d’un mariage, les
mariés se passent au doigt l’un de l’autre un anneau pour sceller une
alliance d’amour entre eux. C’est pourquoi on appelle cet anneau une
alliance. Mais Dieu, son alliance d’amour, ce n’est pas seulement par
un objet extérieur qu’il veut la signifier. Il veut la graver jusque
dans notre cœur. « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes
; je l’inscrirai sur leur cœur » et il va plus loin : « Je pardonnerai
leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. » Si ce n’est pas
de l’amour, ça ! Il nous aime au point de pardonner toutes nos fautes,
d’oublier nos péchés. Sommes-nous capables, nous-mêmes, d’en faire
autant, dans nos rapports avec les autres ? Seul Dieu est capable d’un
tel amour.
L’un des effets du baptême est
justement l’effacement des péchés. Et c’est Dieu qui en est le seul
acteur ; pas le baptisé, ni même le prêtre ou le diacre qui le baptise.
Aucun d’eux n’a le pouvoir de pardonner les péchés, mais Dieu seul.
Oui, la démarche de ces
catéchumènes, qui témoignent devant nous de leur quête de l’amour
de Dieu, doit nous rappeler, à nous chrétiens baptisés depuis
longtemps, que cette quête est celle de notre vie. La seule qui vaille
vraiment. Et ce temps de carême est l’occasion que l’Eglise nous donne
chaque année pour nous le rappeler, pour nous aider à renouveler notre
désir de Dieu.
Le chrétien en effet est celui
qui désire Dieu, et qui sait que Jésus est celui qui peut nous mener à
lui.
« Nous voudrions voir Jésus
», demandent ces pèlerins grecs à Philippe, l’un des Douze, dans
l’évangile d’aujourd’hui. Interrogeons-nous, nous aussi. Voudrions-nous
voir Jésus ? Est-ce vraiment notre désir ? Au cours de ce carême,
avons-nous pu percevoir cet essentiel de notre vie ? Et comment
pouvons-nous le voir ? Le CCFD vient nous le rappeler : Jésus est
présent dans notre cœur, bien sûr, mais aussi dans toute personne qui
m’entoure, particulièrement dans les plus nécessiteux, les plus petits,
qui sont nos frères, nos sœurs, parce qu’ils sont le visage du Christ.
« Ce que vous avez fait au plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » nous a-t-il dit.
Gardons un moment de silence, et
laissons au fond de notre cœur cette phrase nous interpeler : « Nous voudrions voir Jésus
» le voulons-nous vraiment ? Personnellement, est-ce vraiment mon désir
? Quels moyens je me donne pour le rencontrer, pour le retrouver dans
le fond de mon cœur ? Pour le reconnaître dans les personnes proches ou
lointaines qui sont mes frères et mes sœurs en humanité ?
Daniel BICHET, diacre permanent
le 18 mars 2018
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