En ce quatrième dimanche du temps
ordinaire, c'est-à-dire le temps qui nous fait cheminer avec Jésus dans
l'ordinaire de sa vie publique, nous le retrouvons à Capharnaüm. Il est
là avec
ses quatre premiers disciples, dont Pierre, dont on sait qu'il habite
cette
cité. Même si la réputation de cette ville n'est pas excellente, elle
est
située dans cette “Galilée des païens“ comme on dit à Jerusalem.Evoquant
la
nécessité d’évangélisation dans un grand port, un commentateur biblique
va
jusqu'à écrire “c’est comme si nous disions aujourd’hui Marseille, ou
Amsterdam,
ou Hong Kong“, lieu de passage, de mélange des races, d’un monde bigarré
(Noël
Quesson in Parole de Dieu).
Jésus reviendra souvent à
Capharnaüm car elle est
située au bord de la mer de Galilée que l’on nomme aussi lac de
Tibériade.
Jésus est un bon Juif. Il est arrivé dans
cette ville et c'est le jour de shabbat. Il va donc à la synagogue,(
dont on
voit encore des vestiges importants lorsque l'on a la grâce de faire un
pèlerinage
sur la terre où vécut Jésus).
Dans la synagogue,
comme les autres participants qui le souhaitent, Jésus va se mettre à
commenter
la Parole de Dieu dans la Torah. L'évangéliste nous dit qu'il
"enseignait
en homme qui a autorité et non pas comme les scribes". Le mot “autorité“
n'a pas d'abord le sens de "pouvoir" mais celui de
"liberté". La mission de celui qui a autorité est de faire grandir
ceux qui sont avec lui pour les libérer de tout ce qui peut les empêcher
de
s'épanouir et de se développer. Alors que les scribes s’appuient sur la
Parole
pour donner leurs commentaires, Jésus va bien au-delà, il vient montrer
que ce
qu'il est et ce qu'il apporte était déjà prévu dans l'Écriture. Car il
est le
Messie déjà annoncé par Moise dans le Deutéronome “je mettrai
dans sa bouche mes paroles et il leur dira
tout ce que je lui prescrirai. “Car “C’est le Christ qui donne
autorité à
la Bible, pas l’inverse“.
Ainsi que "par Moïse nous était
parvenue la Loi de l'exigence divine gravées sur des tables de pierre,
par
Jésus nous parvient la Loi de l'Amour gravé dans nos cœurs (Marcel
Domergue sj,
cf Croire).
Jésus est donc libre d'une liberté
absolue, liberté divine que nous avons du mal à comprendre car nous nous
sommes
soumis à tant de choses qui nous contraignent.
Pourtant l’autorité de Jésus nous pourrions
en vivre sans difficulté car
"elle
n'avilit pas, ne soumet
pas, n'enchaîne
pas, elle libère et fait grandir (Père Michel Steinmetz).
Dans la synagogue il y avait un homme
qui était tourmenté par un esprit mauvais. L’“esprit mauvais “,
c’est“
celui qui s’oppose à la sainteté de Dieu “(N. Quesson) On peut être un
peu surpris
de sa présence dans un “ lieu où la Parole de Dieu devrait être
présentée dans
toute sa pureté“(Frère Claude Sélis, op) mais c'est ainsi. Ce genre
d’esprit,
Jésus a déjà eu à l’affronter, peu de temps auparavant, souvenez-vous
des
tentations au désert. Cet esprit avait vainement attendu que Jésus se
prosterne
devant lui et l’adore. Cependant nous ne devons jamais oublier que ces
esprits
mauvais sont des êtres créés et déchus.
Dieu
et Satan ne doivent jamais être mis au même niveau. Seul Dieu est le
Tout
Puissant et Jésus a vaincu ces esprits mauvais et le Mal est vaincu
depuis la
Résurrection du Christ.
Nous le voyons bien ici. L’esprit
mauvais ne peut supporter l'enseignement de Jésus. Il crie car il sent
qu’il
est vaincu par la force de la Parole d'Amour qui sort de la bouche de
Jésus. Et
il sait qui est Jésus et le révèle : "le Saint, le Saint de Dieu".
Vaincu par la Parole de Jésus et sur son ordre, il va quitter l'homme en
criant
mais celui-ci se retrouve ainsi pleinement libéré, il retrouve sa
dignité
d’homme.
Car
Dieu veut aussi nous
libérer. En
effet "le Christ et à travers lui Dieu lui-même, est ennemi de ce qui
fait
mal aux hommes" (Père Domergue, sj, cf. Croire).
Oui, notre Dieu est un Dieu d'amour et
il nous faut en finir "avec le Dieu qui punit, se venge et fait payer
les
dettes" (idem).Jésus est venu et l’histoire du monde bascule, à
l’enseignement des scribes sur la Loi vient se substituer celui du
Sauveur,
nous avons désormais un testament nouveau.
Dieu veut notre
bien mais il nous laisse aussi
exercer notre responsabilité, notre liberté. C'est dans celle-ci que
nous
pouvons nous laisser envahir par des pièges, des idoles, des addictions
qui
nous enchaînent et nous écartent du Seigneur. Faut-il en citer ? La
volonté de pouvoir, l’appât de l'argent, la recherche de notoriété et
bien
d'autres encore.
Alors notre
esprit préoccupé de parvenir à assouvir ce qui nous aliène laisse se
détruire
en nous l’image de Dieu et ignorer que cette image est dans l'autre et
en
nous-mêmes.
Il nous
faut donc entendre le message du Seigneur à chacune et chacun d'entre
nous et
personnaliser ce que nous dit le
psaume
et y répondre "aujourd'hui je veux ouvrir mon cœur pour écouter la
Parole
du Seigneur“ afin que comme
le souhaite
St Paul nous soyons "attachés au Seigneur sans partage “et pleinement
habités par l’Esprit de Dieu pour proposer l’EVANGILE.
Que la
Vierge Marie, la Bonne Mère, nous aide à y parvenir.
Georges
RENOUX, diacre permanent
Basilique
du Sacré-Cœur
de Marseille
Le
28 Janvier 2024