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3° dimanche ordinaire

              
Journée du migrant et du réfugié.

Le 3ème dimanche de Janvier est la journée mondiale du migrant et du réfugié avec qui nous avons à prier en union fraternelle. Pour alimenter notre prière, l'Église nous propose en premier lieu l'appel de Samuel…L'incompréhension d'abord puis l'abandon et enfin l'écoute. Conseillé, conduit par le grand prophète Élie, Samuel s'en remet à celui qui l'appelle :"Parle, Seigneur, ton serviteur t'écoute." Dit autrement: je ne comprends pas bien ce que tu attends de moi, je ne sais même pas si j'en serai capable mais mon guide m'a éclairé. Il m'a donné confiance en toi qui vient me chercher. Et, pour entendre ta voix, celle qui va me faire avancer et vivre, il me faut t'écouter…Écouter ta Parole.
Comme à Samuel, bien des fois le Seigneur me parle. Il me donne des indices, des signes de sa présence dans ma vie, dans le monde, au cœur même de notre société mais dans la fièvre et le bruit d'une vie trépidante, je ne l'entends pas. Je ne suis plus à son écoute Caché derrière des peurs irraisonnées ou des habitudes, je n'ose pas ou j'oublie de prêter l'oreille à l'AUJOURD'HUI de sa Parole. C'est ainsi que je deviens sourd à celui qui te porte, à ce frère parfois si différent dans sa façon de vivre et ses traditions. Je ne le vois plus et c'est toi Seigneur que je perds de vue. Toi l'Autre, le tout Autre qui vit, existe et se manifeste en chacun de nous!
Dans l'évangile, André et Simon, semblent aussi un peu sourds et aveugles. Leur question "où demeures-tu ?" paraît bien légère. Pensent-ils vraiment que savoir où vit le Sauveur d'Israël, l'Agneau de Dieu désigné par le Baptiste, leur apportera le Salut annoncé et tant attendu? Mais cette question n'est pas plus futile que certaines de nos réflexions ou de nos solutions irréfléchies. Pour vivre ce monde fraternel, auquel nous aspirons tous, et face aux réalités du migrant et du réfugié, cet enfant, cette femme, cet homme, cette famille éreintée, souffrante, à bout de souffle, suffirait-il d'abattre les contraintes matérielles ou administratives ou nos frontières ? N'a-t-on pas à approfondir et regarder en face ces barrières dressées par la pensée, par le cœur, par la peur, ces frontières invisibles, transparentes et pourtant infranchissables pour tant de personnes ?
Que répond Jésus: "Venez et vous verrez." Il n'est pas là pour, comme par magie, palier nos défauts, nos échecs, nos manque de partage, nos incapacités à aimer, non, ce serait se faire illusion et loin de notre foi. D'abord, il nous invite. Il nous invite à nous bouger pour le rejoindre…Venez, puis à ouvrir nos yeux pour avancer sur ses pas… et vous verrez. Il nous invite à une vraie conversion du regard, du cœur et du corps. Quand il nous dit venez, c'est aussi venez en moi; car c'est en moi que vous trouverez la source, l'audace et la force qui vous ouvriront à l'autre. C'est en moi, par l'amour que je reçois du Père et que je partage avec vous, que vous vous ouvrirez à la différence et vaincrez vos frayeurs.
C'est dans la confiance en sa Parole, sa vraie force, que nous dépasserons notre cécité et notre indifférence à voir tant de personnes mourir noyées, mourir de faim, parquées indignement ou exploitées jusqu'à l'épuisement. C'est bien avec Lui et ensemble, quand nous faisons Église, unis par son Esprit en un seul corps, que nous avons à nous mettre en marche sans détourner le regard, à prendre nos responsabilités, à prendre position, à agir, à refuser les injustices et les manœuvres prédatrices. Ensemble pour repousser les rejets, les frayeurs et la peur de l'autre. Pas facile si l'on reste seul…alors ne doutons pas de lui, de son amour et de son Esprit qui vit en nous. L'Esprit Saint fondation, source et vie de son Église et nous la sommes!
Dans son message pour cette journée, notre pape le rappelle : "La mission de l'Église, pèlerine sur la terre et mère de tous, est donc d'aimer Jésus Christ, de l'adorer et de l'aimer, particulièrement dans les plus pauvres et abandonnés; au nombre de ceux-ci figurent certainement les migrants et les réfugiés, qui cherchent à tourner le dos aux dures conditions de vie et aux dangers de toute sorte."
La 101ème journée du migrant et du réfugié une nouvelle invitation à regarder et à voir, à se convertir et à s'engager, à prier avec eux, à prier ensemble pour que la sollicitude de Jésus envers les plus pauvres, les plus vulnérables, soit au cœur de notre foi, au cœur de notre vie, au cœur de l'Église, au cœur de chacun : migrant, réfugié et sédentaire. Pour que nous vivions cette sollicitude en vérité et qu'elle continue de nourrir notre prière, pour nous ouvrir et accueillir les uns les autres avec nos différences. Pour que cette sollicitude transforme nos hésitations en volonté, nos réticences en audace qui feront naître des rencontres vraies en chassant nos peurs respectives.
Alors nous découvrirons la joie. La joie de savoir l'autre reconnu et respecté, la joie d'avoir donné un nom et un visage à un frère ou une sœur. La joie de vivre avec les autres dans l'Esprit et l'amour qui est offert à tout homme de ce monde.
Une dernière phrase du pape François de la Joie de l'évangile : "Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre !"


Patrick DOUEZ
25 janvier 2015
 



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