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3° dimanche de Carême




    Nous ne connaissons sans doute pas tous les évangiles, mais cet épisode, où Jésus serait, paraît-il, en colère est bien connu des chrétiens… et même des non-chrétiens. Si colère de Jésus il y a, elle n'est pas contre l'homme mais contre des pratiques incohérentes avec la loi donnée par Dieu à Moïse se rapprochant de rites païens.

    Rappelons-nous quand Marie et Joseph viennent présenter Jésus, nouveau-né, au temple, ils offrent en sacrifice 2 petites colombes... Qu'ils achètent sur place. Aujourd'hui Jésus s'élève contre ces pratiques en faisant référence au livre du prophète Isaïe et aux psaumes « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce » rappelant ainsi le qu'il est venu, non pour abolir la loi, mais bien pour la révéler pleinement, l'incarner. C'est par son incarnation qu'il voit l’indécence de vouloir quantifier l'amour et la miséricorde de Dieu comme le faisaient des religions archaïques où l'on sacrifiait bêtes et personnes pour amadouer un dieu versatile et vengeur et bénéficier d’avantages, de pouvoir, d’argent… en succombant à des idoles mortifères (Ps 134) rompant la relation à Dieu, niant notre dignité commune.

    Nous trouvons sans doute leurs façons de faire puériles, dépassées et contraire à la vie, mais en ce début de Carême, n’est-ce pas le moments, le temps favorable (dirait Paul) pour, nous aussi, vivre notre combat spirituel. Quelles sont aujourd’hui, ces idoles qui nous aguichent, nous détournent de la vie d'enfant de Dieu, celles qui nous attirent à la facilité servile, à l'individualisme, à l'égoïsme, aux préjugés voire à la manipulation !... Jésus, hier tenté au désert, aujourd'hui face l’instrumentalisation de la loi livre son combat spirituel face aux tentations malignes. À son image, nous avons, nous aussi, à le mener ce combat en affrontant les idoles d'aujourd'hui qui nous aveuglent, nous avilissent et nous isolent. Par exemple : l’idole du pouvoir teinté d’orgueil qui nous fait mépriser ou avilir l'autre

l'idole de l'argent pensant que tout peut s'acheter niant la valeur même de l'humain

l’idole de l'égoïsme exacerbé par des réseaux sociaux qui se disent communautés mais ne sont qu’une collection d’individus

l'idole du travail où je me noie, parfois, pour refuser ma vie au cœur du monde, peut-être au cœur de ma famille,

l’idole de la peur de la différence qui voit un tout autre un danger,

ces idoles qui nous rendent dépendants, nous entraînant inexorablement vers la désespérance,

Sans oublier toutes celles qui nous sont si personnelles et si secrètes que l'on n'ose même pas les nommer mais qui nous ébranlent profondément.

Encore avec nous aujourd'hui, Jésus combat à nos côtés toutes ces déviances humaines qui nient la bonté de Dieu, sa paternité qui fait de nous des sœurs, des frères. Avec ce que nous montre Jésus, ce qu’il nous partage pour vivre de sa paix, vivons une véritable conversion vers Dieu, avec les autres, nourris par sa parole et de son Esprit de Charité, Lui qui incarne l'amour gratuit de Dieu.

Car Dieu ne marchande pas ! Il ne marchande ni ses dons, ni son amour, ni sa vie, ni son esprit, ni même sa miséricorde. Il se donne entier, tout entier, pour que nous, ses enfants, nous nous donnions, en toute confiance et à notre tour, tout entier à Lui et à nos frères et nos sœurs en partageant notre vie, …sa vie… pour, peut-être nous entendre dire un jour « venez-les bénis de mon père, car tout ce que vous avez fait à ces petits qui sont mes frères c'est à moi que vous l'avez fait".

Dans la foi et la confiance en Dieu, avec la force de Jésus et la puissance de l’Esprit, renforcés par la prière individuelle et collective, comme aujourd’hui autour de cet autel, ensemble, gagnons le combat des idoles, petites ou grandes, qui nous détournent du projet, du dessein de Dieu pour le vivre joyeusement ensemble dès aujourd'hui.

 

Pour conclure, un extrait d’un poème du Patriarche Athénagoras :

 

Je suis désarmé

Il faut mener la guerre la plus dure,

Qui est la guerre contre soi-même.

Il faut arriver à se désarmer.

J’ai mené cette guerre pendant des années,

Elle a été terrible, Mais je suis désarmé

Je n’ai plus peur de rien,

Car l’Amour chasse la peur. […]

Si on se désarme, si l’on se dépossède,   

Si l’on s’ouvre au Dieu-Homme, tout est possible.

 

Patrick DOUEZ, diacre permanent
        le 3 mars 2024



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