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3° dimanche de Carême

      

Si je demande à quelqu’un dans la rue de me citer les 10 commandements, je vais peut-être entendre : tu ne tueras pas, tu ne voleras pas… etc.

Mais nous venons d’écouter la lecture de l’Exode qui nous donne le décalogue, c’est-à-dire les 10 Paroles plutôt que les 10 commandements.

Les premiers commandements concernent notre relation à Dieu. Viennent ensuite les commandements concernant notre relation à autrui, les parents, en premier lieu, puis tous les autres. «Honore ton père et ta mère... Tu ne porteras pas de témoignage contre ton prochain... » Car la relation à Dieu et la relation aux autres sont étroitement liées. Les 5 derniers commandements sont en forme négative : des repères pour une vie en société.

Mais je vous propose de regarder avec attention les 4 premiers, positifs, que l’on peut résumer ainsi :

- Je suis le Seigneur ton Dieu Qui t’a fait sortir du pays d’Égypte de la maison d’esclavage.

- Tu n’auras pas d’autre dieu que moi.

- Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain.

- Souviens-toi du jour du sabbat.

À la fin de sa vie, Moïse redira ces commandements d’une autre manière : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » ( Ex 6, 4-5)

Et tous les juifs pratiquants redisent cette parole tous les jours :

Chémâ, Israël, Ado-naï Elo-henou, Ado-naï Ehad'

« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. »

C’est ce préambule qui justifie tout le reste, qui donne sens à tout le reste. L’originalité de la Loi en Israël, ce n’est pas son contenu, c’est d’abord son fondement : la libération d’Égypte. Israël sait pour toujours que le Dieu libérateur donne la Loi comme un chemin d’apprentissage de la liberté.

Le livre du Deutéronome est une méditation théologique sur les événements de l’Exode et les exigences de l’Alliance avec Dieu : « C’est le SEIGNEUR qui est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. Garde ses lois et ses commandements que je te donne aujourd’hui pour ton bonheur et celui de tes fils après toi, afin que tu prolonges tes jours sur la terre que le SEIGNEUR ton Dieu te donne, tous les jours. » (Dt 4,39-40).

C’est une loi de liberté pour que la vie soit pleinement vécue.

Quand Jésus redira à ses disciples « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. » Il parle du commandement de l’amour, Aimer Dieu et son prochain.

Un grand nombre de personnes parlent des valeurs chrétiennes et pensent à l’amour du prochain. Mais quelle place fait-on à l’amour de Dieu ?

Les deux sont liés. L’un n’a de sens qu’avec l’autre, par l’autre.

« Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier.  Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1 Jn 4 20-21) 

Alors comment aimer Dieu ?

 Il semblerait qu’aujourd’hui nous soyons plus ou moins les égaux de Dieu, ou au moins c’est ce que nos attitudes semblent indiquer, puisque les gestes d’adoration ont pour ainsi dire disparu de notre culture.

Louer Dieu, lui apporter nos offrandes, nous prosterner devant lui… il semble que pour beaucoup de monde, il s’agisse de choses du passé, voire carrément d’autres religions.

Jésus ne nous a-t-il pas dit qu’il ne nous appelait plus serviteurs mais amis ?

Ah oui mais, pour être amis du Christ, il nous faut tout d’abord, comme lui, obéir parfaitement aux commandements de son Père.

Le premier de ces commandements consistant à aimer Dieu, mais d’un amour fait d’adoration et de respect, et non d’une amitié de bons copains.

Le Fils de Dieu est notre Sauveur, mais il ne faut pas oublier que Dieu est aussi notre Créateur, celui à qui nous devons la vie, l’existence et l’être.

D’ailleurs dans quelques minutes nous allons chanter Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu de l’univers !

Le ciel et la terre sont remplis de sa Gloire.

Et nous ne pouvons devenir ses amis que si nous choisissons la dernière place (Lc 14,10), que si nous reconnaissons, dans une attitude humble, notre péché (Lc 18,13).

C’est dans la mesure où nous acceptons de reconnaître notre besoin de Dieu qu’il peut intervenir pour nous aider, mais si nous nous considérons comme ses égaux, alors il ne peut rien faire pour nous, parce que nous sommes déjà pleins de nous-mêmes.

Jésus ne peut guérir que les gens qui lui demandent de l’aide, il ne peut rien pour ceux qui pensent qu’il n’a rien à leur apporter et qu’il n’est pas différent d’eux.

Nos attitudes extérieures disent quelque chose de notre attitude intérieure. Ce ne sont pas juste des conventions sociales ou liturgiques.

Pour connaître la joie de l’amour de Dieu, osons nous agenouiller devant lui, et laissons-le nous sauver.

Peut être qu’au Temple de Jérusalem, c’était de même : Jésus savait bien que quand on vient en pèlerinage, parfois de très loin, on s’attend à trouver sur place des bêtes à acheter pour les offrir en sacrifice. Quant aux changeurs de monnaie, on en a besoin aussi : on est sous occupation romaine, et les pièces frappées à l’effigie de l’empereur sont indignes de figurer à la quête ! Et pourtant, en ville, elles sont indispensables. Donc, en arrivant au Temple, on change ce qu’il faut contre de la monnaie juive.

Il y a longtemps le prophète Osée le disait : « Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes. »

En chassant las marchands, Jésus veut nous dire que l’amour rendu à Dieu n’est pas un commerce : donnant-donnant. Nous lui devons tout.

Si Jésus est notre frère en humanité, il est Notre Sauveur, le Fils de Dieu.

Il a vécu comme nous, enfance, adolescence, un métier manuel.

Mais il a accepté aussi, de mourir pour chacun de nous, comme un esclave condamné à mort.

« Ce Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » Redit St Paul à ses amis de Corinthe.

Durant ce temps de Carême, ce chemin de Pèlerinage vers la Fête de Pâques et la Résurrection de Jésus, marchons dans ses pas, lui qui veut nous montrer l’amour de Dieu pour nous.

Dimanche dernier nous avons vu sa gloire dans le récit de la transfiguration. Mais le chemin vers Pâques passe aussi par le Golgotha et son abaissement extrême.

Retrouvons le chemin de l’adoration de ce Dieu si grand qui ne veut qu’une chose que nous répondions à son amour de Père.


Philippe ARRIVÉ, diacre permanent

ND de Lumière, le 3 mars 2024


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