Année B
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31° dimanche du Temps Ordinaire



Dt 6, 2-6 ; Ps 17 ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34

Se retrouver deux jours après la Toussaint pour commenter la Parole de Dieu est un vrai défi parce que, qui mieux que ceux que nous avons fêtés à la Toussaint : ces femmes et ces hommes que l'Église nous propose de regarder avec attention pour avancer sur notre chemin de foi en Dieu et au Christ ressuscité, pour dire notre confiance en ce Dieu qui les a conduits, inspirés et aimés comme il aime chacun de nous... Qui mieux qu’eux seraient à même d'incarner cette Parole et de la commenter par leurs actes, leurs écrits et leur vie unifiée à Jésus qui les a appelés comme il appelle chacun de nous à chaque instant.
Osons humblement nous approprier la Parole d’aujourd’hui. Dans l'évangile Jésus répond à un scribe qui s'inquiète de savoir quel est le plus grand des commandements dans le foisonnement de ceux de sa pratique religieuse, « voici le premier écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur, tu l'aimeras de tout ton cœur, de tout ton corps, de tout ton âme et le second tu aimeras ton prochain comme toi-même il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là !". N'est-ce pas cette courte phrase qui a su guider la vie de ceux qui peuvent guider la nôtre ?
La réponse de Jésus s’ouvre sur « Écoute Israël » « Sh'ma Yisrā'ël » avant même de commencer ta prière, d’entrer en dialogue avec ton Dieu : pose-toi, vide-toi de tout ce qui t'encombre pour te mettre à l'écoute de Dieu et de l'amour que ce Père te montre. À l’image du scribe, mettons-nous à l'écoute de la parole de Dieu sans nous encombrer de tout ce qui nous accapare pour entrer en relation avec notre Dieu, nous confier pleinement à lui et en recevoir tout son amour. Pourrions-nous croire qu'il nous ait tant donné pour que nous nous l’enfermions en nous et le laissions se dessécher ? Évidemment non ! Comme nous sommes femmes et hommes de ce monde, c'est là que nous avons à le partager, là où nous sommes envoyés par notre baptême, au milieu de ce monde pour le signifier. Envoyés au monde pour dire que chaque personne est aimée de Dieu et capable son tour d'aimer. N’est-ce pas là le principe même de ces personnes qui nous sont données comme repères pour notre vie d'enfants de Dieu, les saints que nous venons de fêter ? Ceux reconnus officiellement par l'Église, mais aussi tous les saints de la vie quotidienne, ceux qui, par leur actions, leur foi, leurs écrits, sont des traces de l’action de Dieu pour notre vie. Ils nous montrent, eux aussi, que l'amour peut se vivre dans la simplicité de la vie d’une femme, d'un homme, d’un jeune d'aujourd'hui, même au milieu de ce monde souvent complexe, brutal et trop souvent violent. Chacun de nous connait, voit, admire peut-être, des personnes qui, par leur engagement auprès de leurs frères et de leurs sœurs, individuellement ou en groupe, soutiennent, aident et soulagent bien des souffrances, en partageant leur vie... Des saints d'aujourd'hui.
En entendant la première lecture, on peut se poser une question : ces femmes et ces hommes, ces Saints ont-ils vécu la « crainte du Seigneur » à laquelle nous convoque Moïse ? Aujourd’hui, la crainte est synonyme de peur, d’angoisse, voire de panique ! comment pourrait-elle être le moteur qui va motiver des personnes à s'engager, à la suite de jésus, jusqu'à donner sa vie pour que l'autre soit sauvé ? La peur, l’angoisse n’ont pas cette capacité de mobilisation, d’engagement nous empêchant trop souvent de nous ouvrir à l'autre.
Bien sûr la manifestation divine, fondement de bien des religions, produit des émotions fortes jusqu'au trouble parfois, l'inattendu de Dieu ouvre à un saisissement mais ces temps ne sont pas faits pour durer laissant place rapidement à la confiance. Cette crainte de Dieu n'est plus une émotion mais une attitude de respect et de choix en la fidélité à l'Alliance d’amour qui nous proposée. Dans la bible le mot crainte est présent de très nombreuses fois. L’associer à la peur ou l’angoisse, est antinomique à ce Dieu qui est Amour et nous le rend insaisissable : comment pourrait-on aimer quelqu'un dont on a peur ? Au-delà d’une émotion instantanée et superficielle, la crainte de Dieu s’exprime dans ma foi et le respect en reconnaissant en lui la source de tout bien, de toute vie, l’origine de notre fraternité : un seul Père pour une seule vie la sienne. 
Cette dimension d'amour peut parfois nous bouleverser en voyant ce qui nous est donné et en prenant conscience que chaque instant de vie, chaque rencontre avec l’autre, est une rencontre avec Dieu car à tout moment, par son Esprit, Dieu est à l'œuvre en ce monde comme il l’est en nous…comme il l’a été en chacun de ses saints ce qui les a guidés sur leur chemin de sainteté.
« Bénis-sois-tu Dieu, pour ta Parole, pour ton Fils et votre Esprit
qui nous entrainent sur notre chemin de sainteté. Amen.

Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 3 novembre 2024



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