Avant-hier,
le prêtre qui présidait la messe portait une chasuble blanche. Hier, sa
chasuble était violette. Aujourd’hui, elle est verte. C’est qu’après la
fête de tous les saints et la célébration en mémoire des défunts, nous
revenons maintenant à ce que l’Eglise appelle le Temps ordinaire…
Avec quel message allons-nous repartir ce matin pour avancer
vers Dieu sur le chemin de la sainteté à la suite de tous ceux qui nous
ont précédés ? « Ecoute Israël : le Seigneur ton Dieu
est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de
toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ». Cette
parole est mise dans la bouche de Moïse. Jésus la reprend à son compte
dans ce passage de l’évangile selon Marc que nous venons d’entendre.
Arrêtons-nous un instant sur trois expressions-clés : Ecoute ! Dieu
est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu…
Ecoute !
L’écoute
est une des toutes premières relations que l’enfant instaure avec son
entourage avant même sa naissance. Il entend et il écoute. Son esprit
s’éveille au son de la voix, de la musique ou des bruits.
C’est aussi l’expérience qu’a connue le peuple juif au moment de sa
naissance comme peuple choisi par Dieu : « Shema
Israël ! Écoute Israël » C’est pourquoi, dans la
tradition des juifs croyants, cette parole est encore reprise chaque
matin.
Cet
appel à écouter est toujours actuel. Voici par exemple les premiers mots
qui introduisent la règle de Saint Benoît chez les moines bénédictins et
cisterciens : « Écoute, ô mon fils, les préceptes du maître
et incline l'oreille de ton cœur »
Plus
récemment, dans le document final du 26 octobre 2024, le synode sur la
synodalité évoque la possibilité d’instituer dans l’Eglise un ministère
de l’écoute.
En
effet celui qui écoute sait qu’il ne sait pas, qu’il a besoin
d’apprendre et de comprendre. Il
évite ainsi deux attitudes : celle du dogmatique qui n’écoute pas
car il prétend connaître la réponse ; celle du sceptique qui
n’écoute pas car il prétend qu’il n’y a pas de réponse.
Pourtant,
Dieu continue de nous parler à travers tous les faits et gestes de nos
vies et de nos rencontres. Mais il nous faut apprendre
de Jésus la façon d’écouter. Et ce qui a guidé Jésus dans sa vie sur
les routes de Palestine, c’est l’attention à son Père et l’écoute des
personnes rencontrées, en particulier celle des pauvres, des marginaux
et des exclus.
On
l’a entendu dimanche dernier dans le récit de l’appel de Bartimée que
Jésus a écouté malgré ceux qui voulaient le faire taire. Oui, écouter à
la manière de Jésus, c’est apprendre Dieu par les autres avec beaucoup
d’humilité. La première invitation de ce jour n’est-elle pas
pour nous d’apprendre à mieux écouter ?
Dieu
est unique !
C’est
la
foi proclamée par les trois religions monothéistes : le judaïsme,
le christianisme et l‘islam. Pour
les Juifs, nous venons de l’entendre, Le Seigneur notre Dieu est
l’Unique. Dans l’évangile de Marc, Jésus lui-même reprend à
son compte ce verset du Deutéronome. On retrouve la même affirmation de
foi en un seul Dieu dans les lettres de Jean, Jacques ou Jude. De
son côté, Paul y revient plusieurs fois, notamment dans sa première
lettre à Tite – Je cite : Il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y
a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme,
le Christ Jésus. (1 Ti 2, 5).
Après
les
deux premiers conciles œcuméniques de Nicée et Constantinople au 4ème
siècle, l’Eglise retient une formulation de la foi chrétienne qui fait
toujours référence. Nous la connaissons bien. Elle commence par ces
mots : Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur
du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible.
Pour
les croyants, l’affirmation d’un Dieu unique suppose que l’on rejette
tous les autres dieux du monde actuel : argent, pouvoir, séduction,
bien-être, politique, mode, etc. Alors, la deuxième invitation à
retenir aujourd’hui, n’est-elle pas de remettre Dieu à la première
place dans notre vie ?
Tu
aimeras !
Pour
une fois, Jésus répond à un scribe sans recourir à une parabole. A la
question posée par un connaisseur de la Loi, il répond par deux versets
du Premier testament. Celui du Deutéronome que nous avons entendu dans
la première lecture. Auquel il ajoute un verset du Lévitique :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. En rassemblant ces deux
versets séparés dans les textes, Jésus montre qu’ils ne font qu’un.
D’ailleurs, dans sa propre vie publique en Palestine, lui-même n’a
jamais dissocié l’un de l’autre. Il a maintenu une relation permanente
avec son Père. Il n’a jamais cessé d’accueillir, d’écouter et de
soulager les personnes qu’il a croisées ou qui venaient à lui. Il a été
particulièrement été attentif aux plus fragilisées, par la maladie, le
deuil, le péché ou l’exclusion sociale. Son amour inconditionnel l’a
conduit à donner sa vie jusqu’au bout. Fils de Dieu, frère des
hommes, il s’est offert en sacrifice une fois pour toutes, devenant
ainsi le grand-prêtre qui nous ouvre les portes de l’éternité. C’est
pourquoi il est capable de sauver d’une manière définitive ceux qui,
par lui, s’avancent vers Dieu.
Alors,
que manque-t-il à ce scribe qui, selon Jésus, n’est pas très loin du
royaume de Dieu ? Nous ne le savons pas exactement. Mais pour
ce qui nous concerne, nous pouvons nous rappeler ce conseil de l’apôtre
Jacques dans sa lettre aux premiers chrétiens : Mettez la
parole en application. Ne vous contentez pas de l’écouter.
Ecoutons
donc la troisième invitation que Dieu nous envoie ce
matin : une invitation à aimer notre prochain avec le
regard bienveillant que lui-même porte sur chacun de nous. Alors, avec
le psalmiste et avec tous les saints du ciel, nous pourrons
chanter encore : Je t’aime, Seigneur, ma force. Dieu mon
libérateur !
Hubert
PLOQUIN, diacre permanent
3
novembre 2024
St Philippe et St Jacques – St Léger – Ste Bernadette