« Que cherchez-vous ? »
Frères et sœurs, dimanche dernier,
nous avons pu nous joindre aux bergers devant la crèche. Avec eux, nous
nous
sommes inclinés devant un petit enfant, avec les Mages, c’est devant
l’Enfant-Jésus que nous nous prosternons. Cet Enfant-Dieu annoncé par
les
prophètes est né dans la nuit ; mais cette nuit s’est faite lumière
pour
tous les hommes, et ce mystère annoncé par les Ecritures s’est révélé en
un
nourrisson venu accomplir le projet de Dieu.
Devant
la crèche, en nous joignant aux Mages et aux bergers, nous avons dit
« me
voici ! » ; un peu comme le jeune Samuel lorsqu’il entend
l’appel du Seigneur. « Tu m’as appelé, me voici ! »
Et
lorsque le Seigneur vient, Samuel répond : « Parle, ton
serviteur écoute. »
Dans le
récit de ce dimanche, Jean Le Baptiste s’adresse à 2 disciples et il
leur
présente Jésus qui n’est plus l’enfant né dans une humble crèche,
mais celui
que beaucoup voudraient mieux connaître.
Ici on
devine que Jean le Baptiste connaît bien Jésus, puisque posant son
regard sur lui
il le présente aux disciples comme étant « l’Agneau de Dieu »
Cette affirmation, les disciples l’entendent, et aussitôt ils se mettent
à
suivre Jésus. Ils le suivent et ils l’interrogent : « où
demeures-tu ? »
Ici ils ne répondent pas à la question
de Jésus lorsqu’il leur demande « Que
cherchez-vous ? » ,
non à cette question ils répondent par une autre question, voilà bien
une
situation plutôt inattendue ! Puisque finalement, on ne nous dit
pas
grand-chose, seulement que les disciples vont et qu’ils voient.
La
question des 2 disciples reste donc posée ; je dirais même que d’autres
se
posent pour nous :
Comment
était Jésus face aux 2 disciples ? Ceux-ci ont-ils pu échanger plus
longuement avec lui ? Où sont-ils allés après ces échanges en
présence de
Jean le Baptiste ? Y avait-il d’autres
disciples à proximité ?
Bien
des questions restent donc posées, comme beaucoup d’autres le sont
d’ailleurs dans
les différents récits évangéliques.
Ainsi
donc frères et sœurs, ce court récit du début de l’évangile de Jean ne
nous
annonce finalement qu’une chose : la venue du Messie, ce
Jésus qui est
« l’Agneau de Dieu », un « Rabbi » ou un
« Maître » qui nous invite à le suivre.
Contrairement aux évangiles
synoptiques, Jésus ici n’appelle pas ses apôtres dès la première
rencontre, il
ne dit pas « Viens, suis-moi ». Dans l’évangile
selon
Jean, tout semble commencer par des regards, et notamment ici lorsque
Jean le
Baptiste présente Jésus aux 2 disciples : « Voici
l’Agneau de
Dieu ». Ainsi, pour lui le ministère de
Jésus
s'ouvre par une affirmation solennelle et par l'annonce prophétique de
la
douceur et du sacrifice à venir de Jésus pour le salut du monde.
On
pourrait également ajouter d’autres regards dans ce récit : après
celui de
Jean le Baptiste il y a celui de Jésus vers les 2 disciples, puis les
regards
des 2 disciples lorsqu’ils ont vu où demeurait Jésus ; et enfin à
la fin
du récit, il y a Jésus à nouveau qui pose son regard vers Simon, le fils
de
Jean.
Des
regards donc, mais peu d’échanges ; hormis lorsque Jésus questionne
les 2
disciples : « Que cherchez-vous ? »
Ici vous
noterez que Jésus ne demande pas qui cherchez-vous ?
Ce
qui devrait pourtant être l’interrogation des disciples : es-tu
Rabbi,
es-tu le Messie attendu, es-tu le Christ ? . . . Jésus ne répond
pas. . . il ne répond pas
mais il donne à chacun la
possibilité de trouver les réponses : « venez et vous
verrez ».
Alors frères et sœurs, ce « que
cherchez-vous ? » adressé aux premiers disciples,
cette
question ne nous serait-elle pas posée aussi à nous aujourd’hui ? En
effet, que
cherchons-nous nous-mêmes dans nos vies ? Quels sont nos désirs,
nos
attentes, nos espérances ? . . . Que voulons-nous vivre dans les
pas du
Christ ?
Tout à
l’heure, des enfants vont être baptisés, de ce fait ils vont devenir
enfants de
Dieu par la grâce du sacrement de Baptême, et plus tard s’ils le
souhaitent,
ils pourront devenir disciples du Christ, un peu comme les 2 disciples
de
l’évangile de ce dimanche. Mais alors la question de Jésus (que
cherchez-vous ?), cette question nous pourrions la poser aux
parents de
ces jeunes enfants. Mais je sais que des réponses leur ont été apportées
pendant le temps de préparation qu’ils ont partagé.
Chars
parents, c’est en tout cas avec joie et très fraternellement que nous
vous
accueillons ce matin en cette église.
Il y a
deux mille ans, Jésus a appelé André, Simon, Jean, mais aussi beaucoup
d’autres.
Aucun n’est devenu apôtre ou disciple aux premiers jours.
Aujourd’hui,
il
appelle encore chacun de nous sans que cela fasse forcément de nous de
fidèles et parfaits chrétiens !
Et si le
Christ connaît chacun de nous, s’il sait nos désirs et nos attentes,
s’il nous
connaît au plus profond de notre cœur, Il connaît aussi nos envies de
paix et
d’amour, nos désirs de charité et de partages, nos actions pour plus de
fraternité et davantage d’entraides ; à chacun donc de faire ou non
le
choix de le suivre.
Si tel
est notre choix, c’est avec tout ce qui fait notre vie qu’il nous faudra
trouver la présence du Christ dans nos vies, à travers les personnes et
les
situations rencontrées, sans
jugement de
valeurs mais humblement, simplement et en toute gratuité.
Frères et sœurs, ne demandons pas au
Christ : « Où demeures-tu ? » Mais
« Que veux-tu que je fasse
pour toi ? », sous-entendu : comment venir en
aide aux
plus petits et aux plus faibles autour de moi ? Comment agir face
aux
violences faites à notre monde ? Jésus n’habite pas dans un lieu,
mais il
demeure dans une personne : « Je suis dans le Père, et
le Père
est en moi ! »
Alors frères et
sœurs : « Venez et vous verrez ! » Et pour savoir qui est Jésus, partageons un peu de sa
vie ,
ne le cherchons pas dans un quelconque palais ou dans une belle et riche
demeure, mais suivons-le sur des chemins d’aventures et de rencontres.
Et
puisqu’il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » ,
engageons-nous à sa suite sur ce chemin de vérité, afin d’annoncer son
Amour
pour chaque homme, et pour vivre de la tendresse que Dieu a pour tous
les
hommes. Simplement et dans chaque instant de notre vie, percevons les
appels du
Seigneur à l’exemple du jeune Samuel : « Parle
Seigneur, ton
serviteur écoute ! »
Frères et sœurs, ce jeudi 18 janvier
débutera la « Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens ».
Elle a
pour thème cette année « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. . .
et ton
prochain comme toi-même ». A l’image du Samaritain dans
l’évangile de
Luc, nous sommes ainsi spécialement invités à nous aimer les uns les
autres, et
à aimer les plus pauvres.
Seigneur,
ouvre
nos cœurs à ceux que nous ne voyons pas, donne-nous de reconnaître notre
prochain dans ceux qui sont différents de nous, afin que nous puissions
vraiment suivre Jésus-Christ, lui qui est notre frère et notre ami.
Prions
frères et sœurs, pour qu’à l’exemple des Mages, les dirigeants de notre
monde
puissent se rassembler dans l’unité et accueillir le Prince
de la Paix.
Amen
Joël MACARIO
14 janvier
2024