Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueil
2ème dimanche du Temps Ordinaire


1S3, 3b-10.19 / Ps 39 / 1Co 6, 13c-15a.17-20


30 siècles ! L’appel du jeune Samuel, dont nous avons entendu l’histoire dans la première lecture, date de 30 siècles ! 3000 ans ! « Me voici, Seigneur ! »  Et un tout petit peu plus tard à la même époque, le psalmiste nous raconte dans le psaume 39 l’appel qu’il a lui-même entendu de Dieu : « Il s’est penché vers moi […] alors j’ai dit : « voici, je viens ». 

3000 ans, rendez-vous compte ! Pour situer cette époque, les Celtes ne s’étaient pas encore implantés sur notre région des bords de Sèvre, où vivaient encore des peuples indo-européens qui s’étaient installés 15 siècles auparavant, venus d’au-delà du Danube. Sur le territoire où nous vivons aujourd’hui, on n’a pratiquement aucune trace d’événements ni de personnages qui vivaient à la même époque que le jeune Samuel. Pour nous, c’était encore la préhistoire !

Pourtant déjà, à cette époque reculée, Dieu avait commencé à appeler depuis bien longtemps sur cette terre du Moyen Orient.

Oui, Dieu appelle ! Il ne cesse d’appeler. Faisons un bond en avant de mille ans dans l’histoire. Nous arrivons à Jésus qui appelle ses disciples, dans l’évangile d’aujourd’hui : « Venez et vous verrez ! ». C’était donc il y a 2000 ans.

On pourrait se dire : que c’est loin, tout ça ! toutes ces histoires, c’est du passé, un passé révolu. Aujourd’hui, de telles histoires ne seraient plus possibles, avec les connaissances que nous avons développées depuis, et surtout notre esprit cartésien qui rejette tout ce qui semble irrationnel. C’est en tout cas ce que pensent beaucoup de nos contemporains. 

Pourtant, c’est une évidence, Dieu appelle encore aujourd’hui ! Et pas seulement dans des contrées lointaines, mais ici, au coeur même de notre paroisse : dans une quinzaine de jours, 3 jeunes adultes feront officiellement leur entrée en catéchuménat dans notre paroisse, en marche vers leur baptême qui aura lieu lors de la veillée pascale 2025. Le dimanche suivant, ce seront 2 autres adultes qui vivront la même démarche. Et le dimanche suivant encore, le 11 février, comme vous l’avez lu sans doute dans le dernier journal paroissial, nous célébrerons ensemble, dans l’église Notre-Dame, l’admission au diaconat permanent de François Proux, qui chemine depuis 4 ans vers une ordination qui pourrait avoir lieu d’ici un an. Et dans moins de 3 mois, 2 autres adultes qui cheminent depuis 2 ans seront baptisés lors de la prochaine vigile pascale, comme plus de cinq mille autres, un peu partout en France.

Dieu appelle, je vous dis ! Ce n’est pas un acte de foi, ni une manière de pratiquer la méthode Coué pour se rassurer. C’est un fait !

Lors du rassemblement à Paris de tous les séminaristes de France, en décembre dernier, un intervenant nous apprenait que la proportion de jeunes appelés à une vocation religieuse, en vue de devenir moine, moniale, religieux ou prêtre, n’a jamais varié par rapport au nombre de fidèles, depuis le dernier concile. C’est donc que Dieu appelle toujours autant parmi le peuple des croyants. 

Certes, le nombre de chrétiens diminue rapidement, en France et plus généralement en Europe, difficile de le nier. Mais ce n’est pas vrai dans d’autres parties du monde. En tout cas, cette déchristianisation de l’occident ne signifie pas que Dieu diminue ses appels. Elle signifie que nous y répondons moins. Pourquoi ? Parce que nous avons du mal à l’entendre, nous ne savons pas bien l’écouter, et il nous est difficile de discerner.

Regardons de plus près les deux exemples donnés dans les deux passages de la Bible que nous venons d’entendre. L’appel de Samuel d’abord. On remarque que Dieu l’appelle d’abord trois fois. Et trois fois, Samuel croit que c’est le prêtre Éli qui l’appelle. Trois fois, Samuel répond, spontanément, sans discuter : « Tu m’as appelé, me voici ». On peut déjà noter que Samuel est bien obéissant. Mais on voit aussi que l’appel de Dieu, ce n’est pas si simple à discerner. On peut se sentir appelé, mais sans savoir d’où vient l’appel. Et comme Samuel, on peut très bien répondre, à chaque fois avec obéissance et même, pourquoi pas, avec enthousiasme. Mais il a fallu qu’Éli comprenne de qui vient l’appel. Et c’est alors seulement que Samuel pourra répondre à Dieu en l’identifiant : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». On voit dans cet épisode que le discernement est difficile, voire impossible si on reste seul. Il est nécessaire de faire intervenir une autre personne, qui a elle-même été appelée, comme c’est le cas du prêtre Éli. 

Lors de l’appel des premiers disciples, dans l’évangile de Jean, on a aussi l’intervention d'un personnage extérieur : Jean-Baptiste. C’est lui qui désigne Jésus à ses propres disciples : « Voici l’agneau de Dieu ». Le discernement est déjà bien entamé ! Les 2 disciples suivent alors Jésus, mais ils ont encore besoin que Jésus les confirme dans leur démarche : « Venez et vous verrez », avant de décider de demeurer avec lui. Oui, discerner un appel, ce n’est vraiment pas évident, et ça ne peut pas se faire seul.  C’est pourquoi la communauté chrétienne, l’Eglise, a un rôle important à jouer dans notre discernement.

Plus de 3000 ans que ça dure ! Dieu appelle inlassablement. Et soyons-en sûr, il appelle chacun de nous ! Qui que nous soyons. Baptisé ou non, même si le baptême est déjà le début d’un appel, puisque le baptême fait de nous des disciples missionnaires. Évidemment, nous ne sommes pas tous appelés de la même manière, ni pour la même mission. Notre vie de chrétien consiste justement à discerner la nature de cet appel.

Or, dans notre monde actuel, avec nos préoccupations, nos activités parfois nombreuses et pas toujours ordonnées, il est difficile d’entendre l’appel, et encore plus de discerner son origine. Dans le flot d’informations que nous recevons de toutes parts, comment faire le tri entre ce qui est de l’ordre du futile ou de l’utile ? du bien ou du mal ? de l’humain ou du divin ? je me sens attiré par telle activité, par telle association, par tel service : est-ce mon propre désir ? est-ce pour combler un manque que je ressens ? Ou bien est-ce Dieu qui, à travers ce désir, cette attirance, ce manque, vient suggérer à mon esprit une réponse qui me semble adaptée ? 

Alors, frères et soeurs, puisque Dieu appelle depuis toujours et qu’il nous appelle personnellement  aujourd’hui, mettons-nous à son écoute. Donnons-nous les moyens nécessaires, mettons en place les dispositions qui favoriseront cette écoute. Et prenons conseil auprès de nos frères et soeurs, membres de la communauté de croyants que nous formons, pour éclairer notre discernement. C’est André qui interpelle son frère Simon, et c’est Jésus qui confirme l’appel en lui donnant sa mission : « Tu t’appelleras Pierre ».

Pour entendre son appel, soyons comme le jeune Samuel, mettons-nous à l’écoute de Dieu : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».


Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent

Gorges, Monnières et Clisson

le 14 janvier 2024




Sommaire année B
retour vers l'accueil