«
Voulez-vous
partir, vous aussi ? »
C’est la question de confiance que Jésus pose à
l’assemblée des douze, alors que :
« Beaucoup de disciples s’en retournèrent et cessèrent de
l’accompagner »
nous dit l’Evangile.
« Voulez-vous partir, vous aussi ? »
C’est la question que le Seigneur pose à chacun de nous,
quand
les exigences de la foi nous paraissent difficile à entendre, et à
comprendre,
Ou quand les aléas de notre vie nous font douter de Dieu.
Et Dieu nous laisse libre de notre réponse :
Voulez-vous venir à moi, ou partir vers d’autres dieux ?
Il nous laisse libre de notre choix,
Parce que la Foi, comme l’amour, sont les domaines de la
Liberté.
C’est toujours Dieu qui fait le premier pas, c’est lui qui
vient à nous, qui nous appelle ; il attend notre réponse, sans
jamais nous
contraindre.
Il y a 2 000 ans, l’apôtre Pierre a répondu par une
véritable profession de foi à l’interpellation de Jésus :
« Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle »
Je vous propose d’écouter cette réponse de Pierre au nom des
12 apôtres, alors que tous les autres disciples se sont évaporés.
Avant de nous poser nous-même cette question :
croyons-nous, aujourd’hui, que Jésus a les paroles de la Vie éternelle ?
Je
reviens
donc sur le récit que nous venons d’entendre : c’est la conclusion
de l’enseignement de Jésus à la synagogue de Capharnaüm,
qu’on appelle « le discours du pain de vie » - nous
l’avons suivi
en lecture continue depuis 4 dimanches.
Après avoir nourri une foule de
5 000 personnes sur la montagne, Jésus a longuement expliqué le
sens de
ce signe, avec des mots inouïs, c’est-à-dire jamais entendus :
-
« Moi,
je suis le pain vivant descendu du Ciel, envoyé par le Père »
-
« Le
pain que je donnerai c’est ma chair donnée pour la vie du monde »
-
« Celui
qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le
ressusciterai au dernier jour »
Paroles « incroyables » au sens fort
du terme, et la foule réagit : «
Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Nous aurions
peut-être réagi
de la même façon ?
Conséquence : les gens cessent de suivre Jésus. Ils
avaient cru que Jésus était le nouveau Moïse, le Prophète annoncé, parce
qu’il
avait distribué le pain en abondance.
Le
pain
était bon, mais les paroles sont difficiles à digérer !
Jésus
se
retrouve donc seul avec Pierre et le petit nombre des apôtres : de
5 000 personnes qui ont été nourries, on se retrouve à 12 - dont
Judas qui
le livrera quelque temps plus tard. Etonnant retournement. Tout
ça pour
ça ?
Alors
Jésus
pose la question à cette petite assemblée des 12 : «
Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Il
reçoit
en réponse la profession de Foi de Pierre, la proclamation de Foi
de Pierre.
«
Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie
éternelle.
Les
Paroles
de la vie éternelle, qu’est-ce que ça veut dire ?
C’est
la
Bonne nouvelle que Jésus annonce par son Incarnation, et par toute sa
vie
d’homme parmi les hommes.
Pierre
a
compris que Jésus n’est pas seulement un distributeur de pain
-
le don du pain sur la montagne n’était
qu’un signe –un signe extraordinaire, mais un signe. Jésus est
lui-même le
pain, par sa chair, c’est-à-dire par tout son être, par toute sa
personne,
par tout ce qui fait sa vie : il est LE PAIN QUI DONNE LA VIE ETERNELLE.
« Moi, je suis le pain vivant, envoyé par
le Père, et donné pour que le monde ait la vie éternelle ».
Les
12
ont suivi Jésus sur tous les chemins, ils ont vécu avec lui, ils l’ont
vu
prier son Père du ciel, ils ont été témoins de son attention aux plus
petits et
des signes qu’il a posés, et ils ont été à l’écoute de sa parole. Même
s’ils
n’ont pas tout compris.
Ce
qui
est au cœur de la profession de foi de Pierre au nom des apôtres, c’est
leur
cheminement avec Jésus, et l’écoute fidèle de la parole : « à
qui irions-nous ? »
La vie et les paroles de Jésus les ont
touchés ; c’est une question d’écoute, et aussi de réception :
« l’homme
ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la
bouche de
Dieu ».
C’était
il
y a 2 000 ans à la synagogue de Capharnaüm, et c’est par le témoignage
de Pierre
et des apôtres que la foi a été transmise à travers le monde, à travers
les
générations, et jusqu’à nous.
C’est
le
sens de notre présence en ce dimanche. Nous sommes, ce qu’on appelle,
des
« fidèles » : fidèles à la grâce de notre baptême, fidèles à
la foi
reçue de nos parents, fidèles à l’enseignement de l’Eglise, fidèles à
l’écoute
de la Parole.
J’en
viens
donc à cette question :
Croyons-nous
ce
matin que Jésus a les paroles de la Vie éternelle ?
Alors,
je
prends le risque de répondre pour nous tous, comme Pierre l’a fait au nom des
disciples : Oui, nous
croyons que
Dieu nourrit notre vie en 2024, par sa Parole et par son eucharistie.
C’est le
CREDO que nous dirons dans quelques minutes.
Les
mots
de la Liturgie sont parfois difficiles à entendre et à comprendre ; le
sacrement de l’eucharistie reste un grand mystère – c’est-à-dire
une
vérité que nous recevons, et que n’aurons jamais fini de comprendre.
Et,
si
nous sommes honnêtes avec nous même, nous devons bien reconnaitre que
nous
n’avons pas tous les jours une tête de Ressuscité !
Mais, en écoutant la réponse de l’apôtre
Pierre,
nous comprenons que pour rencontrer Jésus dans notre vie, il faut
écouter sa
parole, et la prendre au sérieux en nous mettant en chemin :
« A
qui
irions-nous ? Tu as les paroles de la vie
éternelle »
Nous
pouvons
dire cela dans la Foi, j’allais dire : « en toute bonne
foi » quand nous cheminons avec Jésus, quand nous mettons nos
propres pas
dans ceux de Jésus, comme l’ont fait les Apôtres ; nous devenons
Chrétiens,
quand nous mettons sa parole en pratique dans notre vie ; il a vécu
et il
a agi dans une vie d’homme, pour que nous transformions notre vie à
notre tour.
Il
y
a plusieurs moyens concrets d’agir comme Jésus a vécu ; j’en
citerais trois, par exemple :
-
Commencer par rendre
grâce au Père pour notre vie, parce que tout don vient de Dieu,
-
Pardonner à ceux qui nous ont offensés, même quand c’est
difficile humainement,
-
Nous mettre au
service : « soyez soumis les uns aux autres »
nous
conseille Saint Paul
Ça
demande
une conversion de chaque jour, et ça engage notre liberté. C’est un
choix.
Mais
c’est
bien cela vivre en Chrétien, vivre dans le Christ : c’est avoir la
vie en plénitude, et entrer dans la vie éternelle dès maintenant.
CROIRE
en
JESUS, c’est engager notre Liberté de faire un pas vers celui qui a fait
le
premier pas vers nous.
C’est
ce
que je retiens de tout ce discours du Pain de vie : Dieu vient à nous chaque jour, il nous
invite, et il nous offre sa Parole et son eucharistie, c’est-à-dire sa
Vie.
Oui,
c’est
Dieu qui nous invite à venir vers lui.
Saint
Augustin
- dont on va célébrer la fête cette semaine – disait :
« L’eucharistie,
c’est
le pain qui cherche la faim »
Le
pain
nourrit celui qui le mange, mais il ne nourrit pas celui qui se contente
de le regarder, ou qui le laisse sur la table, celui qui n’a pas faim…
Alors, ayons faim ! N’attendons
pas de tout comprendre du mystère de l’Eucharistie pour nous approcher
de la
Table. Même si notre Foi est faible, même si notre démarche est encore
hésitante, nous pourrons dire tout à l’heure :
« Je
ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et
je serai
guéri. »
Une
parole ? Quelle parole ?
Peut-être
celle-ci : « Heureux les invités au repas du
Seigneur ».
Amen
Emanuel
MÉRIAUX, diacre permanent
Paroisse
Saint Louis de Montfort, Saint Herblain (44)