Depuis 3 semaines, nous avons vu Jésus nourrir une foule avec 5 pains et 2 poissons, inviter la foule à reconnaître les signes des temps dans ce grand partage et cette semaine, malgré les invectives et le désaccord d’une partie de ceux qui ont été nourris, inciter à croire à l’annonce des prophètes : la venue des temps nouveaux, l’irruption de Dieu lui-même dans la vie du monde, l’envoyé est là comme « pain du ciel ». Qui en mange reçoit la vie de Dieu, la vie éternelle. Pédagogie toute simple mais efficace : être attentif aux signes, oser croire à ces signes, à celui qui les accomplit pour accepter, confiant, d’entrer dans ce mystère insondable de l’amour d’un Dieu qui s’est fait homme et qui se donne en nourriture. Dieu donne sa vie pour la vie du monde !
Élie, dans la première lecture, défend la fidélité au vrai Dieu et dénonce ceux qui se complaisent dans le péché. Il se sait menacé et fuit au désert où il pense y mourir. Mais Dieu ne l’abandonne pas et lui envoie le pain qui lui donnera les forces pour continuer sa longue marche.
Nous non plus, notre Dieu ne nous abandonne pas. Il nous donne le pain dont nous avons besoin pour continuer notre route. Quelle qu’elle soit, il y a le pain du quotidien. Un pain pour nous garder en vie : car nous connaissons parfois des périodes difficiles : souffrances, maladies, deuils, rejet, il nous arrive même de faire du mal ! Et nous nous sentons démunis … Prenons un petit temps pour penser à un encouragement, une parole de tendresse, d’amour, de pardon, une rencontre qui relève, un geste d’amitié, un sourire … notre pain de ce jour…Mais Dieu nous offre aussi SON pain pour restaurer notre vie, un pain qui se fait Parole, et pour retrouver la force d’aimer et de pardonner, après Parole, il se fait chair pour nourrir ses enfants de son pain de vie, pain de l'Eucharistie, Corps du Christ !
Dans ce 3ème Évangile Jean nous replace face à l’essentiel. Le Christ se présente à toutes et à tous comme “le Pain descendu du ciel”. Le don merveilleux et mystérieux que Dieu fait à l’humanité : Jésus qui se donne à nous pour que nous puissions vivre de sa vie, éternellement. Cadeau imprévu et inattendu car nous ne faisons rien de spécial pour le mériter, si ce n’est venir, croire et le recevoir. Don gratuit de Dieu, à accueillir en vérité dans un acte de foi, par ces « AMEN » en réponse à l’offertoire et au partage.
Dans cet évangile, Jésus révèle « qui il est » en vérité. Mais cette révélation va provoquer une crise, une scission entre ceux qui croient et ceux qui refusent de croire. Ceux qui acceptent de lui faire confiance, qui ressentent, qui voient au-delà des apparences, le Grand Prophète annoncé, le Messie d’Israël envoyé au monde. Et ceux qui ne voient qu’un homme, le fils du charpentier de Nazareth et de la petite Marie, celui qui donne des leçons, qui va jusqu’à blasphémer …Mais pour qui se prend-il ? Même si dans notre monde ça n’a pas beaucoup changé, nous, nous sommes là ! Et venir à Lui, c’est déjà croire en sa Parole, l’accueillir comme un don, la nourriture pour notre route.
Il est vrai que la route est longue et ardue, il y a un risque de découragement comme pour Élie. Mais Jésus est, là, à nos côtés, pour nous donner vie, force et audace. Pas pour nous, seul... non, mais pour la vie du monde. Elie reçoit le pain du ciel pour vivre sa mission... fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits. À l’eucharistie, le Christ nous partage son corps et son sang « donnés pour la vie du monde » et ce n’est pas QUE pour nous, c’est pour le partager et aller le vivre au milieu de nos frères, pour la vie de toutes les femmes et de tous les hommes de ce monde. L’envoi en mission à la fin de l’eucharistie :"Allez dans la paix du Christ !" c’est pour le vivre avec les autres, là où nous sommes vivants... parce que cette vie reçue de Dieu est ouverture aux sœurs, aux frères par le don de nos vies. Je reprends les paroles de Paul : « cherchons à imiter Dieu, puisque nous sommes ses enfants bien-aimés. Vivons dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous. ».
Avec la force de l’Esprit-Saint, marqués de son sceau, rassasiés de son corps et confiants, nous sommes appelés porter la paix et la joie du Christ dans nos vies pour irriguer nos rencontres, nos actions, nos pensées et nos prières, au cœur de ce monde qui l’attend.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
11 août 2024