« Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient
à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais
soif. »
C’est
une sacrée promesse
que nous fait Jésus – mais pas facile à comprendre :
-
Venir à Jésus, qu’est-ce que ça veut dire pour nous ?
-
Croire en Jésus : qu’est-ce que ça veut dire pour nous ?
C’est
une double question
- pas de tout repos pour le mois d’Aout, mais c’est une question vitale.
Je vous propose qu’on la regarde ensemble : c’est la question de
la Foi, de la foi qui agit.
Et nous essaierons ensuite de comprendre Jésus qui nous dit : «
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la
nourriture qui
demeure jusque dans la vie éternelle ».
Pour cela, il faut revenir un tout petit peu en arrière, en allant
voir les versets qui précèdent le passage que nous venons d’entendre.
La liturgie dominicale n’a pas retenu ces quelques versets qui font le
lien entre le récit des pains que nous avons entendu dimanche dernier,
et le
passage que nous avons proclamé aujourd’hui.
Je vous fais le résumé de l’épisode précédent.
Après que Jésus a nourri la foule, et s’est retiré seul dans la
montagne, les disciples sont repartis à Capharnaüm en barque, sans
l’attendre. La
ville de Capharnaüm est située « sur l’autre rive » ; ils doivent donc
traverser le lac à la rame. C’était le soir, les ténèbres ; un
grand vent
soufflait, et la mer était agitée. Les disciples sont effrayés - et ils
voient
Jésus qui vient à eux en marchant sur la mer (…) Il les rejoint, en leur
disant
« N’ayez pas peur ! »
Marcher sur les eaux, ce n’est pas une nouvelle discipline
olympique :
Il ne faut pas confondre Léon MARCHAND, avec Jésus marchant
sur les eaux !
Marcher sur la mer, c’est aussi impossible humainement que marcher sur
la mort : la mer est le symbole de la mort. Jésus montre déjà qu’il
vaincra la
mort sur la Croix, et qu’il est donc Celui qui donne la vie.
Cela éclaire le discours « du pain de vie » qui vient à la
suite, et dont allons poursuivre la lecture en continu pendant 4
semaines ; c’est un Chapitre central dans l’Evangile de St Jean.
Jésus veut
nous faire comprendre que « L’homme ne vit pas seulement de
pain, mais
de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
Jésus va faire de la pédagogie, et expliquer longuement le signe du
pain. Jésus est celui qui fait ce qu’il dit, et qui dit ce qu’il fait.
Habituellement,
on dit : « des paroles et des actes », mais ici c’est une
Parole
qui va éclairer un acte, un signe.
En éclairant ce qu’il a FAIT sur la montagne,
Jésus révèle qu’il EST le salut du monde.
C’est un texte pas facile à comprendre, et qui demande de faire « le
pas
de la foi ».
Je reprends donc le fil du récit d’aujourd’hui.
(Vous
suivez toujours ?)
Quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les
gens ont pris leurs barques à leur tour, pour se diriger vers Capharnaüm
à la
recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi,
quand es-tu arrivé ici ? »
Et Jésus entame alors un dialogue avec la foule. Nous sommes à la
synagogue de Capharnaüm.
De même qu’il est passé sur l’autre rive du lac
de Galilée, il va entrainer ses interlocuteurs au-delà de leur
désir du
pain alimentaire, par lequel il a comblé leur faim d’un jour.
Jésus annonce
qu’il est le pain de Dieu descendu du ciel pour donner la vie.
Les Juifs ont vu dans ce signe un geste prophétique, comparable à
l’action
de Moïse au désert durant l’Exode. Jésus les invite à déplacer leur
regard, du
don vers le donateur.
Le Père de Ciel est l’origine de tout don, et Jésus est son
envoyé : il est le fils, le médiateur entre Dieu et chaque homme.
Celui
qui vient à Jésus en répondant à son appel accède à la source de la vie
éternelle.
C’est cela l’œuvre de Jésus : conduire tous les hommes à partager
la vie de Dieu.
Alors j’en viens à la question centrale pour
aujourd’hui :
Qu’est-ce
que
croire en Jésus, et travailler aux œuvres de Dieu ?
Le Discours du pain de vie nous
invite à comprendre que l’acte
de
croire est un choix pour chacun, une
décision, une dynamique qui nous entraine à la suite de Jésus.
Ce n’est pas une question de raisonnement
intellectuel, ni de ‘foi du charbonnier’.
Il s’agit d’entrer en communion, en relation
avec lui et avec le Père du Ciel : c’est cela croire en Jésus.
Jésus appelle tous ceux qui l’écoutent, et
qui lui font confiance, à mettre leurs pas dans les siens. Venir à
Jésus, c’est
vivre de sa vie, se nourrir de sa parole, et agir comme lui : le Verbe
de Dieu
s’est fait le serviteur des hommes, jusqu’au don de sa propre vie.
C’est en entrant dans ce mouvement, que nous
n’aurons jamais faim ni soif. C’est cela ‘travailler aux œuvres de
Dieu’.
Dans la Lettre aux Ephésiens que nous avons
entendue en seconde Lecture, St Paul nous propose de revêtir l’homme
nouveau,
c’est à dire : travailler pour la nourriture qui demeure
jusque
dans la vie éternelle.
Qu’est-ce que c’est que la nourriture
qui demeure pour la vie éternelle ?
Ce sont les actes de miséricorde, par
exemple : accueillir chaque personne comme une créature de Dieu, et
porter
un regard bienveillant sur nos frères,
C’est aussi : oser les gestes et les
paroles qui relèvent celui qui est tombé,
Ou encore : rechercher le bien commun
dans
nos actions...chacun trouvera ce qu’il peut faire.
C’est le contraire de
« la
nourriture qui se perd »
et qui ne nous rassasiera pas : nos
ambitions,
petites et grandes, nos rêves de médaille d’or, notre orgueil, et toutes
nos petites
mesquineries…
Je remarque que très souvent, à l’occasion
d’une sépulture chrétienne, on évoque tout ce que la personne décédée a
réalisé
de beau dans sa vie : parce que c’est ça qui reste pour la vie
éternelle.
Alors notre vie de croyant, soutenue par la
prière et par les sacrements, prend une dimension d’éternité dès
ici-bas,
Et le pain de l’eucharistie que nous allons
célébrer rend vivante la présence de Jésus parmi nous.
Saint Jean-Marie Vianney, dont c’est la fête
aujourd’hui, disait à ses paroissiens d’Ars :
« La nourriture de
l'âme, c'est le Corps et le Sang d'un Dieu ! ô la belle
nourriture ! L’âme
ne peut se nourrir que de Dieu ! il n’y a que Dieu qui puisse la
remplir ! il
n’y a que Dieu qui puisse rassasier sa faim ! »
Puissions-nous ne pas passer à côté d’un tel
don en surabondance !
Seigneur,
Nous sommes ton peuple et tu ne nous laisses jamais sur notre faim.
Tu nous donnes la nourriture pour la vie éternelle par ta Parole et
ton Eucharistie.
Tu multiplies les élans de notre cœur pour combler les affamés de
notre temps.
Aide-nous à partager nos moyens de vivre,
et à porter au monde nos raisons de vivre et d’espérer en toi.
Au soir de notre vie, tu nous jugeras sur l’amour.
Amen
Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent
Paroisse Saint Louis de Montfort (44)
le 4 août 2024