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17° dimanche du Temps Ordinaire

2Rois 4, 42-44 / Ephésiens 4, 1-6 / Jean 6, 1-15

Que de chiffres dans les lectures du jour : vingt pains d’orge pour cent personnes, cinq pains et deux poissons pour cinq mille hommes, douze paniers pour les restes… qui nous renvoient vers d’autres chiffres qui nous hantent : les milliers de tués dans les guerres, les centaines de milliers de réfugiés économiques, politiques ou climatiques, des millions d’affamés dans le monde mais aussi, des dizaines de millions d’euros pour « acheter » un footballeur ou pour des dirigeants de grand groupes… et hier soir, profusion d’images, de danseurs, de spectateurs pour ovationner les athlètes qui concourent aux jeux…il ne s’agit plus de calculs mathématiques  mais de mots qui révèlent notre merveilleuse, lumineuse et ténébreuse humanité qui font basculer de la pénurie à la profusion, de l’admiration à l’horreur, de l’outrage à la dignité, de la douleur à la consolation….

« Cinq pains et deux poissons » pour tout ce monde ? Quelle démesure entre le don et le besoin ! Nous aussi, sommes affrontés aux mêmes questions devant les catastrophes climatiques, les famines, l’afflux de réfugiés qui fuient l’horreur, nous nous sentons désemparés et impuissants. Que faire ?

Jésus propose une nouvelle table de multiplication. Mais d’abord, il accepte l’encas d’un enfant. Sans lui, rien n’était possible. Dieu a donc besoin de nos gestes de partage pour réaliser de grandes choses. Et cinq pains et deux poissons vont nourrir cinq mille hommes…plus les femmes et les enfants ! Dans le livre des Rois, 20 galettes d’orge, le pain du pauvre, comblent 100 personnes !

Vous et moi, avons fait le choix de suivre Jésus par une parole, un appel qui révèlent notre foi et notre confiance. Peut-être, aussi, pour les signes qu’il accomplit. Nous aimerions, sans nous l’avouer, qu’il puisse, aujourd’hui, renouveler certains de ses miracles, pour combattre l’injustice, la faim, la souffrance ! Nous aimerions tant que Dieu se manifeste face à un besoin essentiel, quand nous le jugeons utile. Prenons le temps de regarder Jésus. Il voit ce que nous sommes, nos joies et nos peines, avec nos souffrances et nos espoirs, et Lui sait, sans doute mieux que nous-mêmes, ce dont nous avons besoin pour vivre en vérité ! Puisque nous sommes de ces femmes et de ces hommes qui ont choisi de suivre Jésus, nous devons, régulièrement nous interroger, sur ce qui a fondé et ce qui fonde encore notre choix de suivre Jésus et ses commandements. Qu’attendons-nous de Lui ? Et Lui, qu’attend-il de nous ? Notre foi, notre confiance sont-elles vraies et gratuites pour lui permettre d’accomplir avec la force de l’Esprit Saint, en nous et à travers nous, son œuvre de Salut pour le bien de mes sœurs et frères en humanité et faire advenir le Royaume ? 

L’Évangile nous renvoie à l’actualité du monde et à notre impuissance quand, comme individu, nous ne comptons que sur nos forces. Des famines qui nient une partie de l’humanité, la terreur des violences, dans notre pays, certains n’ont même pas de quoi survivre dignement et d’autres voient leur humanité bafouée. Alors nous nous sentons désemparés et impuissants pour répondre à l’étendue des besoins. Mais aujourd’hui, comme avec ses apôtres, Jésus nous redit : “Donnez-leur vous-mêmes à manger !” Il nous faut accepter de partager du peu que nous avons et d’offrir cet amour qui nous est donné avec quelques de biens matériels, un peu de temps et de disponibilité pour faire reculer les faims du corps et du cœur. Ce peu, c’est ensemble que nous devons le remettre entre les mains du Seigneur. C’est avec cela qu’il peut réaliser des grandes choses.

Vous le savez si l’on veut lutter contre la famine ou tout autre fléau, si l’on se contente de donner à manger ou de répondre ponctuellement au besoin, l’effort est vain. L’objectif de Jésus n’est pas de changer la situation mais de changer le cœur de l’Homme. Les gestes et paroles de Jésus nous insufflent l’Évangile, pour que nous donnions le meilleur de nous-même, pour le bien des femmes et des hommes de ce temps, dans nos limites, avec nos fragilités et nos pauvretés et que nous ayons l’humilité de le faire en lien avec d’autres : associations, organisations sociales, confessionnelles, solidaires, équitables…

Après leur grand partage, les disciples sont invités à “rassembler ce qui reste pour que rien ne se perde”. Quand le Seigneur donne et se donne c’est toujours à profusion. Aujourd’hui encore, ce pain de l’Eucharistie ne se limite pas à ceux qui sont ici. Jésus nous envoie le partager et le porter, à ceux qui l’attendent mais aussi au reste du monde. Avec la force de l’Esprit, partageons le pain de la justice, de la fraternité et de la Parole avec tous ceux qui ont faim et soif d’une vie vraie et digne écartant pénuries et privations qui nient toute dignité humaine et divine pour rendre visible l’amour que Dieu porte à chacun de ses enfants.

 

 

Patrick DOUEZ, diacre permanent

28 juillet 2024



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