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16° dimanche ordinaire


En entendant ce texte d’Evangile, on pourrait presqu’y voir une similitude avec ce qui se vit en ce moment sur les routes de France : Un grand va et vient général, des routes encombrées, un chassé-croisé entre juilletistes et aoûtiens, « ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux ». Celles et ceux qui sont amenés à prendre la route en ce moment voient bien de quoi il retourne… Mais il y a une différence de taille entre ce qu’on vit sur les routes de France en cette période d’été et ce que relate Marc dans son Evangile : Il n’y est pas question ici de vacances, de loisirs, de farniente, non, il y est question d’un travail fondamental, harassant et pouvant parfois paraître ingrat : L’Evangélisation. Oui, le travail doit être éreintant, et l’évangéliste souligne même, détail impressionnant « l’on n’avait même pas le temps de manger », car Jésus, en patron bienveillant et responsable invite ses disciples à « Venir à l’écart dans un endroit désert, et à se reposer un peu ». Connaissant la résistance et l’endurance de Jésus, on imagine qu’il devait y en avoir vraiment besoin…

Et en effet, si on en croit la suite du texte, la tâche était immense tant était grande la foule des gens qui « comme des brebis sans berger » devaient se sentir perdus en un monde qui leur semblait inquiétant, menaçant, et qui, peut-être, avaient du mal à garder espoir en la promesse du Salut faite à leurs pères. Et, finalement, en comparant avec ce que nous pouvons vivre aujourd’hui, et bien il semble que la nécessité de ce travail d’Evangélisation est loin d’être épuisée. Mais en quoi peut et doit consister ce travail que nous, chrétiens, comme disciples du Christ, nous sommes invités à poursuivre inlassablement ? Question bien vaste ! Question à laquelle les textes du jours peuvent apporter quelques éléments de réponse en insistant sur 3 dimensions clés que, nous chrétiens, au nom de notre Foi, nous devons nous efforcer de « faire – c’est-à-dire de vivre- et d’enseigner » : L’union, la Paix et l’annonce du Salut.

L’Union, le prophète Jérémie l’évoque dans le 1er texte, en fustigeant les pasteurs qui « laissent périr et dispersent les brebis du pâturage divin ». Saint Paul, à son tour, dans sa lettre aux éphésiens, souligne avec force que le sacrifice du Christ a permis de faire une seule réalité, du Juif et du païen, c’est-à-dire de celui qui croit, et de celui qui ne croit pas, ou qui croit « à côté ». L’Union, dont on dit qu’elle fait la force, mais qui est surtout une si grande faiblesse de nos penchants humains ! On le voit, bien malheureusement, dans la vie politique française où les fractures, les dissensions, les divisions, nous mènent dans des impasses dans lesquelles le peuple est conduit avec des conséquences négatives dont on n’a pas fini de constater l’ampleur. On le voit aussi dans notre Eglise, de plus en plus tiraillée entre des courants sinon contraires, en tout cas bien divers, qui ont bien du mal à faire conjuguer diversité et unité. Et on le voit dans notre humanité, où la peur et le rejet de l’autre nous conduisent trop souvent, pour profiter du confort de l’enclos où nous avons la chance d’être abrités, à rejeter celles et ceux qui n’ont pas la chance d’être nés sur les prés d’herbe fraîche où il fait bon se reposer. L’Union, ce n’est pas l’assimilation. L’Union, c’est la reconnaissance en chacune et chacun d’une sœur et d’un frère en humanité, que le Christ nous invite à aimer, à accueillir, à respecter.

Et l’Union est un préalable à la Paix ! St Paul le dit avec force : « Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix ». La Paix, St Paul l’oppose à la haine. Et il rappelle que la Paix, le Christ est venu la proposer à toute l’humanité, les juifs et les païens, c’est-à-dire l’humanité dans son ensemble « Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches ». Quand on voit encore aujourd’hui ce que la guerre fait en notre monde, comment elle défigure notre humanité, quand on voit les massacres, innommables, à Gaza, en Ukraine, et en bien d’autres lieux, on se dit que la tâche est immense, pour nous chrétiens, avec toutes celles et ceux qui ne partagent pas notre foi mais ont en commun notre souci de l’humanité, de porter inlassablement une parole de paix. J’étais la semaine dernière, à l’occasion du mariage de ma fille Léana, dans le Cotentin, en pleines fêtes commémorant les 80 ans du début de la libération de la France, sur les plages et dans le bocage de Normandie. En voyant, et en appréciant, la douceur de ces jours de fête en un lieu aussi charmant, je me disais qu’il est toujours permis d’espérer de voir un jour la paix refleurir sur les terres brûlées par la haine et les horreurs de la guerre. Mais qu’il ne faut jamais cesser d’œuvrer, de toutes les manières possibles, pour lutter contre les discours de haine, de rejet, de clivages, qui mènent au conflit, et piétinent la paix.

L’union, la paix, sont indispensables au Salut. Le Salut, Jérémie l’annonce en prophétisant la naissance d’un messie. Saint Paul nous en montre le chemin en écrivant aux éphésiens que « Par le Christ, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père ». Le Salut c’est ce que Jésus est venu annoncer aux foules, venues de toutes les villes, et qu’il enseigne, non pour les endoctriner, mais parce que tel le bon berger, il les voit avec compassion et désire les mener sur les pâturages de la vie éternelle. Le Salut, pour nous chrétiens, c’est cette Espérance que l’Union, qui accueille plutôt qu’elle ne rejette, que la Paix, qui se bâtit sur l’Amour plutôt que sur la haine, nous fait suivre le chemin que dresse devant nous notre pasteur. Le Salut, ce n’est pas un cadeau magique que nous fait notre Dieu. C’est un don, total, par le sacrifice de son fils, qu’il fait à une humanité qu’il laisse libre de le suivre ou de se perdre. Le Salut, c’est la vie éternelle, le repos sans fin auquel nous invite notre Créateur, si seulement nous acceptons de croire en lui, de croire en sa Parole, que le Christ nous a transmise et, surtout, de la mettre en pratique.

Alors, en ce temps d’été où nous pouvons nous aussi prendre la route, parfois pour chercher un peu de repos, puissions-nous, à la suite des disciples, autour de nous, dans nos familles, parmi nos amis, auprès de celles et ceux qui nous entourent, être des missionnaires de paix, des artisans de l’union, et des messagers du salut.

Le chemin est parfois ardu, pentu, escarpé, bordé de ravins. Mais nous ne craignons aucun mal. Le Seigneur est avec nous. Son bâton nous guide et nous rassure. Il nous conduit par le juste chemin. Et, à la fin de la route, nous le savons, il nous fera reposer. Nous habiterons sa maison pour la durée de nos jours. Unis, en paix. Sauvé par son Amour.

Olivier RABILLOUD

Les Sorinières – Rezé St Vincent de Paul 

21 juillet 2024





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