Être comme la brebis du Bon Dieu, doux comme un agneau, brebis galeuse ou la brebis égarée et combien d'expressions encore avant de revenir à nos moutons avec cette Parole de Dieu qui reprend l’image du BERGER, du Pasteur pour nous dire qui est Dieu.
Chez
le prophète Jérémie, Dieu en colère menace « les bergers misérables qui
laissent périr et se disperser les brebis du troupeau » ; c’est lui-même
qui rassemblera le
reste de ses brebis par la médiation de pasteurs selon son cœur...
Et puis, à la fin de la prophétie, on passe « des
pasteurs à l’ « unique » Berger : c’est le Christ
Jésus qui est annoncé. Il accomplit sa mission de rassembleur et de
pacificateur – on en a bien besoin actuellement - en s’offrant lui-même
pour réconcilier l’humanité avec Dieu.
Dans sa lettre aux Ephésiens, saint Paul nous apporte un éclairage nouveau sur le Christ et sa mission. Il se présente à tous, justement, comme le grand RASSEMBLEUR. Par sa vie, son témoignage, il réalise l’unité du genre humain brisée par le péché. Il a abattu “le mur de la haine” que certains hommes avaient élevé, et construisent encore en Palestine, à Gaza, à Bethléem le « mur de la haine » pour défendre leurs privilèges et exploiter honteusement le peuple Palestinien. Dieu qui aime tous les hommes veut que nous arrivions à nous rassembler et à nous aimer. L’unité finale est le fruit d’un tel amour
Jésus est bien le « Bon-Berger » plein de compassion dont la Parole rassure les apeurés, réconforte les accablés, les bras cassés, les cœurs brisés, nourrit les affamés, accueille les étrangers. A chacun il donne ce qu’il lui faut pour reprendre et poursuivre sa route dans la paix, la justice et l’espérance, face à la violence et la cruauté du monde.
L’excursion improvisée sur le lac devait se terminer pour les Apôtres par un temps de repos avec le Maître au terme de leur première mission. Mais l’insistance de la foule va en décider autrement: les compagnons de Jésus se retrouvent prisonniers d’une multitude qui les presse de toute part, signe de l’attente de l’humanité de tous les temps.
Les apôtres, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui, ont à découvrir que leurs propres désirs, y compris les plus légitimes, doivent passer au second rang. Suivre le Christ c’est renoncer à soi, son ego, pour devenir serviteur des autres et ne chercher le repos que dans ce service désintéressé de l'autre pour le bien commun.
Et la multiplication des pains qui nous rappelle que l’annonce du Royaume n’atteint son but que lorsqu’elle conduit à la Table où Dieu se donne lui-même en nourriture. N’est-ce pas le lieu de notre repos véritable, celui qui nous rassemble ce matin ?
En
ce temps de vacances, il est bon de nous souvenir que le vrai repos,
inclut aussi de nous reposer en Dieu.
Le repos du corps et la détente psychique sont nécessaires,
indispensables; mais il faut aussi recharger nos « batteries
spirituelles », sans quoi nous serons incapables d’éclairer la route que
le monde nous oblige à parcourir au pas de course…
et pourtant on ne refait pas ses forces dans la précipitation,
Jésus propose de s'arrêter longuement.
Aujourd’hui comme hier, Jésus se tient près de ceux qui cherchent à
retrouver une unité intérieure après une dispersion tous azimuts, via
les réseaux sociaux par exemple. Aujourd’hui comme hier, « ses
entrailles se retournent » à la vue de la détresse, les douleurs, les
peines, les soifs de ses enfants qu’il est venu rassembler, comme un
Berger rassemble son troupeau dispersé pour le conduire sur « des prés
d’herbe fraîche et le faire reposer » (Ps 22).
Seigneur, lorsque nous errons comme des brebis sans berger, laisse-toi encore émouvoir par notre misère et donne-nous des Bergers, selon ton Cœur, qui rassemblent ton peuple en ton nom. Fais-nous souvenir que nous sommes tous responsables de nos frères ; qu’en tant que baptisés, nous sommes aussi bergers les uns des autres en ton nom, pour servir nos frères avec la même compassion, le même amour que Toi. Sachant que le plus important reste cette expérience d’humanisation vers laquelle nous tendons tous et sur la voie de laquelle nous nous accompagnons. Dans le respect du sens que chacun donne à son cheminement, poursuivons ensemble la seule aventure qui vaille, celle de grandir en humanité et de participer à l’humanisation de notre monde. Une forte invitation à revoir notre copie dans notre société fracturée... le berger est celui qui prend soin, relève... et RASSEMBLE.
François Corbineau, diacre permanent
21 juillet 2024