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PENTECÔTE


    L’évènement de la Pentecôte peut paraître étrange : les apôtres ont entendu un bruit, comme « un violent coup de vent » et, selon les actes des apôtres, vu « des langues qu’on aurait dites de feu qui se partageaient … » les mots sont insuffisants pour dire ce qu’ils ont vécu et rendre compte de la réalité. Selon Saint Jean, Jésus, après sa résurrection, fait irruption, se fait reconnaître à ses disciples et leur donne sa paix, « La paix soit avec vous » dit-il par deux fois. Il les envoie, souffle sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit saint ». Cet évènement a un impact considérable sur les apôtres. Alors qu’ils étaient rassemblés au cénacle, craintifs, les portes verrouillées, l’Esprit les conduit dehors, sur les places, à la rencontre des autres et ils n’auront de cesse d’annoncer la Bonne Nouvelle au péril de leur vie….
Aujourd’hui, encore, l’Esprit saint nous est donné. L’Eglise vit de cet Esprit. Et le monde est travaillé par l’Esprit de Dieu.

    Le premier don de l’Esprit saint c’est la Paix, donnée aux apôtres d’hier et d’aujourd’hui. Cette paix donnée ne libère pas les apôtres des difficultés ou des épreuves rencontrées au long de la vie, mais c’est au cœur de leur vie, de nos vies que l’Esprit est offert à chacun d’entre nous. L’Esprit nous envoie dans le monde avec ses problèmes et la pandémie du Covid 19. Nous n’échappons pas à notre condition humaine. Mais l’Esprit, apporte dans la vie des disciples, comme dans la nôtre, une paix, une harmonie à l’intérieur du cœur de l’homme. « C’est une paix, nous dit le pape François, qui rend le cœur semblable à la mer profonde qui est toujours tranquille même lorsque, en superficie, les vagues s’agitent ».  L’Esprit nous permet de traverser l’épreuve, car « l’Esprit nous fait vivre et fait vivre le ressuscité en nous ». C’est cet Esprit qui fait sortir les apôtres du lieu où ils étaient confinés pour annoncer les merveilles de Dieu… et provoquer la stupéfaction des juifs. A la suite des apôtres, l’Eglise d’aujourd’hui est appelée à témoigner de la paix du Christ dans un monde qui a peur, sonné par le Covid 19. Oui, cet Esprit de Dieu est feu, force et dynamisme pour affronter la réalité de nos vies et témoigner du Christ.

    Pendant cette période de pandémie et de confinement, le pape a rappelé aux communautés chrétiennes que nous disposions de deux armes pour vivre cette période : la prière et le service discret. Nous avons vécu une expérience de désert, privés de liens, de rencontres, de messes communautaires, d’eucharistie.
Cependant, beaucoup d’entre nous et vous sont restés en liens avec le travail, les écoles, les associations et, par les média, avec la paroisse, le diocèse ou l’Eglise universelle… La prière personnelle, en famille ou en petits groupes, la messe partagée par la télévision ou les réseaux sociaux ont été des points d’ancrage pour vivre notre foi et rester reliés à l’Eglise locale ou universelle. Mais aujourd’hui, c’est une grande joie de commencer à nous retrouver ensemble, peuple de Dieu, pour célébrer la fête de la Pentecôte.
 Autre point d’ancrage : le service apporté à ceux qui souffrent le plus des conditions de vie de la pandémie, avec l’épreuve du confinement, surtout si l’on habite un logement exigu, et que l’on a à peine de quoi manger, sans ressources. Beaucoup a été fait, souvent de façon discrète, par la paroisse, avec le pôle de solidarité, les associations et tous les gestes de proximité des uns et des autres envers les personnes fragilisées par cette situation et souffrant de solitude.
Dans cette période, où nous étions invités à rester chez nous, l’Esprit de Pentecôte a soufflé pour nous rendre proche par le téléphone, les mails, les rencontres dans le respect des « gestes barrières », pour apporter de la nourriture ou un peu de réconfort. Sur beaucoup de territoires, l’Eglise s’est transformée en « Hôpital de campagne », selon le vœu de notre Pape François. Voilà un bel exemple de la vitalité de l’Esprit qui nous pousse à aller vers les autres et témoigner de la miséricorde de Dieu. Cela a été souvent l’occasion de partager et d’entendre la parole de l’autre, des autres qui vivent dans des conditions différentes des nôtres : une manière de se connaître et de se reconnaître, au-delà de nos milieux sociaux, et de dépasser nos peurs.

    Dans cette pandémie mondiale qui ébranle notre monde, l’Esprit de Dieu nous invite, dès maintenant, à penser et à agir pour l’après Covid 19, afin que la société mondiale qui va émerger soit plus humaine et plus conforme à l’Evangile. Cette crise a mis en évidence :
Le rôle majeur des personnes qui assurent la vie : le boulanger, le facteur, l’épicier, les éboueurs, le personnel médical, beaucoup de métiers qui s’exercent dans l’ombre et ne sont souvent pas reconnus.
La crise a mis en évidence notre fragilité individuelle et collective, et elle nous invite à revoir la place de l’homme dans la nature et notre rapport à la terre et aux autres vivants.
Elle a manifesté que les hommes du monde entier sont intrinsèquement reliés et dépendants les uns des autres.
Elle a souligné l’importance, pour chaque pays, de préserver sa souveraineté alimentaire et sanitaire.
Cette pandémie nous invite à remettre en cause un modèle de développement basé sur l’argent, l’exploitation sans limites de notre terre, les rapports de domination entre les hommes. Sur toutes ces questions, l’Evangile, actualisée pour notre temps par l’Encyclique « Laudato si », est une boussole prophétique pour bâtir un monde plus humain.

Dans ce moment éprouvant et décisif pour l’avenir de l’humanité,
Viens Esprit consolateur, aide-nous à panser les plaies des victimes de cette pandémie…
Viens Esprit d’amour, aide-nous à manifester la tendresse de Dieu envers ceux qui sont particulièrement éprouvés par cette période de confinement,
Viens Esprit de force, donne-nous d’être le sel de la terre pour travailler à l’émergence d’un monde plus fraternel.
Viens Esprit Saint, donne-nous le souffle pour aller témoigner sur les places et faire de tous les peuples des disciples.

Amen 


Yves Michonneau, Diacre permanent
Paroisse St Léger Ste Bernadette d’Orvault
31 mai 2020


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