14° dimanche ordinaire
Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9. 11-13 ; Mt 11, 25-30
L’évangile du jour promet le repos, et cela tombe bien, en ce début de
période de vacances. N’est-il pas légitime d’aspirer au repos ? Après
une année de travail ou d’activités, entravée par la pandémie du Covid
19, nous pouvons aspirer à faire une coupure, à souffler, à prendre
l’air et un temps de repos…. Pendant les derniers mois, nous avons été
saturés d’informations en provenance de scientifiques. Chaque jour
apportait son lot de révélations, d’études, d’avis parfois
contradictoires. Cela en devenait presque anxiogène. Visiblement les
scientifiques naviguaient à vue et ne savaient pas tout sur ce virus…
Un peu d’humilité aurait parfois fait du bien… Les savants et les
puissants ne détiennent donc pas toute la Vérité. Jésus le dit
clairement : « Père du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce
que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux
tout-petits. » Le bon vouloir du Père, c’est de privilégier les
tout-petits, de leur rendre accessibles des réalités cachées aux
savants et aux puissants, réalités cachées à ceux qui se renferment sur
leurs privilèges, leur savoir et leur pouvoir… à la manière de ces
pharisiens si souvent en opposition avec Jésus. Aujourd’hui encore
l’Esprit de l’Evangile est bien souvent en contradiction avec le monde
de l’argent, de la violence, de la guerre et de certaines formes de
pouvoirs. Le roi que nous annonce le prophète Zacharie n’est pas dans
cette ligne, c’est un roi « juste et victorieux, pauvre et monté sur un
ânon… Il fera disparaître les chars de guerre ; il brisera l’arc de la
guerre et proclamera la paix aux nations ».
La Royauté divine se manifeste sous les signes de l’humilité, de la
douceur et de la bienveillance. Pour refaire nos forces et trouver le
repos, le Christ nous invite à le suivre avec humilité et douceur pour
porter avec lui le fardeau de nos jours… Jésus nous appelle : « venez à
moi ». La réponse dépend de nous. Il nous fait signe, mais il nous
laisse libre. « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble ».
Pour suivre le Christ, deux qualités à travailler : la douceur et
l’humilité. Pas si facile en ces temps où la rudesse des propos et des
actes est devenue habituelle. Pourtant, « quand le cœur devient dur,
nous dit le pape François, on oublie la grâce du salut, on oublie la
gratuité. Avoir un cœur endurci conduit aux querelles, à l’égoïsme, à
la destruction du frère, car il n’y a pas de compassion. » L’humilité
et la douceur sont bien ces deux qualités qui nous permettent d’avoir
un cœur ouvert et plein de compassion, deux qualités requises pour être
heureux : « Heureux les pauvres en esprit, le royaume des cieux est à
eux. Heureux les doux, ils recevront la terre en héritage. » Les
démunis, les petits, les humbles et les doux sont disponibles pour le
Royaume des cieux, tel est le thème des béatitudes, et même les
affligés seront consolés.
Trouver la consolation, le bonheur et le repos près de Dieu, voilà une
bonne aspiration pour le chrétien. Comment ? En répondant à
l’invitation de Jésus : « Venez à moi » ; venez avec vos joies, vos
souffrances, et vos difficultés quotidiennes. Pendant ce temps de
vacances, prendre du temps avec Jésus. Choisir un moment de la journée
pour nous exposer à son regard aimant. Nous laisser aimer tels que nous
sommes, en écoutant sa parole, en lui confiant notre vie, en lui
parlant « comme un ami parle à son ami. » (St Ignace). En sa présence,
nous pourrons remettre les évènements de notre vie à leur juste place
et retrouver plus facilement la paix et la consolation que lui seul
peut nous donner. Nous pourrons élargir notre regard, nous décentrer de
nous-même pour nous ouvrir à Dieu et aux autres :
Cet été, un certain nombre d’entre vous iront vers des horizons
nouveaux : la mer, la campagne ou la montagne. Une occasion de prendre
le temps de s’émerveiller, de dire merci à Dieu pour cette nature, de
le louer, de lui dire notre reconnaissance pour tout ce qui nous est
donné à contempler et à vivre. Et ainsi retrouver humblement et
joyeusement notre place dans la nature… comme le faisait Saint François
d’Assise.
Que nous partions en vacances, ou que nous restions ici à
Orvault, nous pouvons prendre le temps de regarder le monde qui nous
entoure, à la manière de Jésus, c’est à dire avec les qualités du cœur
de Jésus « doux et humble de cœur » : dans la Bible, la douceur c’est
la capacité d’écouter, de s’émerveiller et d’accueillir. L’humilité,
c’est le chemin si déroutant de Jésus, « roi humble et monté sur un
ânon ». Douceur et humilité nous mettent dans cette attitude d’écoute,
de réceptivité, qui nous permet d’être attentifs à l’autre, de
l’entendre, de le voir, de le comprendre…
Lorsque nous partageons, les uns avec les autres, nos fardeaux ;
lorsque nous sommes attelés à la même tâche, sous le même joug, - cette
grosse pièce de bois à laquelle on attelait autrefois, les bœufs pour
le labour ou pour tirer les charrettes – ; eh bien, à plusieurs, le
fardeau devient plus léger et la vie est moins lourde à porter. Jésus
nous propose encore plus : « Venez avec moi vous tous qui peinez sous
le poids du fardeau, je vous procurerai le repos… Oui, mon joug est
facile à porter et mon fardeau léger ». Porter le joug avec Jésus,
c’est s’atteler au sauveur du monde, qui prend sur lui notre misère et
notre péché….
Pour alléger le poids des jours et trouver la paix, nous n’avons
rien de mieux à faire qu’à mettre nos pas dans les pas de Jésus sur les
chemins de l’été...
Yves MICHONNEAU, diacre permanant
Paroisse St Léger Ste Bernadette d’Orvault
le 5 juillet 2020
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