14° dimanche ordinaire
Baptême de Seung-A (adulte) et de 4 enfants d’âge scolaire.
Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9. 11-13 ; Mt 11, 25-30
« Venez à moi » nous dit Jésus. N’est-ce pas cet appel que vous avez
entendu, sous une forme ou sous une autre, vous, Seung-A, Lilie, Alice,
Mia et Matis ? « Venez à moi », un appel qui attire. Appel de Jésus,
entendu à travers une personne, un événement, des circonstances
particulières… Chacun selon le moyen que Dieu a choisi pour vous
décider à vous mettre en chemin. Suite à cet appel, vous avez suivi un
itinéraire adapté, accompagnés par d’autres chrétiens de la paroisse.
« Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur ». En
suivant cet itinéraire, sur un long temps de préparation, vous vous
êtes mis à son école, à l’école de Jésus. Vous êtes donc devenus ses
disciples, ses élèves. Et c’est alors que Dieu a parlé à votre cœur,
d’une manière toute spéciale, selon ce que chacun de vous pouvait être
en mesure de recevoir. Il s’est progressivement révélé à vous, et vous
voilà, aujourd’hui, prêts à recevoir le baptême !
Quelle merveille ! Oui, nous pouvons nous émerveiller de ce que Dieu
opère dans les cœurs. Avec Jésus lui-même, émerveillons-nous, rendons
grâce à Dieu et chantons ses louanges : « Père, Seigneur du ciel et de
la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux
savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
Dans notre monde de plus en plus matériel, ou tous les compartiments de
notre vie tendent à être rationnalisés, où la connaissance scientifique
est devenue la seule référence fiable ; dans ce monde qui se veut sage
et savant, qui voudrait condamner Dieu à disparaître dans les
oubliettes d’un passé révolu, vous, Seung-A, Lilie, Alice, Mia, et
Matis, vous nous prouvez par votre démarche que Dieu est toujours
présent, qu’il reste une réalité bien vivante et agissante, puisqu’il a
fait irruption dans votre vie. Il a frappé à la porte de votre cœur, et
vous l’avez fait entrer, vous l’avez accueilli.
Vous ne l’avez pas seulement accueilli. Vous avez décidé de le suivre !
Vous avez décidé de marcher avec lui, et lui marche avec vous. Celui
qui se révèle aux tout-petits, est désormais votre compagnon de route,
à la fois un ami, un maître, un modèle, un appui.
Justement, pour nous signifier qu’il marche avec nous, Jésus emploie
une image qui est riche de sens, celle du joug : « Prenez sur vous mon
joug, devenez mes disciples […] . Oui, mon joug est facile à porter et
mon fardeau léger ». Les enfants, un joug, vous n’en avez sans doute
jamais vu autrement que sur des illustrations représentant des travaux
des champs dans les siècles passés. Un joug, c’est une pièce d’attelage
en bois, massive, lourde et rigide, fixée aux cous d’une paire de bœufs
pour qu’ils puissent, ensemble, d’un même pas, tirer une lourde charge,
comme une charrue par exemple. Cette image peut nous aider à
mieux comprendre comment Dieu, ce roi de douceur dont nous parle si
bien Jésus, est tellement plein de compassion pour la souffrance des
hommes qu’il s’est attelé lui-même au même joug, peinant aux côtés de
celui qui souffre, tirant avec lui, d’un même pas, dans les mêmes
douleurs, le poids de la vie. Mais le joug, curieusement, c’est aussi
l’origine du mot « conjugal », qui se rapporte au couple marié. Le
couple conjugal, c’est-à-dire littéralement « attelé au même joug »,
marchant d’un même pas, liés par l’amour pour le meilleur et pour le
pire. Ainsi, ce Dieu qui nous semble tellement inaccessible, ce Dieu
qui pourrait nous sembler si lointain, est en réalité tout proche. Il
est à côté de nous, notre compagnon de route. Il soulage notre peine en
prenant sur lui notre joug, il s’ajuste à notre pas, pour peu que nous
acceptions nous aussi de régler notre pas au sien. Nous sommes sous son
joug, certes, mais ce joug, il le porte avec nous et le rend ainsi
léger et facile à porter. Il partage notre condition d’homme en se
faisant homme parmi les hommes.
Dans quelques instants, Seung-A, Lilie, Alice, Mia, et Matis, vous
allez être baptisés. Juste après votre baptême, le prêtre marquera
votre front avec un peu d’huile sainte, en prononçant cette formule : «
Tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de
prêtre, de prophète et de roi ». Nous tous qui sommes déjà baptisés,
cette formule doit aussi nous interpeller. Depuis notre baptême, nous
sommes membres du corps du Christ, prêtre, prophète et roi. Cette
formule nécessite sans doute quelques explications.
Tout baptisé est prêtre en ce sens qu’il a pour mission, comme un
prêtre, de se faire le médiateur de l’action divine auprès de ses
frères humains. Présenter à Dieu leurs demandes, lui offrir leurs vies,
leurs joies et leurs peines.
Tout baptisé est prophète, c’est-à-dire qu’il est missionné par lui
pour parler en son nom. C’est le rôle du prophète de parler au monde au
nom de Dieu, d’annoncer sa Bonne Nouvelle, son Évangile.
Tout baptisé est roi, là c’est plus difficile à admettre, dans notre
pays où le roi n’évoque pas toujours une image positive. Mais le roi
dont il s’agit, nous en avons entendu la description dans les textes de
ce jour : « voici ton roi qui vient à toi, pauvre et monté sur un âne,
un ânon, le petit d’une ânesse » ; « il brisera l’arc de guerre et
proclamera la paix aux nations » nous dit la première lecture. Un roi
de douceur, d’humilité et de paix. Un roi qui prend sur nous le joug de
nos difficultés, de nos souffrances, qui est à nos côtés dans nos
moments douloureux. Un roi qui n’écrase pas son peuple sous son
pouvoir, mais au contraire un roi qui se fait serviteur de son peuple.
C’est ainsi qu’il faut comprendre que tout baptisé est « prêtre,
prophète et roi ». Priant pour ses frères humains (prêtre), leur
annonçant la Parole de Dieu (prophète), et responsable des personnes
qui lui sont confiées (roi). Voilà donc la mission pour laquelle nous
sommes baptisés.
Alors, frères et sœurs, prions pour Seung-A, Lilie, Alice, Mia et Matis
que le Père appelle pour qu’ils deviennent ses enfants. Aidons-les à
être dignes de cette mission qu’ils porteront désormais avec nous,
aidés par la force de l’Esprit Saint que le Christ nous envoie.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson et St Hilaire de Clisson
le 5 juillet 2020
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